Un titre de transport unique et une même tarification par zone pour le train, le bus, le car ou le tram. La Loire-Atlantique a entamé sa révolution multimodale et veut la généraliser d’ici à 2010 pour répondre à la forte demande du public.
Les choses vont démarrer cet automne à l’embouchure de la Loire. Sur chaque rive, sur une profondeur d’environ 20 km, les habitants n’achèteront plus qu’un ticket pour emprunter indifféremment le car, le bus, le tramway ou le train. Les quatre, s’ils le veulent. Le territoire choisi correspond à deux lignes de train: Nantes / Pornic au sud, non loin de la Vendée, et Nantes / Saint-Nazaire et Le Croisic, pas loin de la Bretagne, au nord. Les règles tarifaires sont encore à l’étude, mais chaque ligne devrait traverser trois zones de prix. En fonction de l’éloignement des deux grandes villes du département: Nantes au fond de l’estuaire, Saint-Nazaire, sur la mer.
La Loire-Atlantique adopte là un modèle développé dans les transports du nord de l’Europe. En particulier en Allemagne sur la Weser, entre Brême, ancien port donnant sur la Baltique, et Bremerhaven, son avant-port, comme Saint-Nazaire et Nantes. Entre les deux villes, là aussi des tarifs intégrés par zone.
Les transports publics de Loire-Atlantique, se sont déjà essayé – timidement – aux tarifs intégrés. Plus exactement à ce qu’ils ont appelé un “titre combiné”, baptisé Métrocéane. Depuis 1999, les clients de la SNCF entre Nantes et Saint-Nazaire, peuvent emprunter avec le même billet, dans les deux villes, le bus, le tramway ou l’autocar.
Métrocéane était un projet politique. Il s’agissait, en 1999, de renforcer l’axe de la “métropole” Nantes-Saint-Nazaire. Le concept a eu du succès avec + 35 % d’utilisateurs entre 2000 et 2005.
L’an passé, 80 guichets supplémentaires dans les réseaux urbains, les offices de tourisme et les bureaux de tabac se sont mis à distribuer le titre alors qu’il n’était vendu jusque-là que dans une vingtaine de gares. Ses ventes ont donc encore progressé de 45 000 à 49 000.
Mais la révolution de l’autocar a bousculé la jolie mécanique. En septembre dernier, le tarif unique à 2 euros a été lancé dans tout le département avec correspondance gratuite dans le bus ou les trams. La logique de tarif de zone, déjà présente en ville (un ticket au même tarif) a débordé. “Nous avons voulu répondre au besoin de déplacement des habitants. Aujourd’hui, cela compte bien plus que le moyen de transport mis à sa disposition”, explique Yves Daniel, vice-président Transports du conseil général de Loire-Atlantique.
Depuis, les appels téléphoniques et les e-mails sur les sites de transports publics l’attestent, le public raisonne de plus en plus en fonction de son besoin de déplacement. La logique d’axe ferroviaire de Métrocéane en a pris pour son grade.
Le public a réagi à l’impossibilité de bénéficier des tarifs et de la combinaison des moyens de transports du titre Métrocéane sur d’autres lignes que Nantes / Saint-Nazaire. Il s’est plaint de ne pas profiter d’avantages équivalents, en dehors du train, dans les autres moyens de transports. Le public pense de plus en plus en terme de distance, et de moins en moins en fonction du type de transport utilisé.
La tarification par zone apparaît donc comme la réponse d’avenir. En novembre dernier, une réunion de tous les responsables politiques du département a décidé de généraliser le principe d’ici à 2010.
C’est un changement de culture pour les opérateurs. La SNCF doit introduire les nouveaux tarifs par zone dans ses logiciels de vente, ses automates en gare, et dans les terminaux utilisés par les contrôleurs. Elle devra communiquer pour expliquer ces changements. D’ici à 2010, il faudra passer de deux axes ferroviaires à tous les transports confondus. Les autorités organisatrices de transport, elles, reverront la répartition de leurs recettes. Cela non plus ne devrait pas être terminé avant la date butoir de 2010.