La quasi-totalité des grands projets structurants sont à l’arrêt depuis mi-mars en Île-de-France, mais le redémarrage de certains travaux prioritaire se profile. Les retards pris devraient toutefois peser sur des calendriers de mise en service déjà très contraints.
Arrêt brutal, longue période d’inactivité, puis lent redémarrage. C’est le scénario le plus probable pour les grands chantiers d’infrastructures de transport en Île-de-France. « On discute des conditions de reprise, et quelques grands chantiers seront prioritaires », indique un acteur des travaux publics. Reste à savoir lesquels. Valérie Pécresse, présidente d’Île-de-France Mobilités, a quant à elle adressé sa liste au Gouvernement: Eole, prolongement de la ligne 14, lignes de tram (T9, T12, T4) et travaux sur les faisceaux nord des RER B et D. Le 2 avril, les syndicats du secteur, la Fédération nationale des travaux publics (FNTP) et l’État ont publié un protocole pour garantir aux travailleurs une protection contre le virus. Mais la suite ne va pas de soi pour relancer la lourde machine du percement des tunnels des lignes 15 et 16 du Grand Paris Express, et celui du prolongement d’Eole vers l’ouest.
« Remettre en mouvement un tunnelier n’est pas le plus compliqué, explique-t-on à la Société du Grand Paris (SGP). Ce qui prend du temps, c’est de redémarrer chaque maillon de la chaîne pour assurer la livraison des voussoirs, évacuer les déblais, etc. » En dépit du manque de visibilité, la SGP reste officiellement confiante au sujet de la mise en service pour les Jeux olympiques de 2024 du tronc commun aux lignes 16 et 17 (entre Saint-Denis-Pleyel et Le Bourget RER): « Si le blocage ne dure que quelques semaines, on peut tenir l’objectif. Le planning permet une petite marge de manœuvre. » Le discours est tout autre chez Île-de-France Mobilités: « Les délais étaient déjà hypertendus, c’est quasiment impossible », estime l’entourage de Valérie Pécresse. Si le dérapage s’avère irrattrapable, le comité d’organisation des JO mettra en place un plan B: des services de bus et d’autocars spéciaux pour desservir et relier plusieurs sites sportifs et infrastructures majeures, implantés en Seine Saint-Denis.
Les chantiers de la RATP sont également stoppés, à commencer par le prolongement de la ligne 14 jusqu’à l’aéroport d’Orly, lié au GPE. Idem pour celui des lignes 4, 11, 12, pour l’automatisation de la 4 et pour l’adaptation des dépôts aux bus électriques.
Quant à l’extension d’Eole à l’ouest, du ressort de SNCF Réseau, c’est l’autre grand projet francilien mis en veilleuse. « Nous n’avons pas de visibilité sur le redémarrage », constate le maître d’œuvre. La mise en service d’un premier tronçon jusqu’à Nanterre est inscrite pour 2022. Pour le gestionnaire du réseau, le rattrapage de calendrier le plus complexe concernera les chantiers sur le faisceau de voies au nord de Paris. Leur coordination initiale avec l’exploitation ferroviaire a été un casse-tête. En dépend la réalisation de CDG Express, qui risque d’être à nouveau décalée… Le réaménagement colossal de la gare du Nord sera lui aussi bousculé, sinon remis en cause par l’impact financier de la crise du Covid-19.
Si ses grands chantiers sont à l’arrêt, le tableau n’est pas totalement noir à la RATP. L’Epic entend relever le challenge de l’ouverture du prolongement nord de la ligne 14. Elle était initialement programmée pour cet été, et la RATP pourrait viser septembre, mais cet objectif paraît toutefois fragile. La RATP tente en tout cas de poursuivre coûte que coûte l’aménagement des quatre nouvelles stations ainsi que les tests sur la ligne des nouvelles rames automatiques MP14 fournies par Alstom. Autre projet maintenu en activité: les tests préalables à l’automatisation de la ligne 4 se poursuivent, au ralenti. L’installation des portes palières a été suspendue.
