Newsletter S'inscrire à notre newsletter

Magazine

Transfrontalier.

France-Luxembourg: les effets pervers de la grève

Depuis le début 2020, les trains non équipés du système européen de sécurité ERTMS ne peuvent plus circuler au Luxembourg. Or, les 25 TER français, qui n’étaient pas prêts, ont encore pris du retard avec la grève des transports. Pour acheminer les frontaliers, des rames luxembourgeoises viennent en renfort, ainsi que des cars.

Environ 100 000 travailleurs frontaliers français se rendent chaque jour au Luxembourg, dont 12 000 en train. Mais, depuis le 1er janvier, plus aucune rame n’est habilitée à rouler sur les rails du Grand-Duché si elle n’est pas équipée du système européen de gestion du trafic ferroviaire ERTMS (European rail traffic management system). Cette mesure devait intervenir l’an prochain, mais suite à une collision entre deux trains, l’autorité de sécurité ferroviaire luxembourgeoise a raccourci l’échéance. Dès l’annonce, en juin dernier, la France avait répondu qu’elle ne serait pas prête.

La mise aux normes des 25 rames régionales TER représente un investissement de 28,26 millions d’euros, dont 23,135 millions financés par la Région Grand-Est, et 5,125 millions par la Commission européenne.

Dans un premier temps, il était prévu que douze rames fonctionnent en début d’année, mais la grève consécutive à la réforme des retraites est passée par là… Au 20 janvier, huit TER seulement étaient opérationnels. Sur dix équipés, mais dont certains nécessitent encore des ajustements en atelier. « La mise à la norme ERTMS représente en effet un programme complexe et lourd à travers la transformation complète des composants électroniques, avec des kilomètres de câbles électriques à installer sur chaque rame », explique la SNCF Grand-Est. La livraison comprend plusieurs étapes: l’équipement au technicentre de Saint-Pierre-des-Corps, en Centre-Val de Loire, puis un passage sur le site de maintenance de Metz-Sablon pour les derniers tests.

Changement à la frontière

Pour remédier à cette situation, les Chemins de fer luxembourgeois (CFL) ont affrété des rames supplémentaires. « Du lundi au vendredi, onze trains CFL circulent sur le tronçon Luxembourg–Thionville–Metz, dont quatre jusqu’à Nancy », indique la Société nationale des chemins de fer luxembourgeois.

Les rames homologuées étant en majorité affectées au tronçon luxembourgeois, cela implique pour les usagers un changement avant la frontière, à Thionville ou à Hettange-Grande. Là, du personnel les oriente vers un autre train ou un car de substitution.

« Face à une situation difficile, pour en diminuer l’impact, l’idée est de proposer une palette de choix », explique la direction des transports de la Région Grand-Est. Avec la mise en place d’un plan transport évolutif comprenant des cars de substitution au départ de Thionville (lire ci-contre), du covoiturage et la possibilité pour les abonnés du TER d’emprunter les TGV entre Metz et Luxembourg, les billets pouvant être remboursés auprès de la SNCF. De plus, un TGV Duplex est affrété au départ de Metz à 6 h 03 (pour être au Luxembourg à 6 h 52) en remplacement du TER. Accessible avec un titre TER, il dessert Hagondange, Uckange, Thionville, Bettembourg et Howald.

Côté covoiturage, les connexions ne sont pas légion sur la plateforme de covoiturage Oxycar, développée par une start-up strasbourgeoise. Deux raisons à cela: l’autoroute est engorgée aux heures de pointe, et d’autres sites de covoiturage sont déjà présents sur le tronçon. Là aussi, une compensation financière existe, en entrant son numéro d’abonné SNCF sur Oxycar.

« Conscientes des désagréments suscités dans les trajets quotidiens », la SNCF et la Région ont également prévu une mesure commerciale spécifique, « qui sera mise en place dès février ». Mais elle n’avait pas encore été spécifiée fin janvier.

Début mars, la direction des transports de la Région Grand-Est espère revenir au plan transport initialement prévu, avec douze rames équipées de l’ERTMS. Et la SNCF maintient son objectif de mettre les 25 rames en circulation fin juin-début juillet. Les usagers n’auront alors plus besoin de changer de train. En attendant, le 1er mars, la gratuité des transports publics entrera en vigueur au Luxembourg.

Des cars de substitution

L’une des mesures du plan transport provisoire prévoit des cars de substitution pour acheminer des frontaliers jusqu’au Luxembourg. Ainsi, de 7 à 8 heures, des cars partent de la gare de Thionville pour desservir la gare centrale de Luxembourg, mais aussi les zones économiques de Howald et la Cloche d’Or (arrêt Gasperich) situées en banlieue sud de Luxembourg. D’autres partent également de Hettange-Grande. Le soir, ils quittent la gare de Luxembourg toutes les 10 minutes, entre 17 h 50 et 19 h 40. La moitié des services de substitution au départ de Thionville sont financés par le Luxembourg. Il faut compter une heure entre Luxembourg et Thionville, ou 45 minutes jusqu’à Hettange-Grande. Voire plus en fonction des bouchons…

40 véhicules mobilisés

Au retour des vacances de Noël, durant deux semaines, 40 services routiers ont été mis en place, offrant environ 2 000 places. Fin janvier, au fur et à mesure que de nouvelles rames étaient équipées du système ERTMS et remises en circulation, mais aussi au vu de l’essoufflement de la grève, le nombre de cars est tombé à 14. Au début, une dizaine de transporteurs français et luxembourgeois ont été sollicités. Fin janvier, il restait quatre transporteurs, dont Dupasquier et Metz Evasion côté français.

Plus de 130 conducteurs et agents à former

La solution technologique choisie pour l’équipement des rames circulant entre France et Luxembourg est le système bistandard KVB/ERTMS baseline 3. Son installation sur les rames 2N NG effectuant les liaisons entre la France et le Luxembourg nécessite de former plus de 130 conducteurs et agents.

L’ERTMS est constitué de deux composantes. Tout d’abord un équipement en cabine, appelé ETCS (pour European train control system) qui contrôle en permanence le déplacement du train. Il surveille sa vitesse, le comportement du conducteur, les capacités techniques intrinsèques du train et déclenche le freinage d’urgence en cas de dysfonctionnement.

Second point, pour permettre l’échange d’informations avec l’extérieur, par balise ou radio, le système comprend un équipement GSM-R (Global system for mobile communications – railways).

Retour au sommaire

Auteur

  • Charline Poullain
Div qui contient le message d'alerte

Envoyer l'article par mail

Mauvais format Mauvais format

captcha
Recopiez ci-dessous le texte apparaissant dans l'image
Mauvais format

Div qui contient le message d'alerte

Contacter la rédaction

Mauvais format Texte obligatoire

Nombre de caractères restant à saisir :

captcha
Recopiez ci-dessous le texte apparaissant dans l'image
Mauvais format