Le gouvernement français fait de la résistance. Il s’oppose à la commande d’ICE 3 de Siemens, passée par Eurostar pour plonger sous la Manche.
L’armistice a pourtant été signé depuis soixante-cinq ans, mais il est toujours aussi difficile pour les Allemands de débarquer sur le sol britannique. Siemens a pourtant pu y croire en remportant, devant Alstom, un appel d’offres lancé par Eurostar et portant sur l’acquisition de dix trains à grande vitesse. Mais c’était sans compter sur la réaction du gouvernement français, Jean-Louis Borloo et Dominique Bussereau, venus prêter mains fortes à l’industriel hexagonal en contestant le résultat de l’appel d’offres pour des motifs sécuritaires. Les deux ministres ont argumenté leur intervention dans un communiqué: "L’appel d’offres n’est pas conforme aux règles de la sécurité actuelles
De son côté, Siemens ne veut pas bouder sa victoire. Avec la Deutsche Bahn (DB), il dispose même d’un allié de choix. L’opérateur ferré Allemand compte proposer une liaison entre le nord de l’Allemagne et Londres à l’horizon 2012, en vue des Jeux olympiques. Pour entretenir la flamme, la DB a procédé à des tests d’évacuation dans le tunnel avant de présenter son ICE 3 à Londres le 19 octobre dernier. Pour autant, la traversée de la Manche ne s’est pas faite à grande vitesse. Le ministère de l’Écologie français n’a offert qu’un droit de passage sous condition au train de Siemens. Celui d’être tracté par une locomotive (Bombardier) d’Eurotunnel. Une manière de laisser à Alstom une petite longueur d’avance. En tous les cas, cette guerre des nerfs franco-allemande n’est pas du goût de Jacques Gounon, le président d’Eurotunnel. Ce dernier assure qu’il ne faut pas "figer les conditions d’exploitation qui datent de 1986, jusqu’au terme de la concession, en 2086. Il faut permettre de nouveaux entrants, opérateurs et fournisseurs de matériel, dès lors qu’ils sont homologables." Il est certain que son intervention a été différemment appréciée en fonction de la rive du Rhin où elle a été entendue.
La charte des trains Eurostar
– les trains doivent être longs d’au moins 375 m, soit la distance entre deux portes de sortie de secours, pour faciliter l’évacuation en cas d’incendie.
– les trains doivent disposer d’un système de protection contre la pénétration des fumées (par les clapets de ventilation et les portes extérieures des voitures) et des joints de portes gonflables.
– les trains doivent avoir démontré une résistance au feu d’au moins 30 minutes. Les questions liées à cette obligation comprennent notamment la protection anti-incendie des cloisons des compartiments moteurs, la protection du conducteur, la résistance au feu des voitures passagers et la protection des conduites et des câblages.
– les trains doivent pouvoir sortir du tunnel un train en détresse du même type.
– les trains doivent disposer d’un couloir ininterrompu, pour faciliter l’évacuation des voyageurs en cas d’incendie.
– ils ne doivent pas transporter certains produits dangereux dans le tunnel.
Source: Commission intergouvernementale du tunnel sous la Manche.
