Bridgestone Academy Le manufacturier japonais Bridgestone initie et forme la France à l’univers des pneumatiques avec la création de la Bridgestone Academy. Grâce aux moyens du centre APTH du Creusot, les clients finaux peuvent découvrir en situation le poids du pneumatique dans les économies d’énergie et la sécurité.
AVEC environ 5 % des charges de l’entreprise, le poste "pneumatiques" est une dépense incontournable et difficilement compressible. Bridgestone souhaite aider les clients finaux, qu’ils soient dirigeants d’entreprises, responsables de parcs ou formateurs d’entreprises, à mieux appréhender le pneumatique. Il est le seul manufacturier à faire ce type de travail de vulgarisation en France. À ce jour, les seules formations dispensées par les manufacturiers ne concernaient que les opérateurs travaillant directement sur les pneumatiques (ateliers intégrés, centres de montage). Bridgestone propose d’ailleurs ce type de formation professionnelle dans le cadre de l’École du pneu et du train roulant. Une formation de quatre jours qui entre dans le cadre du budget formation professionnelle et peut intéresser les responsables de parcs. Elle coûte 500 euros HT pour le poids lourd et s’effectue dans les locaux de la SLBR, le rechapeur du groupe Bridgestone Firestone France, basé à Chaponost près de Lyon.
La Bridgestone Academy, d’une durée d’un jour, est plus généraliste dans sa vocation. Elle est offerte aux clients et se déroule au Creusot. Son but? Sensibiliser les transporteurs sur le développement durable et le risque routier. Si le lien avec le pneu n’apparaît pas d’emblée, il est pourtant évident. La preuve: une mauvaise pression a un impact direct sur les consommations, la sécurité et la longévité kilométrique du pneumatique. “Ce n’est que lorsque les pressions sont faites correctement que l’on peut alors parler de l’optimisation de la résistance au roulement”, explique Michel Merle, formateur Bridgestone. Ce dernier facteur lié au pneumatique entre pour 20 % des forces qui s’opposent à l’avancement d’un véhicule lourd. Deuxième facteur, indépendant du véhicule mais tout aussi majeur, le conducteur. C’est en partant de ces deux postulats qu’a été établi le programme de la Bridgestone Academy.
Mis en place au mois d’avril 2011, ce stage a pour ambition d’initier les participants au développement durable et à la sécurité routière. Le sujet crédit carbone, trop méconnu dans le monde du transport routier, est abordé ici de façon assez complète lors de la présentation théorique du matin. Pour le transport de voyageurs, l’Association technique énergie et environnement (ATEE) a homologué deux actions. L’une relative au choix d’un autobus doté de pneus extra-larges sur les essieux moteurs (de 7 600 à 46 000 kWh cumac de crédit carbone alloués sur la durée de vie du contrat d’entretien lié aux pneus). L’autre liée au crédit carbone suite à la formation d’un conducteur à la conduite économique (3 000 kWh cumac alloués pour les autocars et autobus). Thierry Jullien, chef de centre APTH Le Creusot, évoque un ratio intéressant et méconnu relevé dans les transports de marchandises (données issues du groupe Charles André): “Pour 1 euro de gazole préservé, on peut compter 1 euro économisé sur l’usure du véhicule.” Évidemment, les pneus sont ici les premiers concernés au même titre que les éléments de friction tels qu’embrayage ou plaquettes et disques de freins.
Le risque routier et la conduite rationnelle constituent les deux thèmes de l’après-midi avec mise en situation à bord des véhicules de l’APTH. Ce sont des camions, tracteurs isolés sur les pistes basse adhérence, ou porteurs 19 tonnes pour la partie dédiée à la conduite rationnelle. Il est potentiellement possible pour une entreprise de venir avec ses propres véhicules. Il faut toutefois que celui-ci soit doté d’une prise ODB ou FMS pour pouvoir être instrumenté afin de mesurer la performance du conducteur lors de sa session sur route. Au cours des stages, les gains moyens à l’APTH ont été de 3 litres pour 100 km. À la fin de cette année, ce seront 146 clients utilisateurs qui auront participé à la Bridgestone Academy à raison de groupes qui comptent entre 7 et 8 personnes. Mais à la différence des célèbres jeux de télé-réalité, tous devraient sortir gagnants de l’académie. Suite au prochain épisode.
Olivier Guerin, directeur des Cars Simplon (180 véhicules en parc), a fait partie de l’une des premières sessions de la Bridgestone Academy fin mai 2011. Invité en qualité de client de la marque, il en est ressorti convaincu: "Mon ressenti est excellent. Je n’ai pas perçu de gêne du fait de la présence de poids lourds sur la piste. Pour la culture personnelle, c’est toujours intéressant de croiser d’autres professionnels. Le pneumatique est un domaine pointu, contenant beaucoup de technologie, que l’on a besoin de connaître. Il est vrai qu’au quotidien, dans nos métiers, le pneu est peu respecté alors que c’est un poste important dans nos coûts d’exploitation, probablement davantage que dans le transport de marchandises." Ceci l’a amené à une réflexion plus générale sur la formation: "Le permis et la Fimo ne suivent pas l’évolution technologique des matériels. Lesquels sont de plus en plus dotés d’aides à la conduite et d’assistances. J’étais contre les boîtes robotisées mais j’ai changé d’avis avec le temps: aujourd’hui on ne peut plus s’appuyer sur la valeur du conducteur. Le programme de ces formations à la conduite économique devrait être inclu dans celui des Fimo et FCO." Franck Beaurain, responsable de la formation, qui a également supervisé la rédaction de la Charte CO2 de l’entreprise Maisonneuve, confirme son intérêt pour de tels stages. Il regrette d’ailleurs que les manufacturiers ne se soient pas davantage impliqués sur ces questions jusqu’ici et avoue qu’il aurait bien aimé découvrir la Bridgestone Academy. "Je suis toujours intéressé par des expériences et des échanges avec d’autres professionnels pour enrichir le contenu de nos FCO", rappelle-t-il.
Bridgestone Firestone France a invité des journalistes de la presse professionnelle à suivre une session de la Bridgestone Academy au Centre technique de l’APTH du Creusot. Bus & Car a répondu présent. Hormis la présentation de la gamme de pneumatiques, le programme était le même que celui suivi par les stagiaires. Pour les activités de l’après-midi, le groupe était scindé en deux parties: l’une sur la route avec la conduite d’un camion 19 tonnes (en l’espèce un Renault Premium Route de 380 ch doté de la boîte robotisée Optidriver2); la seconde travaillait sur les ateliers basse adhérence de l’APTH avec des tracteurs solos. La partie conduite rationnelle n’offre guère de surprises hormis un logiciel de suivi de conduite très complet prenant en compte les accélérations latérales subies par le véhicule pendant le roulage. Une information très pertinente dans le cadre de la conduite d’autocar. Le travail avec le formateur a surtout porté sur l’anticipation, le premier parcours d’une vingtaine de kilomètres ayant révélé quelques "surprises" aux intersections. Evidemment, le fait de connaître l’itinéraire au second passage donne automatiquement des résultats spectaculaires sur la consommation moyenne ainsi que sur les mesures d’accélérations latérales. Conduire un camion n’est ici pas trop pénalisant. En effet, la puissance du véhicule (380 ch), sa masse totale (19 tonnes) et sa longueur (un peu moins de 12 mètres) font que l’on a un ressenti assez similaire à celui d’un autocar. Reste l’éternelle question des porte-à-faux, très différents. Le bilan à chaud effectué à l’aide des outils utilisés par l’APTH est intéressant car on visualise encore bien les endroits où la conduite était perfectible. La partie sur piste est évidemment faussée par l’utilisation de tracteurs routiers isolés: les rapports poids puissance sont ici clairement disproportionnés, sans parler du comportement très particulier d’un tracteur solo comparé à un autobus ou un autocar en terme de stabilité. Mais on perçoit très bien les effets de la vitesse sur les distances de freinage, surtout que les pistes de l’APTH sont à faible adhérence (50 % du coefficient correspondant à un revêtement sec et granuleux). On mesure aussi combien le "coup de volant" est une échappatoire bien illusoire lorsque le danger survient devant vous.
Mais, pas de panique, ici le péril est représenté par de pacifiques rideaux d’eau. Seul regret: la partie théorique n’évoque pas la question de la géométrie des trains roulants ni de l’interprétation des défauts d’usure des pneumatiques. Ce domaine est réservé aux "praticiens" suivant la formation de l’EPTR de Chaponost près de Lyon.
