Les carburants fabriqués à partir de colza, betteraves à sucre, blé, tournesol ou canne à sucre, mobilisent de plus en plus de terres agricoles. La Commission européenne vient de constater que les cultures dédiées aux biocarburants en Europe dépassent déjà l’objectif de deux millions d’hectares fixé en 2003. Si bien que Bruxelles, qui consacre actuellement 90 millions d’euros d’aides agricoles à ce secteur, a décidé de réduire sa manne. Cela au moment où l’impact écologique des agrocarburants sur l’environnement commence à être contesté.
Les plus hautes instances internationales sonnent l’alarme: dans un récent rapport, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) s’inquiète de leur vogue pour limiter les émissions de gaz à effet de serre dans le domaine des transports. Les experts de l’OCDE se demandent même si "le remède" n’est pas pire que le mal! "Faire passer de 1 % à 11 % la part d’agrocarburants dans la consommation totale de carburants d’ici à 2050 n’ira pas sans bouleversements majeurs", concluent-ils. Pour l’Agence internationale de l’énergie (AIE), leur efficacité est "discutable" car il subsiste de "nombreuses incertitudes" concernant le protoxyde d’azote, un gaz à effet de serre émis à cause de l’utilisation intensive d’engrais. En France, l’Ademe va mesurer le bilan écologique et énergétique de ce "pétrole vert".
Notre pays s’était fixé comme objectif d’incorporer 5,75 % de biocarburants dans l’essence et le gazole en 2008 (contre moins de 1 % aujourd’hui), et 7 % en 2010, plus que l’objectif européen! Le bilan écologique des biocarburants n’a pas convaincu les experts du Grenelle de l’environnement, mais Nicolas Sarkozy n’a pas remis en cause leur développement dans notre pays.
