Gironde Unifier la tarification dans les cars et créer un bus express régional… Voilà une partie des promesses faites le 7 janvier à Bordeaux, lors de la conférence des autorités organisatrices de transports.
MOINS de trois euros, ou plus exactement 2,60 euros. C’est ce que coûtera un ticket de transport sur le réseau TransGironde à partir de septembre 2012. Une annonce faite par le conseil général de la Gironde le 7 janvier lors d’une conférence des AOT (Autorités organisatrices de transports). Région, département et Cub (Communauté urbaine de Bordeaux) étaient représentés lors de cette réunion organisée avec Mouvable, structure créée par ces trois collectivités et dont l’objectif est de faciliter et de coordonner les politiques de transport.
Plusieurs ambitions ont été affichées par les élus à la sortie de la conférence. Le tarif unique sur le réseau TransGironde est la mesure qui prendra effet le plus rapidement. Les tarifs actuels sont jugés trop élevés et dissuasifs pour les usagers. “Quelle que soit la distance parcourue, le billet coûtera 2,60 euros, déclare Jean-Baptiste Rozier, chargé de mission Mouvable. Pour rappel, un trajet entre Lacanau et Bordeaux coûte aujourd’hui plus de 12 euros.” À ce jour, 379 communes du département sont desservies par TransGironde au travers de 64 lignes. Plus de 44 000 personnes empruntent quotidiennement ces cars. La mesure du tarif unique devrait coûter 3,3 millions d’euros au conseil général.
“Il faut rendre à l’autocar ses lettres de noblesse”, affirme le conseiller général, Gilles Savary. Une stratégie qui passe par la création d’un car à haut niveau de service. “Le département souhaite travailler sur un car à haut niveau de service, comme il existe des bus à haut niveau de service dans certaines villes”, poursuit Gilles Savary. Pour Jean-Baptiste Rozier, “ce car devra notamment répondre au problème de la difficile insertion dans les voies de circulation. Au cas par cas, il sera décidé la mise en place de sites propres pour éviter les embouteillages." Un cadencement des lignes sera également nécessaire. Le conseil général affiche des ambitions fortes sur ce car, que Gilles Savary baptise déjà "BER, bus express régional." En effet, ces cars auront vocation, à terme, à circuler au-delà du département, sur le modèle des TER. En attendant, un appel à projet sera lancé après les élections cantonales. Le conseil général souhaite marquer les esprits avec un car différent de ce qui existe aujourd’hui, "tant au niveau des formes que des couleurs." Plusieurs fabricants d’autocars auraient déjà signalé leur intérêt…
Autre point abordé lors de la conférence: l’interopérabilité billettique. Une réflexion est lancée pour mettre en place un titre de transport unique qui permettrait aux usagers d’emprunter indifféremment les vélos, cars, bus, tram et TER girondins. La carte Modalis, qui permet déjà une utilisation de différents réseaux, fonctionne actuellement sous forme d’un abonnement sur un trajet précis associant TBC (tram, bus et vélos en libre-service dans l’agglomération bordelaise), les TER, d’une part, et les autocars de TransGironde, d’autre part. 4 900 personnes sont aujourd’hui titulaires de cette offre qui fonctionne sous forme d’abonnement. L’idée est de proposer un seul titre de transport commun à tous les réseaux. Une charte est en cours d’élaboration pour revoir la carte Modalis. Le conseil régional demeure pilote de cette étude. Quant à afficher ce futur titre de transport unique sur les Smartphone, comme cela se pratique à Nice, “c’est une piste de réflexion”, admet Jean-Baptiste Rozier.
La conférence des AOT a également été l’occasion de faire un point sur le développement des réseaux. Vincent Feltesse, président de la Cub, a rappelé que “la troisième phase du tramway était sur les rails. 35 km de voies s’ajouteront aux 45 km existants d’ici à 2018. Les déclarations d’utilité publiques ont déjà été signées pour les extensions des lignes A, B et C (au sud) et la mise en service est programmée pour 2013.” L’inauguration de la ligne D et la portion nord de la ligne C devraient intervenir cinq ans plus tard. Par ailleurs, les bus de la Cub profiteront de 40 km de voies en site propre (contre 20 km actuellement). Des bus à haut niveau de service devraient également voir le jour dans l’agglomération. Enfin, la première ligne de tram-train, qui doit relier Bordeaux à la ville voisine de Parempuyre, devrait voir le jour.
Pour sa part, Gilles Savary a annoncé que “le département proposera prochainement 60 nouveaux trajets sur le réseau TransGironde, soit une offre accrue de 10 %.” Et Alain Rousset, président du conseil régional, a mis en avant sa volonté d’améliorer le réseau TER: “400 millions d’euros seront investis, notamment pour l’achat de 24 trains à étage Bombardier.” La Région envisage par ailleurs la création d’un SRGV (Service régional à grande vitesse) après 2015, quand la LGV entre Paris et Bordeaux sera mise en service.
Autre sujet évoqué le 7 janvier: l’information aux voyageurs. L’an dernier encore, chaque exploitant d’une ligne de car du réseau TransGironde (Citram, Prévots, Veolia, Cars André…) ne communiquait que sur les retards ou incidents le concernant. Désormais, l’information circule entre les différents opérateurs. Un site internet a également été mis en ligne. Il donne aux usagers des informations sur la totalité de son trajet, quel que soit le réseau ou le mode transport emprunté: TER, cars, réseaux de bus (Bordeaux, bassin d’Arcachon, Libourne) et même bacs! Enfin, la question de l’intermodalité a été abordée. Si les agents des différents réseaux collaborent déjà pour harmoniser les horaires de départ et d’arrivée, l’intermodalité mérite d’être améliorée.
Le gouvernement organise la riposte
Décrié pour sa calamiteuse gestion de crise lors des épisodes neigeux en décembre dernier, le gouvernement a dévoilé, les 10 et 13 janvier, une quinzaine de mesures pour éviter de rejouer le même scénario. S’inspirant des 35 propositions du rapport commandé au Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD) un mois plus tôt, cette feuille de route impose notamment à la RATP de définir, avant l’hiver prochain, des voies de bus prioritaires afin d’adapter le déneigement en conséquence.
De son côté, la SNCF doit travailler avec les constructeurs à la conception de trains plus résistants au froid et identifier avec RFF les moyens de renforcer les capacités d’infrastructures en cas d’intempéries. Sur le même modèle, les compagnies aériennes ont été encouragées à augmenter leurs stocks de glycol, à optimiser les capacités de leurs aires de dégivrage et à déneiger en priorité les axes reliant les villes à leur(s) aéroport(s). En aval, l’information délivrée aux voyageurs en gare et dans les trains devrait gagner en qualité. En effet, la SNCF s’est engagée à généraliser la formation de ses contrôleurs à la prise de parole en situation perturbée et à multiplier les astreintes au centre opérationnel pour diffuser l’information vers les agents. Enfin, la prise en charge des voyageurs pourrait être renforcée, en particulier sur le volet aérien puisque les compagnies doivent désormais centraliser l’info sur les capacités hôtelières disponibles et favoriser le remboursement des billets aux bornes électroniques.
Rassemblés pour la France urbaine
Le 11 janvier, l’Association des maires de grandes villes de France (AMGVF) a invité l’Association des communautés urbaines de France (ACUF), l’Association des communautés de France (ACF) et l’Association ville et banlieues à se rassembler autour de la France urbaine. Une première réunion est prévue “très prochainement” pour entériner ce rapprochement et définir le calendrier d’action en commun.
Quel est le rôle de Mouvable?
– L’association a été créée en décembre 2009 à l’initiative de trois collectivités organisatrices de transport: le conseil régional d’Aquitaine, le conseil général de Gironde et la Communauté urbaine de Bordeaux. Mouvable est chargé de mettre en place une stratégie commune aux différents réseaux. En plus des réunions organisées avec des techniciens des trois collectivités, une conférence se tient chaque année pour faire le point sur l’avancement des dossiers. Mouvable est présidé par Pierre Langrand, ancien directeur général des services d’Alain Rousset lorsqu’il présidait la Communauté urbaine de Bordeaux.
