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Magazine

La SNCF? C’est plus possible

Incidents Le transport ferroviaire a connu une fin d’année 2010 glaciale dans l’Hexagone. Avalanche d’erreurs et de retards à la SNCF. Devant la grogne des usagers, le gouvernement réclame avec froideur des rapports, provoque des tables rondes et menace d’éventuelles sanctions.

PAS QUESTION de laisser passer les erreurs commises par la SNCF pendant la trêve des confiseurs. C’est du moins ce que l’on peut conclure de la pétition lancée le 4 janvier par une association d’usagers, l’Avuc Ouest (Association des usagers des chemins de fer de la Région Ouest), qui vise à dénoncer le ras-le-bol des passagers victimes de retards à répétition. Dans le même registre, Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement, a demandé officiellement ce même 4 janvier un rapport sur les incidents à Guillaume Pepy, président de la SNCF, non sans évoquer de possibles sanctions. Le soir même, elle l’avait. Il est vrai que son ministère a été mis à rude épreuve pendant les fêtes de Noël, les différents épisodes neigeux qui ont paralysé routes et aéroports n’étant pas du goût des voyageurs coincés un peu partout dans le pays. Le problème c’est que, côté SNCF, la neige ne semble pas tout expliquer! Il en va a priori du fonctionnement même de l’opérateur ferroviaire qui semble, en période de fin d’année, traditionnellement chargé en terme de mouvements de population. Bref, la SNCF a été dépassée par des événements pourtant prévisibles.

Quand le train siffle trois fois… trop longtemps

L’épisode le plus emblématique restera l’aventure du train de nuit Strasbourg-Nice/Port-Bou. C’était le 27 décembre. Il est vrai qu’avec un parcours de 26 heures, soit 14 de plus que le temps prévu(1), ce retard tient du record. Mais les dysfonctionnements ont continué. Le 2 janvier, un TGV destiné au Mans et à Rennes est parti… dans la mauvaise direction! Inutile de rappeler le détail des retards enregistrés en région, en raison de la neige ou d’autres motifs. Bref, le 1er janvier, le président de la République lui-même jugeait “inacceptable” la “désorganisation des transports”. Si l’aérien, cloué au sol par le givre et le manque de glycol, était sans doute le plus visé, Nicolas Sarkozy avait aussi les liaisons ferroviaires dans le collimateur.

Un timing délicat

Cette avalanche de hors-pistes pour la SNCF arrive à un bien mauvais moment. En effet, le 13 décembre, l’opérateur a signé avec l’État un accord sur le maintien et la modernisation de 40 lignes ferroviaires, dites “d’équilibre du territoire”. En substance, des liaisons Corail, Intercités, Téoz et Lunéa qui desservent 367 villes dans 21 régions et transportent 100 000 voyageurs chaque jour. Le texte, qui envisage un investissement de 300 millions d’euros dans le matériel roulant, marque aussi l’engagement de l’État à verser une compensation annuelle de 210 millions d’euros pendant trois ans en faveur de ces lignes. Un financement assuré par la taxe d’aménagement du territoire (35 millions) et par une contribution sur le chiffre d’affaires des services grande vitesse et des résultats des grandes entreprises ferroviaires. Bref, un plan qui permettra d’équilibrer des lignes souvent déficitaires et parfois menacées. Un contrat État-SNCF qui donne aussi au gouvernement quelques arguments de poids pour exiger de l’opérateur – public, rappelons-le – qu’il fournisse un service digne de ce nom à sa clientèle.

Le mea culpa de la SNCF

Dans le rapport qu’il a été remis à Nathalie Kosciusko-Morizet, la SNCF reconnaît comme cause majeure du retard pris par le train de nuit Strasbourg-Nice/Port-Bou, “une erreur de planification”, cause de l’absence de conducteur à Belfort. L’opérateur ferroviaire s’engage d’ailleurs à mettre en œuvre des solutions avant l’été, et ce, selon trois axes. Il va “fiabiliser” le trajet des trains de nuit (vérification de la présence des conducteurs et vérification de l’état des locomotives). Il s’engage à renforcer les équipes opérationnelles en cas de fortes perturbations du trafic. Enfin, il prendra en charge plus rapidement les voyageurs via le dispositif SNCF Assistance. Et pour faire passer la pilule aux passagers malheureux, la SNCF remboursera le billet avec en prime trois trajets gratuits. Après l’œil du cyclone, l’opérateur ferroviaire est désormais sous le regard attentif de l’État et des associations de consommateurs. L’année 2011 promet d’être cruciale, d’autant que les tenants de la libéralisation du rail voient déjà dans cette suite d’événements un argument de plus pour leur chapelle… et que l’hiver n’est pas fini.

Strasbourg-Nice/ Port-Bou en… 26 h

Strasbourg La préparation du train et sa mise à quai entraînent une heure de retard. Le train est arrivé en Alsace trois heures trente après l’horaire prévu.

Belfort Les passagers doivent attendre sept heures l’arrivée d’un conducteur de relève en provenance de Lyon, à cause d’une erreur de planification. Le conducteur arrivé, la police intervient pour faire descendre du train un voyageur en état d’ébriété. Nouveau retard de quarante-cinq minutes.

Montbéliard Le train est immobilisé deux heures à cause d’un TER en panne à cause du froid, qui bloque la voie à Baume-les-Dames.

Tournus Il faut changer de locomotive (celle partie de Strasbourg avait de la neige et de l’eau dans ses compartiments moteurs). Nouveau retard de deux heures cinquante.

EXPRESS

TER vs TGV

Rhône-Alpes met l’État en demeure

Le président de Rhône-Alpes a mis l’État en demeure par le biais d’une lettre adressée à Nathalie Kosciusko-Morizet, pour la prise en charge d’un surcoût d’exploitation des TER évalué à 2,9 millions d’euros par an, lié à la mise en service récente de la ligne TGV du Haut-Bugey. Cette démarche – qui suit celles déjà entreprises auprès de Jean-Louis Borloo et Dominique Bussereau, et qui n’avaient pas abouti – est la dernière avant l’engagement d’une procédure contentieuse à l’encontre de l’État, de RFF et/ou de la SNCF. Cette somme représente les contraintes de circulation provoquées depuis décembre par la nouvelle desserte Paris-Genève, en particulier pour assurer les insertions des TGV sur la section Bellegarde-Genève et assurer les correspondances. Par effet de cascades, ce sont 40 % des horaires de la zone qui doivent être modifiés, aboutissant au surcoût évoqué précédemment. "Un coût directement imputable… à la mise en service du TGV Paris-Genève. La Région refuse donc de le prendre seule à sa charge puisqu’il est engendré par la mise en service d’une ligne nationale", selon Jean-Jack Queyranne, président de Rhône-Alpes. Le conseil régional a même refusé de prendre acte des horaires et dessertes pour le prochain service 2011.

J-F. B.

Allemagne

Veolia remporte un nouveau contrat

La société Bayerische Eisenbahngesellschaft (BEG) a confié à Veolia Verkehr l’exploitation du E-Netz Rosenheim pour une durée de douze ans, à partir de décembre 2013. Ce contrat génèrera un chiffre d’affaires cumulé supérieur à un milliard d’euros. Ce réseau regroupe des lignes qui étaient précédemment exploitées par la Deutsche Bahn:

• Munich – Rosenheim – Traunstein – Salzbourg

• Munich – Rosenheim – Kufstein

• Rosenheim – Holzkirchen – Munich.

Tunnel sous la Manche

Francfort-Londres à 320 km/h

La compagnie Deutsche Bahn a annoncé sa volonté de mettre en service dans trois ans deux lignes reliant respectivement Francfort et Amsterdam à Londres, via le tunnel sous la Manche. Au grand dam d’Eurostar, la compagnie allemande compte utiliser le nouveau train à grande vitesse Inter City Express, qui sera mis en service dans trois ans, et pourra atteindre la vitesse de 320 km/h. La Deutsche Bahn a déjà évalué le prix du billet aller aux alentours de 45 euros, ce qui le rendrait tout à fait compétitif par rapport aux prix affichés par Eurostar. D’ailleurs, l’opérateur allemand envisage sérieusement la possibilité de relier aussi Paris et Londres, cette fois en moins de deux heures, ce qui en ferait un dangereux concurrent. Une guerre des prix aura-t-elle lieu sous la Manche?

Réactions

Les syndicats dénoncent la stratégie de la SNCF

Sud-Rail et la CGT-Cheminots n’ont pas manqué de réagir face aux dysfonctionnements qui ont marqué la période des fêtes pour la SNCF. Le premier a dénoncé “la politique de flux tendu” et “le démantèlement de l’entreprise qui économise sur l’entretien des voies, la maintenance du matériel roulant et le personnel…” La CGT-Cheminots constate, elle, que “lorsqu’une entreprise publique se détourne du service public pour faire du business, comme aime à le dire Guillaume Pepy, il est prévisible que les voyageurs et les cheminots en paient les conséquences…

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Auteur

  • Pierre Cossard
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