Île-de-France Dernier rendez-vous avant la trêve estivale, le conseil d’administration du Syndicat des transports d’Île-de-France (Stif) s’est tenu le 6 juillet. Dévoilant sa feuille de route pour les cinq prochaines années, le gestionnaire s’est taillé un programme sur mesure.
DEPUIS que le Grand Paris a renforcé l’exposition médiatique des transports franciliens, le Stif redouble de motivation. À l’ordre du jour de son conseil d’administration du 6 juillet dernier, les propositions étaient nombreuses et la rentrée s’annonce chargée. Fixant des échéances à court terme, cette séance, présidée par Jean-Paul Huchon, président du Stif et du conseil régional d’Île-de-France, a placé la barre relativement haut. Ce qui n’est pas pour déplaire aux départements les plus récompensés. “Chaque jour, chaque semaine, l’Essonne gagne des points. Mais nous savons que ces projets sont parfois longs à mettre en place. C’est pourquoi nous restons vigilants. Le conseil général continuera à se mobiliser pour l’Essonne, aux côtés du Stif et du conseil régional”, promettait Jérôme Guedj, président du conseil général de l’Essonne et administrateur du Stif, dans un communiqué à l’issue de la réunion. De son côté, Hervé Marseille, vice-président du conseil général des Hauts-de-Seine, se rejouit également des décisions votées: “Nous avons mis deux dossiers importants sur la table et les conventions ont été approuvées.”
Avant de trancher sur les projets départementaux, le Stif s’est d’abord attaché à détailler sa stratégie régionale. “La problématique liée à la maîtrise foncière des terrains nécessaires à la réalisation des projets de transports et à l’aménagement autour des gares et stations est l’un des enjeux majeurs en Île-de-France pour les années à venir, compte tenu notamment de la rareté des terrains disponibles”, expliquait le Stif dans sa synthèse. D’où l’enjeu de la signature d’une convention avec l’Établissement public foncier d’Île-de-France (EPFIF). À la clé: un accès à une information privilégiée sur le foncier disponible et/ou acquis par son nouveau partenaire, une possibilité d’acquisition de terrains ou un portage foncier et financier supporté par l’organisme en cas de rachat de certains terrains par le Stif. Toujours au chapitre politique “générale”, l’expérimentation de bus hybrides a également fait l’objet d’un vote. “Nous nous investissons dans ce projet avec la RATP afin de tester les performances, la fiabilité, l’impact sur l’environnement et les coûts d’exploitation de cette technologie”, soulignait le Stif dans son compte rendu. Sur le terrain, les bus démonstrateurs seront testés sans voyageurs mais lestés à mi-charge, pour une durée de six à douze mois. Plusieurs modèles ont déjà été retenus: Heuliez GX427 Hybrid (18 m), Irisbus Citelis S Hybrid (12 m) et Man Lion’s City Hybrid (12 m). À l’issue de ces premiers essais, trois lots de cinq à quinze véhicules hybrides seront ensuite expérimentés en grandeur nature, sur un ensemble de lignes. Côté réseau, les premiers travaux du pôle RER de Châtelet-les Halles devraient débuter en fin d’année pour une échéance fixée à fin 2015. Ils comprendront la création d’un nouvel accès aux espaces souterrains, le prolongement des accès existants aux espaces souterrains et le réaménagement de la salle d’échanges RER de Châtelet-les Halles. Une opération d’environ 164 millions d’euros qui sera cofinancée par la région, la ville de Paris et la RATP. Également abordé début juillet, le développement de solutions de transport alternatif a débouché sur l’élaboration d’un schéma directeur vélo, baptisé Véligo, prévoyant des consignes collectives de stationnement sécurisées et accessibles aux détenteurs de la carte Navigo dans seize gares franciliennes. Dernière mesure transversale: la gratuité des transports pour les 17 000 Franciliens de 16 à 25 ans engagés dans un dispositif régional de formation et d’insertion professionnelle. Financée à 100 % par la région, cette nouvelle mesure entrera en application dès le 1er octobre 2011.
Avec le lancement des études de la future ligne de tramway entre Antony (Croix-de-Berny) et Clamart (Place du Garde), le Stif entend favoriser l’émergence d’un nouveau mode de déplacement à l’échelle communale et plus généralement à l’échelle départementale. Une initiative qui devrait se traduire par un parcours de 8,4 kilomètres, douze stations et un déploiement sur trois communes, Antony, Châtenay-Malabry, le Plessis-Robinson et Clamart, totalisant 160 000 habitants. Prochaines étapes de ce chantier: la présentation du projet au public dans le cadre d’une concertation préalable fin 2012 et une enquête publique prévue en 2014. Si ce calendrier est respecté, cette nouvelle ligne rejoindra le bataillon de douze projets de tramways, dont quatre devraient être mis en service en 2012 avec les prolongements des T1, T2, T3 et T5. Pour l’heure, cette extension du T1 entre le futur terminus du T1 prolongé, Asnières-Gennevilliers-Les Courtilles, et le T2 à Colombes en cours de réalisation jusqu’au pont de Bezons sera présentée au grand public en octobre et en novembre 2011 lors de quatre réunions dans les trois communes traversées. D’environ six kilomètres pour onze à douze stations, cette ligne devrait être inaugurée en 2017 et pourrait, selon les prévisions du Stif, transporter entre 80 000 et 108 100 voyageurs au quotidien à horizon 2020. Coût de l’opération: 260 millions d’euros. De son côté, le T3, qui ajoutera, dès 2017, huit stations et 4,7 kilomètres d’itinéraire entre la porte de la Chapelle et la porte d’Asnières, a terminé son tour de chauffe avec une concertation préalable organisée en février dernier. “Nous poursuivons les études du projet sur les bases du tracé soumis à la concertation, la réalisation du dossier d’enquête publique et toutes les études afférentes”, assure le Stif. Là aussi, la fréquentation attendue flirte entre 80 000 et 175 000 voyageurs au quotidien. D’un point de vue financier, ce chantier devrait nécessiter un budget de 205 millions d’euros pour les infrastructures et équipements, et environ 41 millions d’euros pour l’achat du matériel roulant. Autre concertation en perspective: celle du TZen 4, qui reliera en 2015 les communes de Viry-Châtillon et de Corbeil-Essonnes en quarante-cinq minutes, via Grigny, Ris-Orangis, Courcouronnes et Evry, prévue dans les six communes concernées du 17 octobre au 2 décembre 2011. D’une longueur de 14,3 kilomètres pour 28 stations, cette ligne utilisera un couloir de bus existant sur 7,4 kilomètres et sera connectée au TZen 1, RER D, réseau de bus local et futur tram train entre Massy et Evry. Prévoyant un coût d’exploitation annuel compris entre sept et neuf millions d’euros et un budget d’équipements roulants avoisinant dix millions d’euros, le Stif ne sera pas le seul à mettre la main à la poche. Si les études préalables sont financées à parts égales par la région Île-de-France et le conseil général de l’Essonne, l’exploitation et le matériel roulant restent entièrement à la charge du gestionnaire. Profitant de cet appel d’air, le dossier du TZen 5, reliant la Bibliothèque François Mitterrand à la gare de Choisy-le-Roi, via les Ardoines (commune de Vitry-sur-Seine) en trente minutes, poursuit également son chemin avec un début des études de réalisation démarrant en septembre pour une présentation au public programmée au second semestre de l’année prochaine.
Figurant également parmi les priorités du Stif: plusieurs projets de liaisons en site propre se confirment. Parmi eux, le prolongement de la ligne reliant l’École Polytechnique (91) au Christ de Saclay (91). À la clé: un public potentiel de 73 000 habitants et 39 000 salariés. Terminant l’ensemble des études précédant le début des travaux, le gestionnaire espère démarrer l’enquête publique fin 2011. Avec neuf nouveaux bus articulés de grande capacité dont certains circulent déjà sur la ligne depuis le mois de juin avec une fréquence de cinq minutes aux heures de pointe, ce tronçon de 6,5 kilomètres desservira onze stations et traversera cinq communes: Saclay, Saint-Aubin, Gif-sur-Yvette, Orsay et Palaiseau. En parallèle, ce chantier prévoit également la réalisation de pistes cyclables et de cheminements piétons tout au long de son tracé. Un projet dont l’addition pourrait s’élever à 54,5 millions d’euros. Sur le même mécanisme, les voyageurs du Val-de-Marne inaugureront le prolongement de la ligne 8 du métro avec une station supplémentaire, baptisée Créteil-Pointe du Lac, et une voie en site propre pour les bus entre Sucy-Bonneuil (Sucy-en-Brie) et le carrefour Pompadour (Créteil) dès septembre. Dotée d’un budget de 82,9 millions d’euros, cette extension sera financée par la Région (42 %), l’État (22,5 %), la RATP (15 %), le conseil général du Val-de-Marne (9,7 %) et la communauté d’agglomération Plaine Centrale (7,6 %). Dernière réorganisation: le prolongement de onze kilomètres dont 6,4 kilomètres de site propre de la ligne reliant Villejuif, Sucy-Bonneuil et Thiais sera effectif dès le 10 septembre. Desservant désormais vingt stations dont dix en commun avec le TVM (Trans Val-de-Marne) et dix autres sur la nouvelle infrastructure, cette ligne permettra un accès rapide au RER A, au nouveau terminus de la ligne 8 et, en 2014, au RER D en gare du Val Pompadour. Ici aussi, la région, l’État et le département du Val-de-Marne contribueront au financement des 83,81 millions d’euros nécessaires au projet respectivement à hauteur de 46,6 %, 33,7 % et 19,5 %.
Au lendemain de son conseil d’administration, le Stif a rencontré la Société du Grand Paris pour discuter des modalités de coordination de la réalisation des projets de métro automatique du Grand Paris. Objectifs: veiller à la cohérence de l’ensemble des services de transport, anticiper les impacts sur les coûts pour l’exploitation, l’entretien et la maintenance des infrastructures, intégrer les nouvelles infrastructures au réseau régional.
À l’issue de cette rencontre, les deux parties ont convenu de signer une convention à l’automne prochain.
