La Fédération des entreprises de tourisme par car (BDO) tire la sonnette d’alarme. Ses membres seraient particulièrement affectés par la crise du coronavirus. Les aides proposées par l’État pour soutenir les entreprises en difficulté ne sont pas adaptées au secteur.
Confinement, télétravail, fermeture des écoles, interdiction de voyager… En quelques jours, la crise du coronavirus a frappé de plein fouet le secteur des transports de passagers. L’opérateur ferroviaire Deutsche Bahn, les autocaristes, FlixBus, ainsi que les sociétés de transports en commun régionales ou municipales: tous sont fortement impactés. « Le trafic a chuté de 60 %, résume Petra Nelken, la porte-parole de la société des transports en commun de Berlin, BVG. Nous avons réagi avec un aménagement du plan de circulation. Les métros, les bus et les tramways circulent toutes les dix minutes pendant la journée. Aux heures de pointe, la fréquence est de cinq à sept minutes. » Mais sur ce point, les disparités sont importantes d’une ville à l’autre, du fait du nombre plus ou moins élevé de conducteurs malades. À Essen, les trains régionaux ne circulent plus que toutes les 30 minutes, même aux heures de pointe; à Brême, les transports en commun sont bondés aux heures de pointe; à Stuttgart, le nombre de véhicules en circulation a été fortement réduit… Partout, les salariés devant se rendre à leur travail assurent ne pouvoir respecter la distance de sécurité de 2 mètres souhaitée entre les voyageurs, du fait du trop faible nombre de véhicules.
La préoccupation sanitaire est devenue primordiale pour les sociétés de transport en commun. « Nous avons augmenté les mesures d’hygiène, avec davantage de nettoyage dans les véhicules, explique Petra Nelken. Les portes s’ouvrent seules dès que c’est possible, et, dans les bus, les voyageurs doivent monter par les portes arrière. Mais les gens qui le peuvent préfèrent prendre leur vélo plutôt que les transports en commun. »
Même constat du côté de la Deutsche Bahn, qui gère également les réseaux de RER des grandes villes du pays. Le plan de circulation des trains a été adapté à la chute de la demande. La DB, qui vient de présenter pour 2019 des résultats très positifs avec 44,4 Mds d’euros de chiffre d’affaires et 150 millions de passagers (+ 1,9 %), s’attend à un effondrement « pour l’instant non quantifiable » de ses performances en 2020. L’entreprise a réduit de 25 % le nombre de trains en circulation.
La situation est particulièrement grave pour les entreprises de cars touristiques. Le leader du secteur, FlixBus, a suspendu son activité à compter du 17 mars. C’est tout un secteur dont la flotte est remisée au garage « avec des frais courants élevés, du fait de crédits sur les véhicules par exemple, souligne Christian Wahl, le porte-parole de la fédération de la branche BDO. Les aides d’État annoncées par le Gouvernement sont inadaptées à notre secteur. Le Gouvernement a adopté des mesures efficaces pour les grandes entreprises ou pour les microsociétés. Mais rien n’est fait pour les entreprises de 11 à 49 salariés, particulièrement nombreuses dans notre secteur. Il y a bien des aides régionales. Mais elles sont d’une grande disparité. » La Bavière et la Rhénanie ont par exemple adopté des mesures de soutien, comme le maintien des contrats signés pour le transport scolaire.
Les aides de l’État fédéral aux entreprises frappées par la crise sont essentiellement constituées de crédits à taux avantageux. Elles ne seront toutefois pas accordées aux entreprises ayant eu des problèmes de liquidité avant le 31 décembre 2019. La fédération BDO demande donc à l’État des aides spécifiques au secteur, de manière à réduire le montant des taxes sur les véhicules cloués au dépôt, ainsi que les frais d’assurance. Elle réclame aussi l’attribution d’aides immédiates (plutôt que de crédits) aux PME. « Nous ne sommes pas le seul secteur affecté par ce problème, rappelle Christian Wahl. Mais nous sommes le premier à en subir les conséquences, du fait de nos frais élevés. »
