À croire les discours des responsables politiques élus en 2008 et Pierre Cohen, maire de Toulouse en tête, l’agglomération toulousaine devait être irriguée de lignes de tram. L’ex-ligne E Toulouse Arènes-Blagnac (rebaptisée T1) aurait même dû être la première d’une longue série. Mais les contraintes budgétaires ont fini par rendre caduque ce beau programme. Résultat, ce sont les BHNS
Le conseil syndical de Tisséo-SMTC a entériné le 4 novembre un changement de cap pragmatique en votant à l’unanimité le nouveau projet de révision du PDU (plan de déplacements urbains) dont le budget est sévèrement revu à la baisse. “Les personnes publiques associées consultées sur le projet de révision du PDU, en particulier le conseil général et les intercommunalités, ont soulevé la question du financement dans un contexte de forte contrainte budgétaire associée à la crise économique. Elles ont souligné la nécessité de choisir les modes les plus adaptés en évitant une croissance non mesurée des coûts d’exploitation et d’investissement”, indique la délibération 12.2 sur l’état d’avancement du projet de révision du PDU, adoptée par le conseil syndical.
Le conseil général de Haute-Garonne a permis la fin de plusieurs mois de blocages du SMTC à cause de l’opposition du Sicoval et de la Communauté urbaine du Grand Toulouse sur la question du prolongement du métro. C’est son président, Pierre Izard, qui a proposé lors de l’ouverture de la session budgétaire de réaliser dans un premier temps un bus en site propre, entre le terminus de la ligne B du métro et la zone tertiaire de Labège, sans fermer la porte au prolongement en métro. Ayant arrêté de financer l’investissement des transports urbains toulousains depuis sa sortie du SMTC en juillet 2006 à cause de l’amendement Paillé, le département a accepté de replacer sa contribution de 32 millions d’euros annuels sur ces projets précis.
Tous les autres projets ont été revus en fonction du contexte financier difficile que connaissent les collectivités locales. Après la mise en service de la ligne T1 le 27 novembre et les programmes de tram déjà décidés pour 280 millions d’euros comprenant la ligne Garonne (prolongement de la T1 vers la rive droite de la Garonne au Grand Rond), la ligne Envol (vers l’aéroport) et la prolongation de 800 mètres de la T1 vers le futur parc des expositions, c’en est fini de ce mode (trop) lourd. Place un peu partout dans l’agglomération à des BHNS moins coûteux et plus rapides à mettre en place. “La programmation du tramway était un signal fort pour notre agglomération, mais les temps sont dangereux pour les collectivités locales et il faut les préserver”, soulignait devant le conseil syndical Christian Sempé, le maire de Saint-Orens, une commune de la banlieue qui aurait dû bénéficier du tram.
Selon Joël Carreiras, président de la commission déplacements et transports du Grand Toulouse chargé des finances de la ville rose, “la réduction des coûts permis par les BHNS est importante. Sur Labège, un BHNS revient à 90 ou 100 millions d’euros, au lieu de 150 pour le tramway et 390 à 450 pour le Val.” Au total, le remplacement des modes lourds par des BHNS permet de réduire les coûts à près d’un milliard. Ce qui ramène l’investissement prévu pour ce PDU à 1,3 milliard d’euros entre 2010 et 2020, dont 0,7 milliard pour la période 2010-2015, avec un rythme annuel de 160 à 180 millions d’euros. “C’est un PDU ajusté, explique Joël Carreiras, mais dans le sens d’en solidifier les bases plutôt que d’en restreindre les ambitions. Il est crédible car cofinancé par le conseil général.” Au-delà de 2015, il faudra un nouveau pacte financier, notamment pour le prolongement de la ligne B en métro.
Bus à haut niveau de service
