Les statistiques disponibles sur le tourisme de groupe sont très partielles malgré le rôle attesté de ce marché dans l’économie touristique. Lorsque le Map Pro présente fin 2009 une enquête sur le sujet, réalisée par Protourisme, le rendez-vous est majeur.
Si l’on met de côté le tourisme d’affaires, les croisières et les séjours en clubs de vacances, quel est le poids du tourisme de groupe des Français? C’est à cette question que répond une enquête réalisée d’avril à septembre 2009
Alors qu’en 2008, 73 % des Français ont effectué un voyage personnel dans l’Hexagone ou à l’étranger, 11 % d’entre eux (soit environ 5,5 millions de personnes) sont partis au moins une fois en voyage de groupe. Ces déplacements ont totalisé 70 millions de journées, dont 22 % passées sur le territoire national (pour une durée moyenne de 6,5 jours) et 78 % à l’étranger (10,3 jours). Ce constat laisse augurer d’un formidable potentiel de développement pour la destination France, à l’heure où de moins en moins de nos concitoyens choisissent de passer leurs vacances en dehors de l’Hexagone.
Le coût moyen d’un voyage en groupe est de 395 euros en France, il passe à 1 275 euros hors de nos frontières. En 2008, 28 % de ces voyages ont bénéficié de l’aide financière d’un comité d’entreprise, d’une association ou d’un autre organisme. Les plus gros financeurs sont les comités d’entreprise, à hauteur de 55 %. En 2008 toujours, le montant total des aides accordées aux touristes voyageant en groupe s’est élevé à un milliard d’euros.
Le voyageur en groupe est majoritairement une femme (58 % des partants). Elle vit plus longtemps que l’homme et voyage plus souvent au moment de la retraite. Autres caractéristiques: ce voyageur en groupe est inactif (48 %), il part en couple (47 %) et a souvent plus de 50 ans (52 %). Les deux tiers disposent d’un revenu par ménage supérieur à 2000 euros, et 22 % dépassent les 3 500 euros. Les principales régions émettrices sont l’Île-de-France, Rhône-Alpes et Provence-Alpes Côte d’Azur. Les clients urbains dominent: 47 % habitent des villes de plus de 100 000 habitants. Enfin, 51 % des personnes interrogées disent partir occasionnellement en voyage de groupe, 30 % sont des habitués et 19 % des néophytes.
Lorsqu’on choisit de sillonner la France, 41 % des partants s’appuient sur une association. Pour l’étranger, on fait appel à des voyagistes. Deux tiers privilégient la réservation en face-à-face. Si le voyage en groupe est touché par les ventes de dernière minute, un tiers s’en occupe encore deux à cinq mois à l’avance, que ce soit à destination de la France et de l’étranger. Provence-Alpes Côte d’Azur totalise 12 % des séjours en groupe, Rhône-Alpes et Bretagne se partagent 10 % des choix de partants. À l’étranger, des destinations comme l’Espagne et l’Italie arrivent en tête (8 %), viennent ensuite le Maroc et la Tunisie. Les voyages en groupe se font principalement au printemps: mai/juin pour la France; d’avril à juin, puis septembre et octobre pour l’étranger. Le nombre de participants est en moyenne de 40 personnes sur l’Hexagone, il passe à 37 pour l’étranger.
La formule séjour remporte les suffrages sur l’Hexagone contrairement à l’étranger où le circuit est plébiscité. Le thème dominant lors d’un voyage sur le territoire national est la détente, vient ensuite la culture. À l’étranger, c’est l’inverse. L’hôtel et la résidence constituent les premiers types d’hébergement choisis en France. Hors de nos frontières, on sollicite uniquement l’hôtel. Quant au mode de transport utilisé, l’autocar arrive en tête. Même s’il semble toujours souffrir d’un déficit d’image. En effet, parlez de ce type de véhicule adapté au tourisme de groupe, et les traditionnels clichés reviennent: ringard, superficiel, cher, destiné aux vieux, aux gens seuls, aux moutons de Panurge…
La plupart des personnes interrogées reconnaissent au tourisme de groupe des avantages certains. Ainsi, plus de la moitié des partants mettent en avant la convivialité, 47 % la découverte (en particulier l’accès à des endroits où il ne serait pas possible d’aller en individuel), tandis que 45 % apprécient le côté organisé où “on ne s’occupe de rien!”
Sont aussi mentionnés les moments de partage et la diversité des étapes.
Côté contraintes, on remarque le manque de flexibilité des horaires, vécu comme un marathon (pour 21 % des répondants), le manque de liberté (pour 30 %) ou encore des programmes trop chargés…
Alors, comment motiver d’éventuels candidats à partir en groupe? Les attentes sont diverses. La première exprimée est de pouvoir constituer un groupe avant le départ pour rendre l’ambiance plus sympathique. Vient ensuite la volonté d’avoir plus d’intimité avec des groupes “à taille humaine”. La présence d’un accompagnateur est jugée indispensable. Des programmes plus souples – voire à la carte – constituent une autre attente, qu’ils soient aussi plus originaux, quitte à sacrifier le confort de l’hébergement. Autre revendication: ne pas avoir à changer d’hôtel tous les jours. Enfin, le prix doit être tout compris, sans supplément, en particulier concernant la chambre individuelle.
Le voyageur en groupe attend de l’organisateur qu’il respecte la promesse tenue, qu’il maîtrise son cœur de métier et apporte un service personnalisé. Sur le podium de la satisfaction se positionnent par ordre d’arrivée: le prix tout inclus, l’organisation administrative et le respect du programme. Autant d’aspects sur lesquels il n’y a généralement rien à redire. Résultat, pas de déceptions.
En revanche, 20 % des personnes interrogées se disent insatisfaites par la restauration et 14 % par le transport. Autre point noir mis en avant: le service apporté par l’organisateur. En effet, un quart des voyageurs en groupe exprime son mécontentement dans ce domaine. L’après-vente, les facilités de paiement, le conseil personnalisé et l’ambiance du point de vente sont particulièrement pointés du doigt.
Au terme de l’étude, Protourisme distingue cinq typologies de voyageurs en groupe.
Il y a “le boulimique”, qui représente 34 % de la clientèle. C’est un consommateur frénétique qui veut tout faire dans un minimum de temps, a besoin d’une bonne logistique et d’un rythme soutenu. Il privilégie le circuit traditionnel.
Il y a “le sociable” (25 %), qui part en groupe… pour le groupe justement, parce qu’il mise sur l’échange et la convivialité. Le voyage n’est qu’un prétexte. Puis vient “l’anxieux” (19 %). Ce profil de clientèle a besoin de s’appuyer sur une logistique importante, il veut être en sécurité. Il est très attentif à la qualité des prestations. Ensuite, “l’hédoniste” (16 %), qui a besoin d’une grande liberté, d’un rythme plus lent et accepte moins les contraintes. Il cherche à se faire plaisir. Et enfin “le contraint” (5 %). Il part en groupe pour pratiquer des activités qu’il ne ferait pas seul.
Cette typologie de clientèle dressée par Protourisme renforce l’idée d’une nécessaire segmentation du voyage. L’idée est de travailler sur le contenu en mettant l’accent sur des prestations plus adaptées. Il reste aussi beaucoup à faire en matière d’image, à commencer par miser sur les atouts du tourisme en autocar, et surtout le faire savoir.
L’enquête a été réalisée en trois temps, partant du principe qu’un voyage en groupe comportait deux jours minimum et rassemblait au moins dix pax:
– une enquête en face-à-face auprès d’un échantillon représentatif de la population (2 100 personnes de plus de 15 ans);
– des réunions qualitatives de consommateurs et de non-consommateurs de voyages en groupe, ainsi que des professionnels et des intermédiaires;
– une enquête quantitative par internet et par téléphone auprès d’un échantillon de 821 Français ayant au moins réalisé un voyage en groupe en 2008.
En matière d’offre groupe, le principe du package est-il révolu? La pratique montre
que le sur mesure prend souvent le pas sur le tout compris.
Les deux vont aussi de pair, ce qui démontre une vraie écoute de la clientèle par les professionnels.
La tendance est marquée par des produits insolites, des visites techniques et tout ce qui touche à l’environnement ou la nature.
À cela s’ajoute l’aspect humain, il ne s’agit plus aujourd’hui de découvrir la vie quotidienne d’un bateau de pêche… sans la présence des marins.
Les professionnels doivent être une force de propositions vis-à-vis de cette clientèle dont les besoins sont bien évidemment variables.
La créativité et l’originalité payent, notamment à travers une offre thématisée.
Par ailleurs, les groupes ont des attentes de plus en plus précises en matière de contenu de programmes. Il faut sans cesse renouveler ses produits, sortir des sentiers battus. Les professionnels ont intérêt à multiplier les portes d’accès dans leur production.
Il y a un véritable travail de fond à réaliser. Les organisateurs de voyages en groupe doivent passer régulièrement par une redéfinition totale de leur offre.
Il y a nécessité de recadrer pour mieux cibler et mieux personnaliser.
Deux types de clientèle caractérisent le marché:
les groupes constitués et les groupes d’individuels regroupés (GIR). Une distinction qu’il n’est pas inutile de rappeler puisqu’il ne s’agit pas de travailler de la même façon ces deux segments aux profils différents.
Comités d’entreprises, clubs, associations et scolaires forment traditionnellement le gros des troupes des groupes constitués.
Des clientèles acquises aux autocaristes.
Le groupe constitué présente quelques avantages: un seul interlocuteur à convaincre et peu d’annulations en cas de crise. Bien sûr, un seul responsable peut décider d’annuler pour tout un groupe, mais le comportement du décisionnaire est généralement plus rationnel, et des solutions de rechange sont facilement trouvées. Plus facile à démarcher et à identifier, ce marché est sûr, accessible, maniable, dynamique. Mais, revers de la médaille, réalisé avec de faibles marges…
Pour les GIR, l’enjeu est tout autre. Vendre du voyage à la place demande des attentions spécifiques. Même si les individuels regroupés permettent de dégager une meilleure marge que les groupes constitués, et de tirer le produit vers le haut en matière de qualité, s’attaquer à cette clientèle nécessite un investissement très important sur le plan financier et humain. Miser sur le GIR implique de s’appuyer sur une structure solide de production, car on est dans une logique de tour-operating. Il faut nécessairement se constituer un réseau de distribution. Cela facilite évidemment la vente, dont la brochure constitue un support indispensable pour ce type de clients, contrairement aux groupes constitués d’adeptes du sur mesure. Pas de doute, il faut "assurer" côté moyens pour attirer cette clientèle vers les voyages. Avec l’idée que l’on fait aussi un investissement pour de futurs groupes.
