Des trains quasi vides, mais contraints par le Gouvernement de circuler malgré le confinement afin de « maintenir la mobilité » dans le pays… 90 % de réduction du nombre des voyageurs sur les grandes lignes et 40 % de moins pour les marchandises en avril… La crise du coronavirus va coûter cher à la Deutsche Bahn, et à son actionnaire, l’État fédéral. Selon un document de travail de six pages, interne au ministère des Transports, le montant du préjudice pourrait se situer entre 11 et 13,5 milliards d’euros, que l’État allemand serait prêt à prendre en charge à hauteur de 80 %. Une augmentation de capital de 6,9 à 8,4 milliards d’euros est évoquée, avec une première tranche de 4,5 milliards d’euros versée dès maintenant. Ce plan de soutien devra toutefois encore être approuvé par la Commission européenne.
La DB, déjà en difficultés à la veille de la crise sanitaire, devrait par ailleurs être autorisée à augmenter son volume d’endettement, actuellement limité à 25 milliards d’euros.
Le document élaboré par le ministère des Transports exige en échange 5,1 milliards d’euros d’économies de la part de l’entreprise, dont 2,25 milliards sur les frais en personnel. La direction devra renoncer à toute forme de boni et primes, soit 150 à 180 millions d’économies. Les salariés devront pour leur part liquider leurs comptes épargne temps et leurs reliquats de congés payés, tandis que des économies devront être réalisées au niveau du marketing.
La crise du coronavirus survient au pire moment pour la DB. L’État fédéral avait notamment décidé l’adoption d’un plan de développement du rail de 11 milliards d’euros d’ici 2030, qui n’a toujours pas reçu l’approbation de Bruxelles. Le plan prévoyait l’embauche de 100 000 salariés supplémentaires dans les prochaines années. 25 000 embauches devaient d’ailleurs intervenir d’ici la fin de l’année Le syndicat des cheminots EVG redoute désormais l’annonce prochaine de 10 000 suppressions d’emplois. La DB compte 211 000 salariés en Allemagne et 340 000 à travers le monde.
Le ministre allemand des Transports, Andreas Scheuer (conservateur bavarois de la CSU) a transmis à son collègue des Finances Olaf Scholz (social démocrate) les grandes lignes d’un plan d’urgence destiné aux entreprises de transports par car ainsi qu’au secteur des transports en commun. Il s’agit d’éviter une cascade de faillites dans le secteur du car de tourisme, dominé par les PME familiales particulièrement menacées. Le plan prévoit 170 millions d’euros d’aides.
La fédération des entreprises organisant des voyages en cars, BDO, s’est déclarée « soulagée ». Le parti Libéral, dans l’opposition au Bundestag, milite de son côté pour l’adoption d’une loi qui permettrait au secteur d’accorder des bons d’achat aux voyageurs victimes d’annulation de leur voyage, ce qui reviendrait à contourner la réglementation européenne qui prévoit la possibilité d’obtenir le remboursement intégral des sommes engagées.
