Premiers succès pour les innovations de Keolis

NOTRE CHALLENGE vis-à-vis de l’AOT est de tirer la fréquentation vers le haut. Nous sommes prêts aussi à étendre notre savoir-faire à d’autres collectivités”, lance Laurent Tonon, fort des premiers résultats positifs enregistrés par Keolis à Obernai (Bas-Rhin). C’est “après une âpre bataille” que le groupe français avait arrachée, au 1^er décembre 2009 et pour une durée de huit ans, la délégation de service public des transports de la ville alsacienne (11 500 habitants, située à 20 km au sud-ouest de Strasbourg), au transporteur suisse. “À prix égal, nous avons proposé des solutions innovantes qui ont séduit le délégataire. Moins d’un an plus tard, les engagements ont été honorés et le succès est au rendez-vous”, se réjouit le directeur qui ne cache pas s’être “concentré sur [son] métier de base” pour assurer le succès de l’opération. “À la reprise, la fréquentation était de 102 000 voyageurs. Nous nous étions engagés à atteindre les 106 000 moyennant une extension du réseau avec l’ouverture programmée d’un centre aquatique. Malgré le retard pris par ce projet qui ne sera opérationnel qu’en 2011, nous devrions atteindre notre objectif grâce notamment aux abonnements.”

Keolis a conservé le personnel (dix agents, dont huit conducteurs, désormais placés sous la houlette d’une adjointe d’exploitation: Delphine Girault) et assure la continuité de l’offre de transport. Une offre élargie dès le 1^er janvier 2010 grâce à une restructuration de la ligne régulière unique avec la création d’un arrêt supplémentaire et le déplacement d’un autre dans le quartier Burgeaud. Aujourd’hui, elle compte 36 points d’arrêt.

Quatre mois plus tard suivra le point fort de la nouvelle offre avec la mise en place d’un transport à la demande (TAD). Son principe? Le rabattement vers le centre-ville depuis 25 points d’arrêt répartis à travers trois grandes zones: les secteurs résidentiels du Mont National et celui au Sud de la commune, en plein développement, et la zone d’activité Sud. L’ambition est d’offrir une desserte de proximité fine, avec un principe de réservation 24 h à l’avance, du lundi au samedi entre 6 h 30 et 20 h 30. “Le succès a été immédiat, nous avons explosé les taux de fréquentation habituellement enregistrés dans des configurations similaires avec 190 prises en charge par semaine. En neuf mois, nous avons dépassé les 6 000 voyages”, s’enthousiasme Laurent Tonon.

L’innovation ne s’arrête pas là: Keolia met également en place son offre Flexo, un produit dédié aux zones à faible potentiel de déplacements où une ligne régulière ne se justifie pas. Dans ce cas, la zone industrielle Nord et celle du parc du Thal, un bassin de plus de 4 000 emplois qui compte plusieurs grandes entreprises fonctionnant en équipes. “La zone ne peut pas bénéficier d’une ligne régulière en raison du travail de nuit, explique le directeur, mais Flexo est parfaitement adapté à cette situation avec un système souple sur réservation offrant des passages tôt le matin et tard le soir. Les retours sont assurés à des heures prédéfinies avec la particularité que le chauffeur adapte son itinéraire en fonction des lieux de dépose de ses passagers. Nous sommes en contact régulier avec les directions des ressources humaines pour présenter et promouvoir cette offre. À ce jour, 450 employés utilisent le système et nous serons assez réactifs pour absorber tout surcroît de demande.” En partenariat avec le cinéma local et la future piscine qui ouvrira en 2011, Flexo pourra également être adapté aux activités de loisirs.

Avec un pôle d’attraction aussi puissant que Strasbourg à une vingtaine de minutes par train, l’interconnexion avec le réseau TER allait de soi. L’agence commerciale a donc été déménagée dans le bâtiment de la gare SNCF et l’offre commerciale a été calée sur le cadencement à la demi-heure des trains régionaux. En pratique, les correspondances ne sont pas toujours assurées, c’est pourquoi l’exploitant vise l’objectif ambitieux de les garantir à 100 % dès le second semestre 2011. Comment? L’homme reste discret, mais il s’appuiera sur le savoir-faire maison en matière de régularité de la ligne et d’information des voyageurs en temps réel.

Toujours du côté du multimodal, Pass’O commercialise déjà une offre de voiture partagée pour laquelle Laurent Tonon étudie un tarif combiné, tout comme il envisage dès l’année prochaine un système de location de vélos, “de longue durée car cela responsabilise les utilisateurs et réduit les actes de vandalisme.”

Les habitants d’Obernai ont également adopté une nouvelle billettique avec l’abandon du bon vieux ticket à poinçonner au profit d’une carte à puce sans contact. “Nous participons modestement aux changements de comportement des gens avec l’objectif de gagner sur les modes doux: la marche et le vélo” conclut Laurent Tonon.

Le nouveau contrat de DSP, passé avec la Communauté urbaine d’Arras (94 000 hab. et 24 communes), a démarré le 1^er janvier dernier. Il devrait générer un chiffre d’affaires cumulé de 51 millions d’euros. Pour ce nouveau septennat, Keolis promet une refonte du réseau: hiérarchisation de l’offre avec trois lignes fortes cadencées, itinéraires simplifiés ou encore la permanence des horaires tout au long de la semaine et de l’année. Par ailleurs, le nouveau réseau, qui entrera en service dès janvier 2012, prévoit un renforcement de la desserte des communes de la première couronne, le remaniement du transport à la demande, ainsi que la mise en place d’un service de covoiturage… Keolis vise une augmentation de 18,7 % du nombre de voyages à l’horizon 2017.

I. Elie

Publiés par l’UTP en décembre dernier, les chiffres 2009 du transport urbain sont peu flatteurs. Pour la première fois depuis 2005, la hausse de la fréquentation marque un coup d’arrêt avec seulement + 0,7 %. En cause, la crise économique, la hausse du chômage, et la prime à la casse pour les automobiles… En attendant des chiffres 2010 promis comme plus encourageants, Bus & Car présente les principaux indicateurs.

Quatre Dietrich Noventis 420 de 22 places adaptés aux PMR seront livrés à Pass’O au cours du second semestre 2011 et la quasi-intégralité des points d’arrêt sera également aménagée.

Ces points d’arrêt remplaceront la flotte actuelle, constituée de deux Cyteos Mercedes de 23 places et de deux Peugeot Boxer de 9 places, renforcés par un Fiat Ducato capable de recevoir jusqu’à quatre fauteuils roulants, dédiés aux transports à la demande et aux PMR. "Aujourd’hui, nous sommes pragmatiques et nous nous adaptons en coordination avec un représentant local de l’Association des paralysés de France. Demain, nous serons intégralement équipés pour accueillir et transporter les personnes à mobilité réduite", résume Laurent Tonon.