Newsletter S'inscrire à notre newsletter

Magazine

“Notre avenir passera nécessairement par Man”

Interview L’inventeur du car scolaire à la française ne se lasse pas d’étoffer sa gamme. Un an après le lancement du Scoler 4 avec Renault, il réaffirme son engagement avec Man en lançant une nouvelle version du Starter. Un nouveau chapitre s’ouvre pour Fast Concept Car et Xavier Ringeard, son président, dévoile les nouvelles histoires qu’il compte écrire.

Un an après le lancement de votre Scoler 4 sur châssis Renault Midlum où en êtes-vous sur le plan commercial?

– Xavier Ringeard: Le succès est au rendez-vous, il répond à nos attentes. Nous avons livré une quarantaine de véhicules et totalisons 120 ventes, soit l’intégralité de notre production 2011. Ainsi, ce nouveau produit connaît un démarrage en douceur. Le volume de ventes n’a pas explosé, mais cela permet de bien maîtriser les débuts du modèle. Nous avons également grandement profité du réseau Renault. Les concessionnaires ont réservé un très bon accueil à notre produit. Ils ont réalisé un bon nombre de ventes directes, ce qui n’est pas commun dans notre profession. Nous avons bénéficié de l’excellent relationnel qu’ils entretiennent avec les autocaristes.

Vous mettez en avant les avantages économiques de votre véhicule.

Le contexte de crise vous a-t-il été favorable?

– Malheureusement oui car, avec le Scoler 4, nous répondons à la problématique de la baisse des marges qui touche de plein fouet les transporteurs. Les autorités organisatrices leur demandent de faire des efforts sur le matériel utilisé et sur leurs prétentions financières, d’où un effet de ciseaux difficile à supporter. Or le prix d’achat des véhicules est un des seuls leviers dont disposent les autocaristes pour faire baisser le coût du transport dans leurs réponses aux appels d’offres. Mais le Scoler 4 deviendra d’autant plus précieux lorsque la situation économique se sera améliorée car les transporteurs conserveront leurs marges. Le seul élément où nous avons encore nos preuves à faire concerne les économies à l’exploitation.

La sortie d’un car scolaire sur un châssis camion a-t-il été bien perçu par les élus et les associations?

– Il est vrai que la lecture de la fiche technique peut faire redouter le côté camion du véhicule. Sa découverte ne laisse aucun doute sur son identité d’autocar et les tests roulants balayent toutes les craintes. Nous avons réussi le mariage du meilleur des deux mondes. Mais l’opération n’a pas été naturelle. De nombreux transporteurs nous ont demandé de présenter le véhicule à leurs autorités organisatrices afin de lever toutes ambiguïtés. Nous avons ainsi reçu une vingtaine de départements dans notre usine d’Alençon. En parallèle, nous avons réussi à séduire l’Anateep (Association nationale pour les transports éducatifs de l’enseignement public, ndlr), qui partait avec un a priori négatif sur notre concept. L’association est clairement opposée au “car camion”, nous avions cœur de leur montrer que le Scoler 4 n’entrait définitivement pas dans cette catégorie. Nous nous sommes ainsi prêtés au jeu de leur test de sécurité, et l’article paru dans leur revue est particulièrement positif.

Pourriez-vous décliner le concept du car scolaire sur châssis camion?

– Nous avons dans l’idée de faire du Scoler 4 une gamme de produits. Ainsi, une variante de 10,5 mètres est envisagée voire même une version de six mètres sur base Mascott. La réflexion est en cours avec Renault Trucks.

Peut-on dire que ces développements sonnent en quelque sorte le glas de votre coopération avec Man?

– Absolument pas. Le Scoler 4 est un complément de la gamme Fast/Man qui reste notre cœur de métier historique et d’avenir. Le nouveau modèle Starter L que nous lançons à Courtrai en apporte la plus belle des preuves. Ce véhicule ne se contente pas de présenter une nouvelle face avant et un arrière redessiné. Avec notre partenaire Man, nous avons su trouver la solution pour répondre aux nouvelles exigences d’homologation européenne unique entrée en vigueur en octobre tout en conservant une capacité optimisée de 63 places, dans le plus strict respect des normes d’accessibilité. Cela répond à l’attente de nos clients français et belges et représente un réel avantage concurrentiel sur lequel nous comptons asseoir notre développement. Son entrée en production est prévue pour l’an prochain, au mois de mars, mais nous prenons les commandes dès l’ouverture du salon.

Que deviens votre Starter LE sur lequel intervient le carrossier égyptien MCV?

– Il fait aussi sa première sortie mondiale à Busworld Courtrai. Il est déjà référencé chez différents groupes et transporteurs désireux de répondre à des appels d’offres suburbains. Je vois un bel avenir pour ce type de matériel. Mais pour que le “low entry” devienne le véhicule suburbain ou interurbain de demain il est essentiel qu’il se rapproche davantage de la philosophie de l’autocar que de celle de l’autobus. Ainsi, il faut qu’à la capacité et l’accessibilité, il ajoute une garde au sol et un comportement routier dignes d’un autocar.

Otokar est sur le point de monter une structure dans la région parisienne. Est-ce le signe d’une volonté de reprise en main de leurs activités hexagonales voire européennes?

– Ce n’est pas le cas. Et j’accueille cette création comme une excellente nouvelle. Otokar lance en France, son premier marché européen, un service de support export de proximité pour épauler ses différents représentants européens. Cette nouvelle équipe sera dirigée par Ali Murat Atlas, anciennement chez Temsa Europe, qui connaît bien le milieu et le secteur d’activité. Il deviendra notre interlocuteur privilégié. Auparavant, nous discutions avec la personne également en charge des activités industrielles militaires d’Otokar. Il sera beaucoup plus simple de traiter avec une personne dédiée à l’activité transport de personnes et basée en Europe. Nous profitons de Courtrai pour éroder également notre gamme Otokar. Ainsi, nous proposons le Vectio SH qui est enfin accessible. Et ce modèle, comme le Navigo, garde la même capacité malgré le passage à la nouvelle réglementation en matière d’aménagement. Par ailleurs, nous étudions toujours les opportunités d’introduction du Centro sur le marché français. En revanche, le Kent ne correspond pas à notre stratégie.

Où en êtes-vous de vos projets en matière de développement durable, notamment l’autocar solaire?

– Le Starter hybride solaire est toujours en phase d’exploitation expérimentale. Les panneaux installés sur le toit alimentent notamment une climatisation réversible, signée Thermo King. Nous relevons les données tous les mois, cette phase d’étude va prendre encore beaucoup de temps. Nous sommes toujours en cours d’homologation des panneaux solaires souples, ce qui nous permettrait d’industrialiser la production et de passer dans une nouvelle phase. Mais tout cela demande de la patience, le temps de la recherche et de l’expérimentation n’est pas celui de l’industrie. Il faut l’accepter. Au-delà de l’autocar, la fondation Océan Vital multiplie les partenariats. Ainsi, nous travaillons sur le projet Tigre avec Renault Trucks. Dans le cadre de ce projet, nous recouvrons une semi-remorque de panneaux solaires afin d’alimenter le groupe frigo. Avec Renault voiture, nous concevons une ombrière de panneaux solaires qui permet d’alimenter le système de recharge des voitures électriques en stationnement. Enfin, l’avenir de la fondation a été pérennisé grâce à la signature avec EDF, le 28 septembre dernier, d’un partenariat pluriannuel portant sur plusieurs millions d’euros. C’est surtout un fantastique encouragement qui valide la pertinence de nos projets.

Vous aviez aussi évoqué des travaux sur un autocar scolaire tout électrique. Comment avance ce projet?

– Scol Elec a été officiellement lancé en partenariat avec Renault Trucks et PVI. Fast fournit la carrosserie, certainement 100 % aluminium pour optimiser le poids; Renault Trucks, le châssis; et PVI, la chaîne cinématique électrique. Esthétiquement, il devrait être assez proche du Scoler 4 avec quelques retouches pour souligner le côté électrique. Notre objectif est de présenter un autocar scolaire 100 % électrique en 2014, les panneaux solaires s’inviteront certainement sur le véhicule.

Comment se passe votre développement européen? Répond-il à vos attentes?

– Notre récent déménagement dans des installations plus grandes et mieux équipées (Bus & Car no 886) confirme notre volonté de développement. Mais nous sommes encore dans une phase d’investissement qui n’a pas permis de récolter tous les fruits que nous espérions. On reste un peu en retard sur nos objectifs, la crise n’a pas aidé, c’est une évidence. Mais la nouvelle gamme lancée à Courtrai est mieux adaptée à nos ambitions. Nous réalisons aujourd’hui une cinquantaine de ventes à l’export par an, nous voulons passer à 200. Nous sommes présents dans le Benelux, en Angleterre et en Irlande via des importateurs et nous sommes en pourparlers avec des représentants potentiels, qui travaillent déjà avec Man, en Pologne et en Russie. Tout cela devrait nous permettre de placer Fast Europe au niveau espéré.

Retour au sommaire

Auteur

  • David Reibenberg
Div qui contient le message d'alerte

Envoyer l'article par mail

Mauvais format Mauvais format

captcha
Recopiez ci-dessous le texte apparaissant dans l'image
Mauvais format

Div qui contient le message d'alerte

Contacter la rédaction

Mauvais format Texte obligatoire

Nombre de caractères restant à saisir :

captcha
Recopiez ci-dessous le texte apparaissant dans l'image
Mauvais format