Il faut que j’arrête de regarder les journaux télévisés, ils ont le don de me couper l’appétit. Il n’y a pas très longtemps, c’est le JT de France 2 qui m’a (une fois encore!) fait bondir de mon fauteuil. Entre une bactérie tueuse – d’agriculteurs du point de vue économique – et la banlieue, dont on semble découvrir qu’elle est devenue une zone de tir aux pigeons pour les trafiquants de drogue, voilà un reportage sur la conférence nationale du handicap. Plutôt informé sur le sujet, je m’attendais benoîtement à ce que l’on nous dresse un bilan des avancées et du chemin qui reste à parcourir à la France – notamment en matière de transport – pour qu’elle se conforme à la loi votée massivement en 2005 par les élus. Eh bien, pas du tout! Passée l’annonce finale du président sur la mise en accessibilité des bâtiments administratifs, les journalistes n’ont pas creusé plus loin, se contentant d’une belle séquence de promotion pour un joli petit bolide automobile. Bien sûr, la marque n’a pas été citée une seule fois, mais la subtile omniprésence du logo BMW ne laissait aucun doute quant aux origines de la puissante berline. À propos de l’aménagement du véhicule, fruit de la plus haute technologie moderne, nous apprenions avec intérêt que le suréquipement en question avait coûté la bagatelle de 30 000 euros. Une vétille pour la majorité des personnes handicapées rêvant d’acquérir une once d’indépendance en matière de mobilité. Quelle décence! Autant réaliser un reportage sur les SDF dans un cinq étoiles. Les efforts consentis par les opérateurs de transport public en matière d’accessibilité n’intéressent personne. Pas plus que les difficultés liées à l’atonie générale de la classe politique attendues à l’horizon 2015. Las, il ne sert à rien de crier dans le désert – un adage bien connu de la population syrienne, d’ailleurs. Laissons-nous donc porter par les enjeux mondiaux de l’actualité: le feuilleton DSK, la saga du légume tueur, la trilogie familiale Bettencourt, le parfum des crèmes solaires et le dernier régime minceur, histoire de frimer sur la plage. Pour ceux qui auront (peut-être) la chance de goûter aux vacances.
