Côte Basque-Adour Le syndicat régional des transports a déposé un projet de BHNS électrique dans le cadre du Grenelle de l’environnement. Une première.
MALGRE l’incitation de 5 % de plus par kilomètre pour s’engager sur la voie des projets électriques dans les appels d’offres lancés dans le cadre du Grenelle de l’environnement, très peu de collectivités ont fait ce choix, préférant utiliser des systèmes éprouvés, notamment sous la pression des associations d’usagers”, souligne Julien Allaire, responsable du pôle économique du Gart. C’est pour cela que la présentation du projet du Syndicat des transports Côte Basque-Adour, seul BHNS électrique déposé dans le cadre du Grenelle, était importante. Cela lui a d’ailleurs permis d’être le projet le mieux financé avec 20,4 millions d’euros sur les 186 millions d’euros prévus.
“L’agglomération Biarritz-Bayonne-Anglet a un énorme retard en matière de transports en commun, avec un espace colonisé par la voiture et des phénomènes de congestion apparus en 2003-2004, explique en introduction Damien Duhamel, chargé de mission déplacements et mobilité à la communauté d’agglomération Côte Basque-Adour. Dans ce contexte, l’électrique est une volonté de rattrapage.”
Pourquoi avoir choisi l’électrique? Damien Duhamel reconnaît un “effet d’opportunité avec le levier financier du Grenelle doublé d’une volonté de s’inscrire dans des avancées technologiques, pour une ligne avec 12 à 15 000 passagers attendus, donc une bonne rentabilité économique.” Mais il avance aussi une certaine familiarité des usagers avec cette énergie – Bayonne a mis en place dès 2002 un réseau de navettes électriques qui rencontre un grand succès (700 000 passagers par an) – et une configuration géographique avec beaucoup de pentes pouvant justifier la mise en place d’un tel système.
Le surcoût envisagé pour les infrastructures électriques est de 1 à 3,5 millions d’euros (hypothèse haute retenue pour le dossier Grenelle). Le système n’est pas encore choisi mais l’appel d’offres infrastructures doit être lancé en juillet et se dérouler sous forme de dialogue compétitif. “Nous allons examiner la performance énergétique, l’insertion dans le site, le coût de chaque proposition, sans exclure le trolleybus avec autonomie (pour un déperchage ponctuel) ni le biberonnage en station
“Mais l’expérience malheureuse d’autres innovateurs, comme Nancy et Caen avec le tramway sur pneu bimode de Bombardier, incite les autorités organisatrices à une grande prudence vis-à-vis de toute technologie non éprouvée”, comme l’indique Céline Faurie-Gauthier, chef de projet pour les BHNS au Sytral (Syndicat mixte des transports pour le Rhône et l’agglomération lyonnaise), qui ne choisira pas l’électrique avec biberonnage.
Équipés de batteries à recharge très rapide, les bus font le plein d’électricité à chaque arrêt en station.
Avec un record de France d’utilisation de la voiture (76 % de part modale contre 15 % pour la marche, 2 % pour les transports urbains et 2 % pour l’interurbain), le retard en termes de transports en commun est colossal dans l’agglomération multipolaire Biarritz-Bayonne-Anglet, dont la population triple en été. Mais "la révolution est en marche depuis deux ans", affirme Damien Duhamel, chargé de mission déplacements et mobilité à la communauté d’agglomération Côte Basque-Adour. En 2009, la révision du PDU a été lancée et quatre kilomètres de site propre construits. En 2010, une nouvelle délégation de service public a été attribuée, la tarification a été modifiée, ainsi que l’identité visuelle du réseau. "Notre volonté est de passer de 6 millions de voyageurs à 10 millions en 2016, avec une restructuration complète du réseau, des lignes à forte fréquence qui préfigurent le BHNS, un cadencement généralisé, des amplitudes améliorées (le soir et le week-end) et des parkings relais à l’étude", indique-t-il. Les coûts envisagés pour la mise en place de deux axes de transports en commun en site propre de 40 km sont bas, "pour que tout le territoire puisse en profiter": entre 1 à 2 millions d’euros du kilomètre, avec des aménagements fonctionnels (peinture, travail sur les feux, aménagement des plans de circulation) et des mises en place de sites propres en profitant des opportunités d’élargissement de voirie. En revanche, les deux lignes A1 et B (soit 23,6 km) bénéficieront d’un traitement de façade à façade, plus coûteux.
La ligne A1 Est-Ouest Bayonne-Nord-Biarritz (reliant la gare de Bayonne, le centre d’Anglet et le centre de Biarritz) mesurera 11,92 km, dont 4,91 km de voies bidirectionnelles et 1,62 km de tronc commun avec la ligne B. Elle sera équipée de dix véhicules électriques de 18 mètres. La ligne B Nord-Sud reliera Tarnos à Bayonne sud sur 13,28 km (dont 5,42 km bidirectionnels) avec dix véhicules hybrides de 12 et 18 mètres. Le service sera assuré de 6 heures à minuit avec un bus toutes les dix minutes en heure de pointe, et même un toutes les cinq minutes sur la partie en tronc commun entre A1 et B. Ces lignes desserviront 50 % de la population, 57 % des emplois et 65 % des scolaires.
Coût total des deux lignes: 160 à 186 millions d’euros, dont 20,4 millions d’euros financés dans le cadre du Grenelle 2 de l’environnement. Calendrier: études jusqu’en fin 2012; enquête publique et déclaration de projet à la mi-2012; début des travaux, janvier 2013, pour deux à trois ans.
