Cette fois, c’est fait. Nous voilà plus ou moins condamnés à rester fidèles au poste jusqu’à 65 ou 67 ans. L’Assemblée nationale a adopté le projet de loi sur les retraites la semaine dernière. Au-delà des conséquences de ce vote dans les jours à venir avec son cortège de rigolades en matière de grève, il faudra vraiment s’armer de patience avant de profiter d’une future pension qui, je n’en doute pas, sera revue à la baisse dans quelques années. Bien sûr, nous sommes tous encore en forme et aucun d’entre nous n’a fait de cette fameuse retraite un objectif existentiel, quoique. Jetez un œil à la photo de gauche et imaginez ce qu’elle donnera dans vingt ans… Pensez aussi à la cohorte de jeunes diplômés bloqués dans leur ascension sociale par une légion de vieillards cacochymes condamnés, malgré eux, à trimer jusqu’au bout de leurs forces déclinantes. Cerise sur le gâteau (sans sucre, gare au diabète!), ce recul n’est pas bon pour un tourisme de groupe qui vise justement en priorité une clientèle de retraités encore en pleine possession de ses moyens physiques… et financiers. Que fallait-il pour combler le gouffre quasi abyssal des comptes sociaux? Comme beaucoup, je n’ai pas la réponse. Tout ce que je peux dire, c’est que cette nouvelle mesure, ajoutée à la crise économique latente, au blocage des salaires depuis des années, à la dureté du marché du travail, et à une ambiance délétère dans les allées du pouvoir, n’augure rien de brillant pour l’avenir. On fait toujours grand cas du moral des ménages, j’aimerais bien savoir où il en est réellement aujourd’hui! Avant d’en arriver aux extrémités grecques en matière de serrage de vis, la France, qui depuis la Révolution, conserve une certaine capacité à remettre en question les idées reçues, devrait peut-être penser un nouveau visage pour la société. À force de toujours appliquer les mêmes crèmes, on risque de défidéliser une clientèle qui, à vivre plus longtemps, finira tôt ou tard par perdre sa mémoire courte.