À Angoulême, le site Citram Veolia Transports teste sur dix véhicules un nouveau biocarburant: l’O2 Diesel. Ses performances en font déjà une alternative au filtre à particules pour les véhicules d’anciennes générations.
L’O2 Diesel est composé à 91,7 % de gazole, à 7,7 % d’éthanol et à 0,6 % d’un additif servant de liant physique et chimique. Ce nouveau venu sur le marché des carburants alternatifs est en expérimentation pendant un an sur dix Renault Tracer Euro 1 et Euro 2 du réseau d’Angoulême exploité par Veolia Transports. Pour la région Poitou-Charentes, cette initiative répond à la volonté politique de développer les biocarburants. Pour Veolia Transports, au-delà de la publicité que cette initiative peut susciter, c’est une solution supplémentaire à envisager dans le cadre de la diversification énergétique. Pour la société américaine O2 Diesel – qui a développé l’additif permettant de lier le gazole et l’éthanol – c’est un premier pas sur le continent européen. Pour Veolia Transports et O2 Diesel, ce test en situation réelle d’exploitation doit permettre une mesure d’impact environnemental sous le contrôle de l’Ademe.
À ce jour, 110 000 km ont été parcourus avec ce carburant depuis octobre 2007, et aucun incident n’est à signaler. Ni même de différences quant aux performances des véhicules, que ce soit au niveau de l’agrément de conduite ou des consommations. En parallèle de l’expérience poitevine, O2 Diesel fait actuellement procéder à des tests sur bancs auprès du motoriste Iveco avec un moteur Cursor 8.
Si le bilan est positif en terme environnemental, notamment dans la mesure des émissions de CO2 “du puits à la roue”, le produit devrait obtenir une défiscalisation partielle. De quoi réduire le surcoût, aujourd’hui estimé entre 7 et 8 % en raison de l’importance des coûts de transport (voir encadré ci-contre).
Mais le véritable intérêt de O2 Diesel, n’est pas tant la réduction des rejets de CO2 (via l’adjonction d’éthanol d’origine végétale) que l’abais- sement des émissions de polluants pour les moteurs Euro d’anciennes générations. En effet, lors de mesures faites avec les véhicules du parc Citram à l’UTAC de Monthléry, il a été constaté une baisse significative des émissions de particules, suies et fumées (jusqu’à − 50 %). Il en est de même, mais dans une moindre mesure (− 12 %), pour les hydrocarbures imbrûlés. Et ces résultats ont été obtenus avec 7,7 % d’éthanol. Un taux supérieur à 10 % peut être envisagé, mais dans ce cas, il faudrait prévoir des modifications sur le véhicule. Veolia Transports tenant à ce que ce test soit compatible avec les contraintes d’exploitation, il fallait que le carburant puisse être utilisé sans modification des véhicules (hormis la goulotte, qui est spécifique).
Si ces résultats se vérifient dans le temps et avec d’autres motorisations, cela ferait de O2 Diesel un excellent produit alternatif au montage, toujours coûteux et délicat sur un véhicule non prévu pour cela, d’un filtre à particules.
Après avoir été présenté comme une alternative prometteuse au pétrole, l’anathème s’abat sur l’éthanol. En dix mois, avec le changement de gouvernement, l’éthanol est passé en France de produit miracle au statut de paria, accusé de faire mourir de faim la planète. Pour O2 Diesel, qui fait déjà rouler 13 000 véhicules sur le continent nord-américain et en Asie avec son additif, ces revirements paraissent quelque peu abscons. Il a aussi fallu composer avec les douanes françaises. Le champ d’expérimentation est limité à 90 000 litres d’un produit qu’il a fallu élaborer dans un "entrepôt fiscal" permettant le mélange sous douanes (l’éthanol est un dérivé alcoolisé)! Ce mélange, une fois élaboré est ensuite transporté au dépôt de la Citram à Angoulême. Ces aller et retours renchérissent le produit. D’après O2 Diesel, sans ces transports successifs sous douanes, le surcoût serait limité à 3 % maximum par rapport au gazole du commerce. Une fois le label "biocarburant" obtenu, le produit deviendrait bien sûr moins cher.
Hormis la goulotte, rien ne distingue un autobus fonctionnant à l’additif O2 Diesel d’un véhicule purement diesel. Cette goulotte est là pour éviter toute évaporation et présence de flamme dans l’environnement. Car l’éthanol abaisse sensiblement le "point éclair" du carburant. Les normes de sécurité ne sont plus celles requises pour le gazole mais pour l’essence, plus volatile.
