Agir crée sa centrale d’achats

IL S’AGIRA d’une structure totalement distincte d’Agir, voulue pour répondre aux besoins des collectivités, des régies, des Sem et des SPL. Que pourra-t-on y trouver? “Tout ce dont peuvent avoir besoin les transporteurs: des véhicules, des vêtements, mais aussi des contrats de location en crédit-bail voire, à terme, de l’assurance”, assure Arnaud Rabier, secrétaire général d’Agir, qui réfléchit depuis plusieurs années à la problématique des relations avec les fournisseurs. Et plus largement à une maîtrise des coûts devenue omniprésente dans l’esprit et le quotidien des collectivités. “À un moment où nous dépassons les quatre-vingt adhérents, il devenait opportun de structurer notre réflexion pour réfléchir à l’effet volume et obtenir des conditions plus intéressantes. Des relations existaient déjà avec certains fournisseurs, il nous semblait essentiel de faire un saut de type référencement ou d’achat”, ajoute Marc Delayer, administrateur du réseau. Car, plus que d’obtenir un meilleur prix, la centrale assumera pour le compte des personnes privées ou publiques, adhérentes ou non à l’association, les obligations de mise en concurrence imposées par le code des marchés publics. Une manière pour les collectivités et opérateurs de transport d’éviter la paperasse et les complexités des dossiers juridiques. Elle pourra même aller jusqu’à la conclusion d’accords-cadres permettant la sélection de candidats avant la mise en concurrence des fournisseurs. Grâce à cette démarche, les responsables de la centrale comptent, d’une part, travailler avec les fournisseurs pour aller vers un “mieux faire technique” et, d’autre part, améliorer les démarches de techniques d’achat proprement dites, et de mieux appréhender le principe de la formation des prix. “Nous avons beaucoup à faire au regard de ce qui se passe dans l’industrie”, note Marc Delayer.

S’il ne s’agit ni de monter un catalogue ni de stocker du matériel, la centrale devrait, après négociations avec les fournisseurs, référencer un tronc commun de matériel. Charge ensuite au client de négocier les options pour obtenir les personnalisations voulues. Cela devrait notamment être le cas pour le vêtement. “La centrale devrait nous amener à faire une offre de base en fournitures et prestations, à laquelle pourraient s’ajouter des options, comme le type de finitions (matières, nombre de poches, sortes de col, etc.), qui seraient alors négociées en direct, hors de la centrale”, indique Pascal Bellemin, directeur général de la société Carrare, spécialisée dans la fabrication de vêtements d’image pour le transport public (Keolis, Veolia, Agir…) à 60 % et les collectivités locales, les aéroports, la distribution, etc., pour 40 %. Basée à Villeneuve d’Ascq, l’entreprise, qui a réalisé un chiffre d’affaires de 4 millions d’euros en 2010, mise depuis quatre ans sur la croissance d’Agir. “À ce jour, nous équipons une dizaine de réseaux (Lille, La Rochelle, Mont-de-Marsan, Dax). Nous avons la capacité d’améliorer notre taux de pénétration dans les réseaux de ville. L’objectif est de doubler ce portefeuille”, poursuit Pascal Bellemin. Et surtout de pouvoir toucher les plus gros comme Marseille ou Toulouse. “Alors, bien sûr que nous souhaitons être partenaire de la centrale et être utile à la construction de l’offre. Maintenant, on redoute que l’on nous impose une drastique baisse de prix sur des produits dont les coûts de fabrication sont déjà fortement tirés vers le bas”, indique le patron de Carrare qui, sur un marché ouvert par essence, s’interroge sur la force du référencement. “L’enjeu est important. On se battra pour ne pas perdre ces marchés et on espère que la fidélité au réseau paiera. L’objectif est d’être reconnu comme un fournisseur de proximité. Alors, dans l’immédiat, on occupe le terrain!”