Le groupement de transporteurs Réunir fait vibrer sa corde environnementale. À travers un partenariat avec Action Carbone, il souhaite sensibiliser ses adhérents à la mise en œuvre d’un "bilan carbone".
Le siège du groupement et Négoti Tourisme participent à l’action.
Quand on est transporteur, mener une action positive en faveur de l’environnement ne se limite pas à exploiter des véhicules propres. Chez Réunir, on a bien compris cette réalité. Le groupement de PME du transport a décidé de se pencher sérieusement sur la question des émissions de CO2. C’est dans cette optique qu’il a noué un partenariat avec Action Carbone, avec qui il compte réaliser les “bilans carbone” de diverses entreprises adhérentes.
“Cela s’inscrit dans la logique de la démarche de certification que nous avons déjà mise en place. L’idée est d’inciter les adhérents à mener de telles initiatives. Leur résultat ne pourra être que positif pour l’ensemble de l’entreprise”, explique Frédéric Galvez, responsable du pôle qualité environnement de Réunir.
Le groupement n’a pas l’intention d’imposer la pratique à ses adhérents. Les “bilans carbone” se feront sur la base du volontariat. “Les candidats ne devraient pas manquer. Lors de l’assemblée générale où nous avons présenté les premiers bilans, nous avons ressenti un écho réellement favorable. La question de l’environnement ne laisse plus personne indifférent”, assure Frédéric Galvez. À la mi-avril, deux premiers bilans ont été dévoilés, ceux du siège du groupement et de Négoti Tourisme. Si Étienne Miquel, son directeur, s’est naturellement porté candidat pour réaliser le bilan de son entreprise, c’est qu’il est pour beaucoup dans le rapprochement avec Action Carbone. “Je nourris une forte fibre écologiste. Peut-être parce que ma fille est l’assistante de Yann Arthus-Bertrand. Lors d’un entretien avec lui, en cherchant des solutions pour développer une communication positive autour de l’autocar, nous avons abordé la question du « bilan carbone » et l’opportunité de nous inscrire dans la démarche d’Action Carbone”, raconte Étienne Miquel. Les résultats font clairement apparaître que le transporteur est un important émetteur de CO2. Mais il convient de rappeler que les transports collectifs constituent un outil très efficace pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Comme le rappelle le groupement, un autocar susceptible de transporter plus de 50 personnes produit 114 kg de CO2/100 km, quand 40 voitures émettent 813 kg sur la même distance.
Pour le moment, l’action menée au sein de Réunir n’implique pas une compensation financière des émissions de CO2. L’idée n’est pas de faire un chèque pour se donner bonne conscience. “Nous voulons exploiter intelligemment les indications apportées par notre « bilan carbone ». L’objectif est d’améliorer nos comportements pour émettre moins”, explique Étienne Miquel. Après avoir présenté les résultats aux cadres de l’entreprise, il a informé le reste de ses salariés. Avec toujours l’idée de jouer la carte de la sensibilisation. “Si on veut que ce bilan ait un effet positif, il faut rendre les salariés acteurs du projet que nous mettrons en place”. Pour le moment, il est encore trop tôt pour élaborer un plan d’action. Avec les autocars, responsables de 79 % des émissions, il est fort probable que des solutions seront à trouver de ce côté. “Nous pourrions relancer une formation à la conduite économique. Nous l’avions fait avec l’AFT-Iftim, il y a quelques années, et les résultats avaient été très positifs. On peut également se pencher sur l’utilisation de la climatisation, grosse consommatrice de CO2. Il faut changer certains réflexes. Ce sera un travail sur le long terme”, indique Étienne Miquel.
Conscient qu’un transporteur peut difficilement se passer d’émission de CO2, le chef d’entreprise ambitionne de les utiliser plus efficacement: “Il y a certainement un travail à réaliser au niveau de l’exploitation. Notamment pour limiter autant que possible les kilomètres à vide. Dans ce cas, nous produisons des émissions stériles. Alors que lorsque nos véhicules sont pleins, on peut supposer que compte tenu du nombre de voitures retiré de la route, ce qu’ils émettent est naturellement compensé”.
Assurer la promotion du bilan carbone au sein de son entreprise, c’est bien, aller au-delà, c’est mieux! Il semble notamment judicieux de présenter aux autorités organisatrices la démarche engagée et, surtout, les décisions vertueuses envisagées pour améliorer la situation. “Notre idée est de travailler en partenariat avec les AO. Elles devraient être à l’écoute de notre initiative. Dans le cadre du Grenelle de l’Environnement, elles devront elles aussi réaliser leur « bilan carbone ». Nous allons parler un langage commun. Notre partenariat avec Action Carbone prouve que les entreprises adhérentes de Réunir sont dans une dynamique positive en faveur de l’environnement et qu’elles répondent aux préoccupations du moment,” assure Frédéric Galvez. Il est cependant encore trop tôt pour évoquer des actions concrètes où même la possibilité de “vendre” aux AO des comportement écolos. “Avant cela, nous devons afficher des résultats concrets. Pour l’instant, nous ne pouvons présenter que deux bilans, dont les résultats n’ont pas encore été exploités dans leur totalité. Quand un plus grand nombre d’entreprises sera engagé dans cette initiative et que les premières actions d’amélioration seront décidées, nous communiquerons plus activement sur notre démarche”, précise-t-il.
Enfin, l’aspect financier du “bilan carbone” ne devrait pas constituer un frein pour les adhérents de Réunir. Chez Négoti Tourisme, la facture s’est élevée à près de 2 000 euros. “Il faut ajouter les frais de déplacements, notamment pour rencontrer les personnes d’Action Carbone. Mais cela demande surtout du temps et un investissement personnel”, poursuit Frédéric Galvez.
Le temps, les dirigeants des PME qui composent le groupement Réunir semblent disposer à le trouver, comme s’en réjouit Frédéric Galvez: “Nous devrions rapidement totaliser une dizaine d’entreprises prêtes à faire leur « bilan carbone ».” Soit autant de transporteurs prêts à aller au charbon au nom de l’environnement.
Action Carbone est un programme de l’association GoodPlanet, présidée par Yann Arthus-Bertrand, soutenu par l’Ademe. Ce programme propose aux entreprises, institutions et particuliers de réaliser leur "bilan carbone", et de compenser leurs émissions de gaz à effet de serre en finançant des projets dans les domaines forestiers, agroforestiers, l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables, pour lutter ensemble contre le changement climatique.
→ 93 adhérents
→ 184 implantations (réparties dans 17 régions, 58 départements)
→ 5 100 autocars
→ 6 800 salariés (dans les différentes entreprises adhérentes)
Le "bilan carbone" est un outil de comptabilisation des émissions de gaz à effet de serre développée par l’Ademe. Il doit permettre, à partir de données facilement disponibles, une évaluation des émissions directes ou induites par une activité professionnelle, économique ou non. Le "bilan carbone" est donc un outil permettant de tenir une "comptabilité carbone", selon des règles qui sont publiques et compatibles avec les normes déjà en vigueur. Pour l’entreprise de transport, cela va des émissions produites par les véhicules, à celles dues aux déplacements domicile-travail des salariés, sans oublier ce qui se passe dans les bureau, l’atelier…
