Dkbus, opéré par Transdev, parie sur le rétablissement d’une offre proche de celle d’origine pour étaler la fréquentation. Et se prépare à plonger dans l’inconnu à partir du 11 mai.
Comment le plus grand réseau gratuit de France, dont les bus ont enregistré une hausse de fréquentation de 90 % en un an, se prépare-t-il au déconfinement? L’option choisie par la Communauté urbaine de Dunkerque et Transdev, l’exploitant de Dkbus, répond parfaitement au souhait exprimé par le Premier ministre, de retour rapide à une « offre nominale ». « Nous travaillons sur un scénario de redémarrage le 11 mai, avec un plan de transport qui s’approche le plus possible de l’offre initiale », annonce Laurent Mahieu, le directeur du réseau. Depuis le confinement, l’offre quotidienne est réduite d’un tiers et correspond à celle d’un dimanche. En sortie de confinement, il s’agit de rétablir la fréquence des bus aux 10 minutes sur les cinq lignes de BHNS.
Pourquoi ce redémarrage pied au plancher? L’objectif est double, avec des équilibres délicats à établir. D’abord, « éviter une trop grande densité de personnes », détaille l’opérateur, sachant que tabler sur le fait que chaque voyageur sera capable de respecter une distance d’1 mètre avec l’autre relève du vœu pieux. L’exploitant table sur une fréquentation bien moindre que la fourchette de 60 000 à 67 000 voyageurs par jour habituels. Autre objectif: il s’agit de « maintenir le lien avec le voyageur. La concurrence de l’autosolisme va être sévère, redoute Laurent Mahieu. La voiture individuelle peut apparaître comme le moyen le plus sûr d’un point de vue sanitaire, c’est pourquoi il nous faut rassurer avec différentes mesures (gel hydroalcoolique à disposition, etc.) ». La communauté urbaine, de son côté, a fait fabriquer des masques pour en mettre à disposition de ses 200 000 habitants.
Maigre soulagement dans ce casse-tête du redémarrage, « en tant que réseau gratuit, nous n’avons pas à résoudre la problématique de billetterie et de la validation », continue le directeur du réseau. Aussi, le maintien d’une condamnation de la montée par l’avant pour protéger le conducteur paraît privilégié. Tout le personnel sera équipé de masques, ce qui n’était pas le cas durant le confinement. « Nous n’avons eu que trois cas de suspicions de coronavirus dans une équipe de 400 personnes », relève le patron du réseau DKbus.
Côté voyageurs, comment faire respecter l’obligation du port du masque? « Si vous avez la réponse, je suis preneur », avoue Laurent Mahieu, exprimant ainsi le désarroi partagé par tous ses homologues. « Dans l’arsenal juridique, rien ne permet de verbaliser le non-port du masque et invoquer le trouble dans un mode de transport paraît léger. » Un décret pourrait combler le vide. Autre inconnue majeure: qui va contrôler le port du masque avant la montée? L’opérateur? L’autorité organisatrice? Pour l’instant, la question est sans réponse, à moins de tabler tout simplement sur la responsabilité individuelle encouragée par des messages sonores, des affichettes, etc.
La date charnière du 11 mai marque la plongée dans l’inconnu. Le modèle économique du contrat n’a plus aucun sens. Dans l’immédiat, Transdev et son autorité organisatrice négocient le paiement des deux mois de fonctionnement sous confinement, pour aboutir vraisemblablement au versement d’un tiers du montant contractuel au prorata du service assuré. Pour la suite, un avenant devra intégrer la nouvelle donne. « Le rétablissement du trafic d’avant le Covid-19, qui comprend une part liée au tourisme, prendra sans doute beaucoup de temps », pronostique Laurent Mahieu. VT en berne (et c’est le principal carburant de la gratuité totale), finances publiques exsangues… tout cela risque de décaler l’introduction dispendieuse de bus à hydrogène, prévue au contrat.
