Deux accidents d’autocar ont fait près de 30 morts sur les routes françaises.
Retour sur cette double tragédie.
Cela devient une triste habitude. L’autocar a, une nouvelle fois, fait la une des journaux cet été. La faute à deux accidents mortels, survenus à 15 jours d’intervalle. Si la France a été le théâtre de ces tragédies, leurs acteurs venaient de Pologne.
Le premier et le plus terrible drame a eu lieu le 22 juillet. Un jeune et peu expérimenté conducteur polonais, conduisant un groupe de retour d’un pèlerinage, a emprunté la descente de Laffrey, sur la RN85, près de Grenoble. Sur cette route interdite aux autocars et aux poids lourds non équipés de ralentisseur électronique additionnel, il a perdu le contrôle de son véhicule dans une descente à 14 %. L’autocar a terminé sa course dans le fond d’un ravin, tuant 26 personnes dont le conducteur et ne laissant que 24 rescapés.
Passées les interrogations et les réactions suscitées par une émotion légitime, certaines mesures ont été prises. Que faisait cet autocar sur cette portion de route dangereuse, et qui plus est, interdite à ce type de véhicule? C’est visiblement la faute du conducteur qui, suivant les indications de son GPS, a cherché à gagner l’autoroute plus rapidement, sans prêter attention aux panneaux d’interdiction. Cet empressement serait imputable à son manque d’expérience et à un déficit de formation.
Le Snet, par la voix de son président Thierry Schidler, s’est empressé de souligner que, si la France est à la pointe en matière de formation des conducteurs, ce n’est pas le cas du reste de l’Europe, et encore moins celui des pays de l’est de l’Union. La Fimo et la FCOS ne sont obligatoires que dans l’Hexagone, et il faudra attendre septembre 2008 pour que cela soit étendu aux autres pays membres. Comme en écho, le Premier ministre François Fillon a affirmé sa volonté de "trouver les moyens à mettre en œuvre pour que la formation des conducteurs de cars venus de l’Union européenne soit renforcée". Immédiatement après l’accident, Jean-Louis Borloo, ministre de l’Écologie, du Développement et de l’Aménagement durables (Médad), a commandé une carte des zones dangereuses pour les autocars et les poids lourds. Consultable sur le site web du ministère, elle recense 50 lieux à forte déclivité.
Le Snet ne s’est pas contenté de pointer le déficit de formation au niveau européen. Le syndicat a proposé une série de mesures en réaction à l’accident du 22 juillet. Il souhaite l’organisation, dès la rentrée, d’une table ronde associant les autorités et les différents acteurs du transport sur la sécurité, la formation ou encore le recrutement des conducteurs. Autres propositions: la création d’un site internet dédié aux professionnels de la route de toutes nationalités, qui permettrait de connaître en temps réel les difficultés de circulation, les passages dangereux, les reliefs accidentés; la création d’un nouveau panneau signalétique du code de la route spécifique aux transporteurs de voyageurs et interdisant l’accès à certaines routes; la révision du programme de formation des permis C, D et E en association avec les transporteurs; l’augmentation de la pratique de la conduite lors des formations; l’obligation de suivre une formation spécifique à la conduite en montagne.
Cet étalage de bonne volonté et de vœux pieux n’a pas empêché l’autocar de faire à nouveau parler de lui 15 jours plus tard. Le 8 août, un autre véhicule polonais s’est renversé sur l’A16, faisant trois morts et 23 blessés. L’accident s’est produit sur une chaussée glissante, alors que le conducteur s’engageait trop rapidement sur une aire de repos. Visiblement épuisé, le chauffeur n’a pas su réagir de manière adéquate. Le transporteur avait pourtant mobilisé trois conducteurs pour ce périple européen. Mais, selon la FGTE-CFDT, ils étaient en infraction: "Le car venait de parcourir environ 1 440 km en 20 h 28". Un temps record qui, selon le syndicat, ne permet en aucun cas de respecter les pauses obligatoires de sécurité. Ce second drame a suscité moins de réactions, mais il souligne l’urgence des mesures réclamées par la profession pour sécuriser le transport routier international.
