Après l’accident du 12 mars, les transports scolaires sont sur la sellette. L’émission "C dans l’air" sur France 5 les a étrillés. Bus & Car revient sur les contre-vérités énoncées sur le plateau.
Le tragique accident d’autocar scolaire qui a coûté la vie à Quentin, douze ans, le 12 mars dans la Vienne, a inspiré France 5. L’émission "C dans l’air", animée par Yves Calvi, a consacré un de ses sujets le 27 mars aux "cars poubelles". Pendant 52 minutes de débats et de reportages, le transport en autocar a été mis en accusation. La composition du plateau n’était guère équilibrée. La sœur de la victime, Romy Bonnet, était entourée de Pierre Gustin, délégué général de la Prévention routière, Sophie Périer-Chapeau, avocate, et de la vice-présidente de la Peep (association de parents d’élèves), Corinne Tapiero.
Plusieurs reproches peuvent être faits à l’émission. La recherche de dramatisation par exemple, avec un long reportage consacré aux accidents d’autocars les plus spectaculaires de ces vingt dernières années. Les cinq événements présentés (l’accident de Beaune par exemple) n’avaient globalement pas de rapport avec celui du 12 mars. Tous concernaient en effet des véhicules de tourisme, dans une majorité des cas étrangers.
Plus grave sans doute est l’ensemble des contre-vérités énoncées. L’absence d’un professionnel ou d’un responsable des transports au sein d’un conseil général, a permis aux invités d’indiquer sans être contredits: que le conducteur était responsable du port de la ceinture; que la visite médicale pour les conducteurs avait lieu tous les deux ans à partir de 60 ans (tous les ans depuis le décret du 13-1-2006); que les conducteurs ne bénéficiaient d’aucune formation spécifique (Fimo- FCOS); que le transport de nuit des enfants était interdit; que les véhicules n’étaient pas contrôlés avant leur mise en circulation (visite technique tous les six mois). À ces erreurs se superposent aussi une série de demi-vérités. Pierre Gustin, lorsqu’il vilipende à juste titre l’existence des strapontins, oublie qu’ils ont disparu des autocars de 12 mètres et qu’ils seront supprimés dans les moins de 22 places en octobre 2008. Lorsque Sophie Périer-Chapeau stigmatise la règle des 3 pour 2, elle passe sous silence sa suppression dans les autocars équipés de ceintures depuis 1999. Enfin l’animateur insiste jusqu’à faire de la dangerosité des autocars scolaires un mal français.
Au-delà de l’effet désastreux que cette émission aura sur l’image de la profession, elle a tout de même permis de mettre en lumière quelques problématiques.
D’abord le besoin d’accélérer le renouvellement d’un parc dont 55 % des cars a entre 10 ans et 25 ans, pour que tous soient dotés de la ceinture de sécurité. Le témoignage de David Millet, Pdg de l’entreprise mise en cause dans l’accident (voir B & C no 779), et un reportage sur l’organisation des transports d’enfants en Côte-d’Or, montrent aussi clairement la nécessité de la présence d’un accompagnateur dans les véhicules. Enfin, l’interdiction du transport debout apparaît plus que jamais nécessaire (il est prévu dans le futur arrêté du 2 juillet), tandis que la non-limitation de l’âge des conducteurs reste logiquement incompréhesible pour le grand public. La question du coût de toutes ces mesures a été évoquée avec plus ou moins de clarté. Selon sa connaissance – variable – de la réalité du secteur, chacun accuse les entreprises ou les autorités organisatrices de faire des économies sur la sécurité. La FNTV a réagi dès le 28 mars aux propos tenus dans cette émission au moyen d’un communiqué de presse rétablissant la vérité sur tous les points évoqués précédemment. Il a malheureusement été peu relayé dans les médias nationaux.
Le mot de la fin reste donc pour l’instant à la représentante des parents d’élèves, Corinne Tapiero: "Les parents sont toujours plus nombreux à avoir peur de laisser leurs enfants prendre l’autocar".
