Grande-Bretagne Le 8 septembre dernier, Bombardier présentait à Blackpool le premier tramway de sa nouvelle plate-forme, le Flexity 2. Un matériel promis à un grand avenir par le constructeur et qui va rouler dès avril 2012 dans un réseau à l’empreinte historique et touristique originale.
LE RÉSEAU de tramways de Blackpool, au nord-ouest de la Grande-Bretagne, est le premier au monde à bénéficier des matériels de la nouvelle gamme Flexity 2 de Bombardier, commandés par le Blackpool Council et le Lancashire County Council, autorités organisatrices des transports. Un réseau se résumant à une longue ligne s’étirant sur 18 km et desservant une soixantaine de stations. Du nord au sud, le tram structure la promenade du front de mer où alternent maisons et hôtels victoriens aux couleurs acidulées, bâtiments aux lignes épurées des années 1930, parcs d’attraction aux décors kitchissimes, salles de jeux, stands de fish and chips, kiosques et jetées métalliques datant de la fin du XIXe siècle. Sans oublier l’incroyable Blackpool Tower avec ses 158 m de hauteur, un pastiche de la tour Eiffel et un centre d’attraction construit… en 1894!
Cette ligne joue un rôle majeur d’axe de transport urbain et touristique (75 % des 4 millions de voyageurs annuels) car elle est desservie par une importante flotte de matériels historiques (encadré). La nécessité d’accroître l’offre en proposant un cadencement jusqu’à trois minutes aux heures de pointes a conduit les autorités locales à acquérir une série de matériels modernes, le choix s’étant porté sur la nouvelle gamme des Flexity 2 de Bombardier. Soit 16 rames destinées à fonctionner en parallèle avec les trams anciens, voire à assurer la totalité du service en périodes creuses, hors week-ends et saison touristique.
Choix qui a nécessité de nombreuses adaptations. Côté infrastructures, avec réfection de la voie et des équipements de signalisation et d’alimentation électrique (portée à 0,6 kV au lieu de 0,55 kV) et création d’évitements en stations afin de permettre les intervalles de cadencement exigés, impliquant des possibilités de dépassement entre rames “modernes” et “historiques”. Côté véhicules, Bombardier a adapté les pantos à la hauteur inusitée (5 m) d’une caténaire dimensionnée pour des rames à deux niveaux (seul le réseau d’Hong Kong en possède encore aujourd’hui, ndlr). Un investissement de 100 millions de livres (120 millions d’euros) incluant infrastructures, matériels et nouveau dépôt.
Le jour de l’inauguration, Simon Blackburn, dirigeant du Blackpool Council, conscient du rôle de laboratoire du Flexity 2 joué par l’agglomération, évoquait “les opportunités offertes par l’investissement public”, tandis qu’André Navarri, président de Bombardier Transportation rappelait l’importance de la somme des “technologies intelligentes regroupées dans le Flexity 2”. Une nouvelle offre tram que le groupe lance à la conquête du marché mondial… depuis Blackpool.
FAIRE LE PLEIN DE NOUVEAUTÉS
Les impatients vont être servis. Un mois avant l’ouverture du salon de Busworld Courtrai (21 au 26 octobre), les constructeurs dévoilent le contenu de leurs stands. Comme à son habitude, le plus grand salon de l’autocar mettra en scène une kyrielle de nouveautés. Ainsi, Mercedes prendra de l’avance sur son temps en dévoilant son premier autocar équipé d’un moteur Euro 6. C’est le Travego qui a été choisi pour faire le premier pas. Ce Travego Édition 1 ne se contente pas de présenter du neuf sous le capot. La marque à l’étoile l’accompagne d’une nouvelle boîte de vitesse robotisée et d’un poste de conduite redessiné. Mercedes profite de cette occasion pour une nouvelle fois se montrer pionnier en matière de système de sécurité active, avec un dispositif de détection de la somnolence. L’autre star du stand sera le nouveau Citaro, que le constructeur avait dévoilé en mai dernier (Bus & Car no 882) et qui fera à Busworld sa première grande sortie internationale.
Un salon auquel ne participera pas Michael Göpfarth qui a quitté son poste de directeur des ventes autobus et autocars Mercedes au niveau mondial pour intégrer le secteur pharmaceutique.
Son remplaçant devrait faire ses premiers pas à l’occasion de Busworld. Mais l’une des principales sensations du salon sera offerte par le local de l’étape. Van Hool va y dévoiler sa gamme TX, qui vient en remplacement de la génération T9. Ainsi, tous les modèles du constructeur, de l’Alicron à l’Astromega, seront déclinés sous ce nouveau standard. Van Hool promet des véhicules entièrement neufs et optimisés, avec un design innovant mais respectueux de l’image du constructeur. Aussi, on peut s’attendre à une douce révolution, avec tout de même une allure plus sportive. Le poste de conduite a été entièrement retravaillé, l’habitacle aussi. Les modèles exposés seront en Euro 5, mais l’espace dédié au moteur a été conçu pour accueillir les blocs répondant à la future norme.
L’HYBRIDE ABORDABLE?
Le consortium Flybus (Torotrak, Optare, Allison Transmission et Ricardo UK) a récemment présenté un prototype de son système d’hybridation monté sur un minibus Solo de chez Optare. Le système Flybus récupère l’énergie cinétique lors du freinage a l’aide d’un volant qui la stocke avant de la retourner dans les roues au moment de la reprise de l’accélération. Le système devrait permettre d’économiser 10 % de la consommation de carburant.
Le principal avantage du Flybus est son coût. Selon le consortium, il serait considérablement plus bas que les solutions hybrides-électriques traditionnelles… À suivre.
→ Composition: 5 caisses articulées.
Véhicule bidirectionnel (2 cabines de conduite).
→ Longueur: 32,2 m et 100 % de plancher bas.
→ Hauteur: 3,42 m (plus pantographes surdimensionnés en hauteur).
→ Largeur: 2,65 m (un gabarit ferroviaire ménageant la possibilité d’un tram train envisagé à l’échelle du Comté via les deux gares Nord et Sud de Blackpool).
→ Nombre de portes: 8 (4 par face) avec accessibilité PMR.
→ Poids: 56,7 tonnes en charge maximale.
→ Courant de traction: 0,6 kV.
→ Puissance: 120 kW (2 bogies moteur et 1 bogie porteur en caisse centrale).
→ Vitesse maximale: 70 km/h.
→ Accélération et décélération: 0,5 m/s2.
→ Capacité: 222 voyageurs, dont 74 assis.
Le réseau de trams de Blackpool, mis en service en septembre 1885 et électrifié d’origine, est issu de l’essor de cette station balnéaire du nord-ouest de l’Angleterre, qui a draîné durant la seconde moitié du XIXe siècle les estivants des grandes agglomérations de Manchester et Liverpool. À son apogée, en 1927, le réseau totalisait une trentaine de kilomètres de lignes réduites, dès l’avant-guerre, à l’actuel axe nord-sud structurant la ville. Équipé durant le début des années 1920 des premières motrices à impériales modernes fermées des tramways britanniques, il a bénéficié de 1933 à 1938 d’une profonde modernisation avec l’introduction des motrices Balloon, du matériel moderne anglais à deux niveaux, inspiré des PCC américains, notamment équipés d’un escalier intérieur et du chauffage électrique! Avec les Brush Cars à un niveau construits durant les années 1940-1950, ces matériels composent la grande majorité des 61 véhicules du parc historique.
Collection prestigieuse qui a bénéficié de motrices issues d’autres réseaux britanniques disparus, et souvent utilisée pour le cinéma ou la télévision. D’autant qu’une longue tradition festive existe autour du tram de Blackpool. Le matériel du réseau a été utilisé dès la fin du XIXe siècle pour les animations, attractions et illuminations qui assurent la réputation populaire de la station. Comme en témoignent les décors lumineux permanents répartis au long du front de mer et qui alternent différentes silhouettes ornées de guirlandes agrémentant les caténaires du tram comme les supports tarabiscotés des éclairages publics. S’ajoutant aux décors lumineux qui ornent les établissements de jeux et de spectacles, véritables ancêtres des actuels parcs de loisirs. Dans ce contexte, le tramway n’est pas en reste avec des véhicules illuminés le soir à la manière des chars de carnaval. Comme les motrices Boat Cars carrossées en barques, celles transformées en train du Far West ou différents modèles de véhicules équipés d’impériales ouvertes… et couvertes, tenant compte des caprices de la météo.
