Temsa Le Tourmalin est le best-seller du constructeur turc en France. Cet autocar polyvalent répond aux exigences de la ligne régulière et du transport scolaire. Un double créneau où le matériel doit marquer des bons points sur le plan de la rentabilité. Dans cette matière, le Tourmalin joue les bons élèves.
EN FRANCE, sans doute plus que sur tout autre marché, il est essentiel pour un constructeur de proposer une offre bien segmentée. Cette obligation d’avoir un catalogue complet, Temsa/Dietrich Carebus (DCG) l’a bien comprise. Avec son Tourmalin, autrefois lancé sous le nom de Box, il couvre les segments du scolaire à la ligne régulière avec une pointe de mixité. L’évolution du modèle ne se résume pas au changement de patronyme. “Nous avons abandonné l’appellation Box pour souligner les évolutions apportées depuis le lancement. Nous avons réalisé de gros efforts sur les équipements afin de le tirer vers le haut et de permettre à nos clients de voir au-delà du transport scolaire”, souligne Pierre Reinhart, président de DCG. L’attention portée à ce véhicule à tout faire n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Les clients sont au rendez-vous et, depuis deux ans, le Tourmalin représente plus de la moitié des immatriculations de Temsa en France. Au point de prendre trop de place dans l’offre au détriment des autres modèles? Pierre Reinhart ne partage pas cet avis: “Même si la dénomination est la même, on ne peut pas parler d’un seul produit. La plate-forme est certes commune, mais la variété des aménagements fait que l’on peut réellement compter différentes sortes de Tourmalin. Par ailleurs, la production de Temsa n’est pas calée sur ce véhicule. Si le marché se retournait et que les clients demandaient plus de Safari, l’usine s’adapterait facilement.” En 2010, DCG avait immatriculé 193 Tourmalin dans les différentes versions et longueurs. Pour 2011, Pierre Reinhart vise le même volume: “Cela devrait s’inscrire dans un marché global relativement stable. Le Tourmalin est vraiment arrivé à maturité et le nouveau design rencontre un très bon accueil, je suis confiant pour l’avenir de ce véhicule.” Un autocar qui rappelle que depuis son lancement en France, Temsa a lui aussi évolué. L’époque du modèle unique est révolue, le constructeur s’est ouvert aux joies de la déclinaison des gammes. Un malin tour joué à ses concurrents qui ne se gênaient pas pour mettre Temsa en boîte, prétextant son incapacité à offrir du choix à ses clients.
Dire du Tourmalin de notre test qu’il était de première fraîcheur est un euphémisme. Ses 1 672 km au compteur attestaient de sa (très) récente sortie d’usine. Avec le lest réparti dans les soutes et l’habitacle, il affichait 17,2 tonnes sur la balance. Temsa s’est tourné vers Cummins pour la motorisation, avec le modèle Euro 5 ISB 6 + 300, développant 300 ch. Le reste des organes est tout ou presque de chez ZF, il s’agit d’une des évolutions entre le Box et le Tourmalin. Ainsi, pour la boîte de vitesses, on retrouve la traditionnelle 6 S 10 10, manuelle à six rapports. Parmi les équipements de série, il offre le pré-équipement pour les porte-skis, la prédisposition pour la billetterie et les PMR… Ne cherchez pas les options sur le modèle essayé, il n’y en avait pas. Dans ce registre, il est possible d’obtenir la climatisation, les boutons de demande d’arrêt, des racks à bagages ou encore des coques antivandalisme pour les sièges…
Le moins que l’on puisse dire est que le changement de nom s’est accompagné d’un sérieux coup de crayon. L’aspect du Tourmalin est bien éloigné de celui du Box. La nouvelle face avant offre un visage plus jeune, plus en harmonie avec les flancs. L’arrière a également été redessinée avec le même soin. Au final, le Tourmalin est un autocar plutôt élégant dans sa catégorie, apte à revendiquer plus de mixité d’utilisation. L’habitacle est simple mais très bien fini. La luminosité est plus que correcte et les quelques centimètres gagnés sur la hauteur sous pavillon sont appréciables. Afin de conserver une largeur de couloir praticable, avec les cinq places de front, le dossier des sièges a été biseauté. Le gain d’espace est bien là, mais cette configuration semble tout de même réservée aux enfants.
Le passage au tout ZF, de la boîte de vitesses aux trains de roulement, se fait sentir au bénéfice du Tourmalin. Les aspérités de l’asphalte se font bien discrètes sur un autocar de cette catégorie. L’insonorisation est très correcte, elle ne pèche qu’à l’arrière où le moteur Cummins se rappelle légèrement aux tympans des passagers.
Sur ce plan, le Tourmalin ne s’est pas montré le plus futé. Il rend une copie avec 28,6 l/100 km. Pas de quoi recevoir un avertissement mais, avec ce type de véhicule, on pourrait attendre un peu mieux de la part de l’élève. Il faut néanmoins souligner qu’avec un moteur neuf et un réglage de couple particulièrement court et peu adapté à la typologie du parcours, il ne s’est pas mis tous les atouts de son côté. Cette sensiblerie rappelle l’importance de la préparation d’un véhicule qui se doit d’être en adéquation avec son exploitation. Comme la vocation du Tourmalin est d’évoluer sur des circuits scolaires ou des lignes périurbaines, il devrait être plus à son aise dans l’épreuve des exploitants qu’à l’occasion de celle de Bus & Car.
– Longueur/largeur/hauteur
12 / 2,55/ 3,3 m.
– Moteur
Euro 5 Cummins ISB6 + 300 développant 300 ch.
– Boîte de vitesses
ZF 6S 1010 à 6 rapports AV et un AR avec ralentisseur Telma.
– Freins AV et AR
À disques intégraux avec ABS et ASR.
– Suspensions
Pneumatiques intégrales.
– Réservoir
350 litres (AdBlue 45 l).
Plusieurs critiques formulées à l’égard du Temsa Box Light n’ont plus lieu d’être. En effet, la colonne de direction a été complètement revue, avec un déverrouillage commandé depuis un basculeur électrique à la planche de bord. Une excellente idée. Les interrupteurs sont placés de façon logique, et les commandes de chauffage sont faciles à utiliser. La position de conduite profite aussi d’un pédalier mieux aligné, avec une astucieuse cale en bois située sous le pied droit. Bricolage certes, mais améliorant notablement le confort de conduite. On regrettera par contre un levier de vitesse dur à manipuler et peut être trop reculé pour certains gabarits. Les rétroviseurs manuels sont sensibles aux vibrations. L’accélérateur manque de progressivité, ce qui est désagréable tant pour le conducteur que pour les passagers. La maniabilité est excellente même si on peut regretter une direction souffrant d’un manque de filtration au volant. Le freinage offre un bon dosage, ce qui surprend agréablement lorsqu’on découvre qu’il est sans commande EBS. Le moteur, trop jeune sur notre véhicule d’essai, n’était pas au mieux de sa forme mais on a pu apprécier un étagement de boîte judicieux pour un véhicule devant faire des parcours sur routes secondaires et péri-urbains. Le ralentisseur, d’origine Telma, est très progressif mais il ne faut pas l’oublier au redémarrage; sans quoi vous secouerez vos passagers! Un très bon outil de travail qui peut maintenant faire quelques efforts sur le confort.
• Ergonomie en progrès
• Visibilité directe
• Étagement de boîte pertinent
• Maniabilité
• Insonorisation moyenne
• Dureté des commandes au pied
• Levier de vitesse trop ferme
• Filtration de la direction perfectible
Notre parc compte 30 Tourmalin ou Box dont huit en configuration cinq places de front. Nous sommes globalement satisfaits des véhicules et plus particulièrement de la réactivité du service après-vente de Dietrich Carebus. Il a toujours répondu présent pour résoudre les problèmes ponctuels ou récurrents sur les autocars. L’écoute est réellement au rendez-vous car lorsque nous étions confrontés à des problèmes de fond, le SAV ne se contentait pas d’apporter une solution, mais faisait remonter l’information à l’usine. Les véhicules commandés par la suite ne souffraient plus des mêmes maux. Cette capacité à faire évoluer les produits en fonction des remarques donne vraiment envie de reprendre des autocars Temsa. Ainsi, l’évolution du Box vers le Tourmalin donne au final un véhicule réellement abouti et parfaitement adapté aux contraintes d’exploitations des circuits scolaires ou des lignes régulières. L’amélioration du design ouvre un spectre plus large d’utilisations. Le Box était un autocar purement scolaire, le Tourmalin est à ranger dans la catégorie mixte. En fonction de la configuration et de l’aménagement intérieur, on peut aisément le faire évoluer sur une ligne régulière. En revanche, la version Max (cinq places de front) ne convient qu’au transport scolaire, il n’est pas envisageable de l’exploiter autrement. Ce type de véhicule est très pratique car il permet de suivre les évolutions démographiques des établissements scolaires sans faire nécessairement appel à un deuxième autocar. La critique que je formulerais n’est pas propre au Tourmalin. Sur les autocars, le réservoir n’est pas suffisamment protégé contre le vol. Et avec la hausse du prix du gasoil, cela devient d’autant plus essentiel. Or le Tourmalin possède deux trappes de remplissages, cela multiplie les accès au réservoir. Même si on colle le véhicule contre un mur, il reste vulnérable.
