"L’autocar a démontré qu’il pouvait rouler et faire son devoir, même en temps de pénurie de carburant", constate Pierre-Olivier Carel, Responsable de l’action territoriale de la FNTV. Du 15 au 29 octobre, récit d’une mobilisation pour pallier les effets d’une pénurie de carburant.
Le 14 octobre, la France se retrouve face au démarrage d’une crise grave. Conséquence directe des mouvements d’arrêt de travail liés à la contestation de la réforme des retraites, la pénurie de carburant guette. “Ce jour-là, explique Éric Ritter, Secrétaire général, les services du Ministère des Transports nous ont prévenus qu’ils activeraient une cellule de crise dès le lendemain matin. La FNTV qui, de puis la pandémie grippale a mis en place une gestion de crise, s’est retrouvée au carrefour. Nous avons fait remonter les informations du terrain vers le Ministère qui, au jour le jour, faisait un état des lieux des volumes de carburant disponibles et des dépôts ouverts. Un ensemble de données que nous transmettions à nos délégués régionaux pour qu’ils puissent gérer les disponibilités au plus près du terrain, notamment avec les préfets. Ce fut une gestion de crise à douze ou vingt-quatre heures.” L’arrêt des raffineries et le blocage des dépôts de carburant s’étendant, certaines régions se retrouvent vite en grandes difficultés au niveau des approvisionnements, notamment: l’Auvergne, la Normandie, la Bretagne, les Pays-de-la-Loire et l’Île-de-France qui sont les plus touchées.
“C’est en Auvergne et en Haute-Normandie que des décisions rapides ont dû être prises pour éviter le blocage, poursuit Pierre-Olivier Carel. Les autorités ont travaillé auprès des distributeurs pour qu’ils servent les entreprises de transport de voyageurs en priorité. C’est une action qui a été menée au jour le jour, sans qu’aucune réquisition n’ait été nécessaire en final.” Parallèlement, les entreprises développent leur sens de l’improvisation, un véritable “système D” à la française. “Face à cette crise, le secteur est apparu comme un ensemble de cas particuliers, explique le responsable de la FNTV. Chaque entreprise a sa propre politique en matière de gestion des carburants. De nombreuses sociétés ont encore des cuves de gazole sur leurs sites mais, selon leur taille, elles leur donnent une autonomie de fonctionnement de deux à dix jours, mais cette crise s’est prolongée sur presque deux semaines. Certaines filiales de groupe mutualisent leurs ressources, notamment avec des réseaux urbains, ce qui n’est pas toujours sans poser quelques problèmes en termes de priorité. Mais globalement, on peut dire qu’il y a eu une forte entraide entre les entreprises.” Grâce à cette mobilisation de toutes les énergies, très peu de services ont finalement dû être annulés, dans le scolaire comme pour les lignes régulières.
Alors que la distribution de carburant est revenue à la normale depuis début novembre, quel bilan tirer de cette période difficile pour les transporteurs? “Ce fut une première en matière de pénurie de carburant, explique Pierre-Olivier Carel, même si des moyens de distribution de substitution ont été mis en place, nous avons frôlé des difficultés majeures. Ce que l’on peut constater, c’est que grâce à l’organisation mise en place, la vigilance permanente de la FNTV, le rôle que la Fédération a joué auprès des Ministères concernés, l’autocar a pu continuer à faire son devoir. L’ensemble de la Profession s’est mobilisé, la vraie inquiétude aujourd’hui provient de l’aspect économique résultant de cette situation.” En effet, même si le chiffrage du surcoût lié à cette crise des carburants est encore difficile à réaliser, le prix du litre du gazole a connu une hausse au niveau national chiffré à 9,8 %, “certains distributeurs sont allés jusqu’à 19 ou 20 % d’augmentation.” Pour l’instant, ce type de surcoût n’est pas pris en compte dans les contrats qui lient les transporteurs aux autorités organisatrices. La réactivité de la Profession, une fois de plus, a été soulignée. Reste à capitaliser sur ce sujet. “Une logique valable aussi bien au niveau national que local car nos actions sont complémentaires”, souligne Éric Ritter.
"Nous avons été très touchés, explique Etienne Saunier, Délégué régional de la FNTV Haute-Normandie, comme beaucoup de dépôts stratégiques de carburant sont situés dans l’Ouest, la situation est devenue très précaire du jour au lendemain, dès les premiers blocages. Nous avons rapidement mis en place un service d’informations avec le Conseil Général et la Préfecture, et si tout a été fait à l’échelle nationale pour que la Profession soit privilégiée, ce ne fut pas tout à fait le cas au niveau préfectoral. D’autre part, nous pouvons déplorer que certains fournisseurs aient eu des pratiques commerciales peu honnêtes en livrant au plus offrant. Finalement, si aucun service n’a été annulé, nous sommes passés au bord du chaos, sauvés par les vacances scolaires."
"Si le terminal de Fos-sur-Mer a été bloqué, certains bateaux ont tout de même été détournés sur Sète et, globalement, nous avons pu être ravitaillés, constate Françoise Gleize, Déléguée Régionale de la FNTV Languedoc-Roussillon. La tension a été très importante pendant 24 heures, mais aucun autocar n’a été arrêté. Certes, les distributeurs ont parfois eu du mal à s’alimenter avec des confirmations très tardives des livraisons de la part des pétroliers, et il a quelquefois été nécessaire de payer cher et au comptant le gazole. Avec une augmentation constatée de l’ordre de 20 centimes d’euros du litre pendant trois semaines, le surcoût qui a été supporté par nos entreprises est loin d’être négligeable. La question désormais est de savoir comment se dérouleront les discussions avec les AO pour tenter d’obtenir une rémunération en conséquence."
"Les vacances scolaires sont arrivées à pic, explique Noël Thiéfine, Délégué Régional de la FNTV Rhône-Alpes. Si aucun service n’a été interrompu dans notre région, des difficultés importantes ont été rencontrées dans la Loire et en Isère. La seule chose que nous pouvons regretter, c’est, comme partout, une forte augmentation des prix du gazole."
