L’analyse d’huile est un outil technique performant qui en dit long sur l’état de santé d’un moteur, à condition de savoir lire et interpréter les informations. Chez Voyages Dumont, on l’a bien compris, c’est même un argument phare dans le cadre des démarches de certification qualité. À vous de jauger!
L’analyse d’huile, c’est un peu comme la prise de sang chez l’homme. Elle donne de très nombreux renseignements sur l’état des organes mécaniques. D’autant que chacun d’entre eux, lubrifié, peut faire l’objet de ce type d’analyse: moteurs, boîtes et ponts.
Pour l’huile moteur, à chaque “surcharge” correspond un symptôme. La silice traduit un problème au niveau de la filtration de l’air d’admission. La présence de cuivre signale un souci au niveau des coussinets de bielles, une injection mal réglée génère une surcharge de suies dans le lubrifiant, une fuite au niveau du joint de culasse entraîne la présence de liquide de refroidissement dans l’huile. Le coût de cette prestation en vaut-il la peine? Vincent Dumont, dirigeant des Voyages Dumont, tranche sans hésiter: “Oui!” Pour lui, ce n’est pas une nouveauté, “cela fait plus de vingt ans que nous avons recours à l’analyse d’huile. Nous l’avons mise en place à l’époque des S53 lorsque nous avons eu quelques casses moteur. Même si ce type d’incident survient rarement, cela nous a permis d’arrêter un véhicule avant un problème moteur. Dans ce cas, c’est un véritable gain financier, car cela évite les frais de remorquage, les difficultés de transfert, etc.” Une mesure utile, y compris pour rassurer les donneurs d’ordres, la société travaillant beaucoup sur des lignes régulières (voir encadré). En cas de doute, le laboratoire avise immédiatement le dirigeant. En général pour demander des précisions sur le véhicule et sa maintenance. En temps normal, le délai de traitement est d’une semaine. “On reçoit systématiquement les résultats d’analyse, et maintenant ils nous parviennent par messagerie électronique.” Malgré les efforts de vulgarisation de la part des opérateurs, ces rapports demeurent toutefois assez abscons, et Vincent Dumont reconnaît que sa connaissance en mécanique lui est précieuse pour en interpréter les résultats.
Ce suivi est utile pour optimiser les achats aussi bien en terme de commandes que de stockage. L’entreprise dispose de plusieurs sites, certains travaillant en vrac, d’autres en fûts. Vincent Dumont exploite aussi l’analyse d’huile pour optimiser ses choix de lubrifiants moteurs ou transmissions: “On a encore deux à trois types de lubrifiants différents pour les ponts, explique-t-il. Avec Euro III et l’augmentation des intervalles entre vidanges, nous avons été confrontés à la multiplication des références d’huile sur notre parc. Il nous fallait trouver les lubrifiants permettant de réduire cette diversité”.
Cette prestation a permis de mieux cibler les véhicules compatibles, quitte à revenir sur des lubrifiants à bases minérales pour les moteurs qui tolèrent mal les huiles de semi-synthèse ou 100 % synthétiques (principalement des véhicules Euro I et Euro II). Aujourd’hui, ce problème se pose avec moins d’acuité dans l’entreprise, puisque la grande majorité du parc est composée de moteurs Euro III et Euro IV. “Le seuil décisif a été le passage en Euro III, le passage en Euro IV a été moins délicat”, poursuit Vincent Dumont.
Reste la question sensible du choix entre EGR et SCR, et de l’impact de ces deux techniques de dépollution moteur sur le lubrifiant. On sait que plusieurs pétroliers se sont révélés très prudents vis-à-vis des intervalles de vidange étendus proposés sur certains moteurs EGR. “Il est encore trop tôt pour juger. On attend de voir sur le long terme l’état mécanique comparé. Je ne me prononce pas pour l’instant sur cette question. De toutes façons, nous sommes en moyenne 10 % en deçà des intervalles kilométriques maximum préconisés”, résume notre interlocuteur. Le prix de l’analyse d’huile est variable d’un opérateur à un autre. Ce type de prestations peut être intégré dans la fourniture de lubrifiants ou séparée. Cela dépend de la nature des contrats et des désirs des transporteurs. Mais tous les fournisseurs proposent ce type de service (qu’ils soient industriels du graissage comme Hafa, ou pétroliers comme Total), certains disposant de leurs propres laboratoires, d’autres confient ces travaux à des indépendants. Dans tous les cas, les fournisseurs livrent les kits avec le nécessaire de prélèvement et d’expédition.
Bien intégrée, la démarche de l’entretien préventif, dont l’analyse d’huile fait partie, est rentable. En dehors du simple aspect opérationnel, grâce à la réduction des pannes immobilisantes en cours d’exploitation, Vincent Dumont, dirigeant des Voyages éponymes, évoque l’intérêt qu’il y a à faire ce type de démarche lorsqu’il faut revendre en occasion les matériels: "C’est un outil de comparaison d’un matériel à un autre. À chaque transaction, je transfère les documents, cela assure la traçabilité, c’est clair et transparent." Utile dans le cadre d’une négociation avec un distributeur lors d’une reprise, cet argument devient encore plus important lorsque l’entreprise vend ses véhicules en direct. Plus surprenant, Vincent Dumont évoque l’intérêt de l’analyse d’huile dans une démarche de qualité globale. "C’est en ligne avec les exigences de l’Afnor et Iso. C’est un vrai plus par rapport à ces démarches de certification", résume Vincent Dumont.
