Après un été difficile et des prévisions moroses pour les mois à venir, les autocaristes réfléchissent à des solutions pour pouvoir tenir le coup jusqu’au lancement du vaccin contre la Covid-19, qui leur permettra de faire tourner à nouveau leurs moteurs à plein régime. Décryptage avec Massimo Fiorese, administrateur délégué de trois sociétés, Linea S.p.A (transports publics), Conan Srl (Tranports urbains) et Martini Bus Srl (touristique).
Massimo Fiorese: La situation est différente selon les villes. À Venise, par exemple, nous travaillons surtout avec les croisiéristes et les touristes étrangers. La situation est encore plus compliquée en raison de la discussion toujours en cours sur le passage des paquebots dans la lagune. La plupart ne passent déjà plus par Venise, et d’autres navires ont été déroutés sur Trieste. En résumé, à Venise, le port est quasi à l’arrêt, l’aéroport est presque vide puisque les étrangers ne viennent pas à cause de la Covid-19. Reste le tourisme local, mais c’est peu en termes de nombre de visiteurs et de plus, ils ne prennent pas l’autocar. En ce qui nous concerne, sur une flotte de 30 bus, seulement cinq sont actuellement en service. Nous avons suspendu les assurances et placé une partie de nos chauffeurs au chômage partiel. Une autre partie a été déplacée dans les autres sociétés du groupe. Cette opération nous a permis d’éviter de licencier. La saison est compromise, et les activités seront bloquées au moins jusqu’en mars 2021. Dans ce contexte, l’avenir est plus qu’incertain.
M. F.: Les entreprises et les Régions ont eu très peu de temps pour s’organiser et signer des accords. À cela s’ajoute le problème de la capacité d’accueil qui doit être réduite de 20 %, selon les dernières directives. Par conséquent, le parc d’autocars est actuellement insuffisant. L’État affirme qu’une enveloppe de 200 M€ sera rapidement débloquée pour porter cette opération de reconversion à terme. Mais il va falloir aussi obtenir l’autorisation du ministère des Transports et des Infrastructures, les autocars étant homologués pour un certain type de transport et d’activités commerciales. Par ailleurs, cette solution ne règle pas le problème, puisque le transport scolaire se réduit à deux courses par jour.
M. F.: Des aides ont été dégagées pour la location des structures. Une contribution calculée sur la base de la chute de l’activité des entreprises par rapport à l’année précédente a également été mise en place. Enfin, des prêts garantis par l’État ont pu être souscrits. D’autres mesures sont envisagées, mais pour le moment, rien n’a été dit. Pour éviter la faillite, plusieurs patrons songent aujourd’hui à la formule du regroupement entre sociétés pour limiter les risques, et rassembler les forces, d’autres veulent vendre, d’autres encore n’ont pas remis leurs autocars sur la route et n’ont aucune intention de le faire car ils n’ont pas les reins suffisamment solides. Quelques patrons se sont aussi lancés dans la diversification, le transport public, la manutention, la location de leurs hangars. Il faut seulement espérer, à présent, que l’épidémie ne va pas rebondir, qu’il n’y aura pas de deuxième vague car nous n’avons pas de plan B. Certains pourront résister, car ils ont une situation patrimoniale qui leur permettra de tenir, d’autres couleront.
