Ne jetons pas la pierre aux grévistes de la SNCF et la RATP. Ils vivent dans un autre univers. Grâce au Grenelle de l’environnement, leurs métiers ont failli être reconnus d’utilité publique. Ils pouvaient même devenir des héros. Ceux qui nous offraient un moyen sûr et confortable de ne pas polluer en voiture. Au lieu de cela, ils démontrent en un tour de main dont ils ont le secret – et l’exclusivité – leur quasi absence de sens des responsabilités. On passera sur leur revendication principale, qui met en lumière leur volonté de travailler moins pour gagner un peu plus, c’est humain.
On jettera un voile pudique sur l’inconsciente bonne foi avec laquelle ils obligent tout le pays à galérer plus pour gagner autant. Le vrai scandale en ces temps de réchauffement climatique, c’est qu’ils ont jeté sur les routes des millions de voitures qui auraient dû rester proprement au garage. Rien qu’en Ile-de-France, un chercheur malicieux a calculé – à la louche, selon ses propos – qu’une journée de grève provoquait au minimum l’émission de 10 000 tonnes de CO2 en plus. Rien que cela! On en concluera que si les grévistes ne souhaitent pas participer aux efforts mathématiquement nécessaires à la pérennité du système de retraite, ils se moquent aussi totalement du protocole de Kyoto.
Qu’auront-ils démontré d’autre? D’abord que les transporteurs privés sont bien indispensables à la continuité des déplacements dans ce pays. Les 2 500 autocars qui ont pallié l’absence de trains TER l’ont prouvé. Ensuite, que l’industrie des métros automatiques a un brillant avenir. Pour preuve, la fameuse ligne 14 du réseau parisien, qui a fonctionné sans faillir du début à la fin du mouvement. On remarquera aussi que JCDecaux et ses Vélib’ sont devenus les ennemis du syndicaliste RATP. La grève abusive est donc bien devenue écologiquement incorrecte. Espérons simplement qu’elle sera bientôt étiquetée “non durable”.