Les voyages en car ont en partie repris en Allemagne. Mais la réglementation varie considérablement d’un Land à l’autre. Les entreprises du secteur réclament une unification des règles sanitaires et surtout des aides ciblées de l’État.
Les voyages en car sont de nouveau autorisés en Allemagne. Du moins dans la majorité du pays. Car la réglementation varie considérablement d’un Land à l’autre. En Hesse (région de Francfort), ils sont autorisés depuis le 9 mai aux voyageurs portant un masque et respectant une distance d’un mètre cinquante avec leurs voisins. Dans le Schleswig-Holstein (région qui entoure Hambourg), les cars ont repris du service début mai également, mais avec un taux d’occupation limité à 50 %. Dans le Bade-Wurtemberg (région de Stuttgart), le trafic a repris le 15 juin, à des conditions non encore déterminées. En Thuringe (ex-RDA), aucune date n’a encore été fixée pour la reprise du trafic. En Bavière, les cars circulent depuis le 30 mai, mais les voyages de groupe sont interdits…
« On est loin d’un retour à la normale, résume Christian Wahl, le porte-parole de la fédération du secteur BDO. Pour l’instant, il est impossible de planifier un voyage en car à l’intérieur de l’Allemagne ou en Europe. En Allemagne, on ne sait même pas quelles règles sont applicables. Celles de la région de départ ou de destination? »
Et qu’en est-il des voyageurs? « On distingue trois catégories de personnes, explique Michael Schwinge, le gérant de la société Kultour &Natour Touristik, spécialisée dans les voyages culturels. Les anxieux, qui excluent de voyager, ceux qui ne peuvent pour l’instant pas se payer un voyage ou qui ont des problèmes de santé. Nous nous concentrons sur le troisième groupe: les personnes qui piaffent d’impatience. Nous leur proposerons le plus vite possible des voyages à thème à la journée, dans un rayon de 400 km maximum. Nous espérons retrouver les deux premiers groupes d’ici 18 mois… »
Impossible dans le contexte actuel de se retourner vers les schémas de l’avant Covid-19. « Nous avons besoin d’une phase de préparation. Il faut étudier de nouveaux programmes de voyages, avec de nouvelles destinations, souligne Christian Wahl. Pendant plus de trois mois, les entreprises n’ont pas pu travailler. Le secteur est au bord du gouffre! »
Dans ce contexte, les aides accordées par l’État aux PME (essentiellement des crédits garantis) sont jugées insuffisantes et inadaptées. Les professionnels réclament un plan de sauvetage spécifique. « Selon nos calculs, les seuls frais liés aux cars immobilisés depuis l’interdiction de circuler de la mi-mars s’élèvent à 170 millions d’euros, poursuit Christian Wahl. Malgré nos différentes manifestations, nous n’avons pas été entendus par les pouvoirs publics. Certes, le gouvernement a depuis décidé de baisser le taux de TVA de 19 à 16 % jusqu’à la fin de l’année. Mais pour en bénéficier, encore faut-il avoir un chiffre d’affaires! Quant aux crédits garantis par l’État, aucune entreprise n’en veut, si elle n’est pas assurée de pouvoir les rembourser dans les prochains mois… »
Le Bade-Wurtemberg vient de présenter un plan d’aide destiné aux entreprises du transport par car et aux transports en commun. 200 millions d’euros seront alloués aux transports en commun, et 40 millions aux entreprises organisant des voyages en car, pour la plupart des PME. La chute des recettes liées à la crise sanitaire coûtera cette année 480 millions d’euros aux seules entreprises de transports en commun de la région. Auparavant, le Land du Bade-Wurtemberg avait annoncé maintenir la prise en charge des transports scolaires pour soutenir les transporteurs de la région, soit une dépense de 36 millions d’euros.
