Quels critères retenir pour arbitrer entre le dynamisme économique et la santé? Si gouverner c’est prévoir, comment identifier et mobiliser les outils de prévision les plus efficaces? Comment garder le cap quand on navigue à vue? Etc. La liste des questions n’est pas exhaustive, et les réponses à y apporter ne sont pas toutes connues. Ce qui paraît certain c’est que l’on ne pourra pas gagner la bataille contre la Covid en ordre dispersé. Or, plus la crise s’installe et plus le malaise grandit. La cohésion née de la stupéfaction des premiers moments a fait long feu. Chacun se demande à présent s’il ne sera pas non seulement touché par la contagion, mais aussi victime collatérale de ses impacts économiques.
À quel moment, et sur quels constats, peut-on établir que le remède est pire que le mal? Combien d’emplois détruits faudra-t-il avant de réaliser l’ampleur des dégâts? Aurons-nous encore les moyens de construire le monde d’après? Et sur quelles bases sera-t-il érigé? Les secteurs du tourisme et des loisirs, les commerces de détail et de proximité contribuent largement à la bonne marche de l’économie, et représentent des emplois non délocalisables. Leur disparition pourra-t-elle être compensée par de nouveaux gisements de croissance? Devrons-nous tous devenir réparateurs de vélos, techniciens d’éolienne, développeurs informatiques ou livreurs de repas pour continuer à travailler?
Les centres-villes désertés vont-ils devenir la norme, le symbole de la dé-mobilité triomphante? Chacun préférant le télétravail, la visio-conférence, la livraison à domicile ou le home-cinema? Pourquoi pas? Ce serait bon pour la qualité de l’air, respirable avec ou sans masque, et tellement plus apaisant. Après tout, pourquoi chercher encore à retrouver la vie en société? Pourquoi s’entêter à vouloir bouger, rencontrer ses collègues, ses amis, sa famille ou de parfaits inconnus? Et si la solution passait par le sans-contact? Sans le reconnaître vraiment, nous l’avons d’ailleurs tous déjà en partie adopté, ce nouveau mode de vie qui passe par les écrans, les échanges de données, la réalité virtuelle et l’intelligence artificielle… Le digital, comme on dit, quand on ne s’approche plus du tout.