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RECRUTEMENT.

Pour susciter des vocations

Et si échanger librement avec des conducteurs de car et des chefs d’entreprise du secteur permettait de mieux faire connaître ce métier? C’est le pari relevé durant un mois par Pôle Emploi Auvergne-Rhône-Alpes et six transporteurs de voyageurs de la région. Face à des difficultés croissantes de recrutement, ils ont convié durant une demi-journée des demandeurs d’emploi pour leur présenter leurs entreprises et le métier de conducteurs de car. Reportage chez Philibert Transport en banlieue lyonnaise.

C’est à bord d’un bus grand tourisme que sept demandeurs d’emploi de la région lyonnaise ont pu échanger durant plus de deux heures avec les dirigeants de Philibert Transport et une conductrice. Une initiative nouvelle, mise en place par Pôle Emploi Auvergne – Rhône-Alpes pour présenter le métier de conducteur de car. « Nous avons fait une importante campagne d’affichage en agence, des posts sur Facebook et envoyé plus de 2 000 mails pour inviter les demandeurs d’emploi à participer à cette action », indique la conseillère Pôle Emploi. Aucun prérequis n’est exigé, pas même le permis de transport en commun. « Pôle Emploi peut prendre en charge la formation, les candidats intéressés déposent un dossier et une commission décide du financement », précise la conseillère Pôle Emploi, les yeux rivés sur la liste des potentiels participants. « 15 personnes nous ont répondu, 7 seulement sont là », déplore-t-elle. Sans attendre plus longtemps d’hypothétiques retardataires, elle lance la demi-journée d’information. Parmi ceux qui se sont déplacés, les attentes sont très diverses. « Je travaille actuellement dans le transport de grandes distances, je me dis que le transport de personnes peut être une variante intéressante », indique Mohammed. « J’aime bien rouler et j’aime le contact. Jusque-là j’étais aide-soignante, mais les conditions sont de plus en plus dures, donc ça m’intéresse d’en savoir plus sur ce métier », explique Sandrine. Un autre, déçu par son travail de chauffeur de VTC, envisage de se reconvertir dans la conduite de bus. Pour les autres, les motivations restent plus floues, mais ces quelques heures en immersion dans une entreprise de transport serviront peut-être de déclic.

L’amplitude horaire questionne

En attendant, Philippe Bresse, responsable du service formation transport chez Philibert Transport et Michel Nunes, directeur d’exploitation du groupe Philibert Transport invitent les demandeurs d’emploi à prendre place dans un bus pour découvrir Philibert Transport. Ils sont rapidement rejoints par une conductrice, présente depuis plusieurs années dans l’entreprise familiale. Fondée en 1925, Philibert Transport assure plus de 40 lignes régulières publiques desservant plus de 250 villes en Rhône-Alpes, mais aussi des destinations touristiques à l’étranger et en France et son parc de véhicules est passé de deux cars en 1925 à près de 500 aujourd’hui. La présentation institutionnelle passée, c’est le métier qui est au cœur des discussions. Et surtout les conditions dans lesquelles Philibert Transport propose de l’exercer. « Les amplitudes horaires sont importantes, puisqu’un conducteur prend en général son service aux alentours de 6 heures à 6 h 30 le matin et termine vers 18 heures. Nous assurons aussi des services en soirée », prévient Michel Nunes. Pas de quoi décourager les demandeurs d’emploi. Mais en revanche, les questions concernant la gestion des heures d’attente entre deux services sont nombreuses. « Doit-on impérativement rester dans l’entreprise durant les coupures », demande l’un. « Peut-on travailler ailleurs pendant les coupures », ajoute un autre. « Si l’on est à l’extérieur en attente d’un groupe d’enfants par exemple, les heures sont-elles rémunérées », interroge un troisième. Les représentants de l’entreprise rassurent et font valoir une opportunité. « Durant les coupures qui ne sont pas liées à l’attente d’un groupe, les conducteurs sont libres. Il arrive très régulièrement que nous les sollicitions pour effectuer des heures supplémentaires », expliquent-ils.

Le savoir être mis en avant

L’autre point qui suscite des interrogations touche aux trajets. Peut-on choisir la ligne sur laquelle on officiera? Peut-on changer de ligne régulièrement ou est-on affecté définitivement à la même? Que faire en cas d’accident ou d’imprévu? Comment connaître le trajet? Là encore, Philippe Bresse et Michel Nunes peuvent apporter les précisions demandées, tandis que Martine, la conductrice qui officie sur une ligne scolaire rassure. « On trouve toujours une solution et de toute façon, on n’est jamais seul, l’entreprise nous équipe d’un smartphone et on peut joindre quelqu’un à tout moment en cas de problème », fait-elle valoir. Pour autant, les demandeurs d’emploi multiplient les questions autour des sujets liés aux éventuels imprévus durant les trajets. Vient ensuite le temps d’énumérer les qualités requises pour être un bon conducteur. Philippe Bresse met en avant la prudence et le respect des règles, mais il insiste également sur le savoir être, notamment l’accueil des personnes qui montent à bord. « Il faut également savoir garder son sang-froid et ne pas paniquer en cas de souci, car vous êtes responsable des passagers », indique le responsable du service formation transport. Reste à passer en revue, les questions liées au salaire et à l’organisation interne de l’entreprise, spécialement les différentes primes accordées par l’entreprise lyonnaise, avant de dresser le bilan. Deux participants marquent un intérêt immédiat pour le métier, les autres sont plus circonspects. Alors, Philippe Nunes ajoute encore quelques arguments. « Nous avons des agences dans plusieurs villes de la région, donc il est possible d’évoluer géographiquement. Par ailleurs, l’entreprise offre aussi de nombreuses possibilités d’évolution interne. Après avoir assuré des lignes locales, certains conducteurs choisissent par exemple de travailler sur les circuits touristiques », précise-t-il.

Les participants ont plusieurs jours pour réfléchir et se décider. « Si vous souhaitez aller vers ce métier, nous vous proposerons une immersion d’une semaine avec un conducteur pour vous permettre d’avoir une vision très précise de votre futur travail. Ensuite, pour ceux qui veulent aller plus loin, Pôle Emploi pourra financer votre formation », conclut la conseillère de Pôle Emploi. Du côté de Philibert Transport, une vingtaine de postes de conducteurs sont à pourvoir rapidement et trois personnes ont donné satisfaction à l’issue de leur immersion. Elles devraient rapidement débuter leur formation.

« En route vers un métier »

Face aux difficultés rencontrées par les entreprises pour recruter, Pôle Emploi mise sur les échanges avec les professionnels. « Quelle meilleure façon d’appréhender un métier que d’en parler avec un professionnel, dans son milieu de travail? », interroge Marina Verbaere, chef de projet régional du domaine mobilité et système de transport intelligent au sein de Pôle Emploi Auvergne-Rhône-Alpes. Ainsi est née l’opération « En route vers un métier » visant à mettre en relation les recruteurs, les salariés en poste et les demandeurs d’emploi. Entre le 14 octobre et le 14 novembre, Pôle Emploi Auvergne-Rhône-Alpes a organisé sept demi-journées de découverte du métier de conducteur de car dans les dépôts de six entreprises différentes. 80 demandeurs d’emploi ont été présents sur les différentes informations collectives et 20 immersions professionnelles ont été mises en œuvre pour les candidats intéressés.

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Auteur

  • Françoise Sigot
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