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Vortex assigné aux prud’hommes par 45 salariés de Marseille

Litige Après avoir ouvert une nouvelle agence à Marseille, ce spécialiste du transport de personnes à mobilité réduite (TPMR) et d’élèves handicapés a été assigné devant les prud’hommes par une partie de ses salariés. L’affaire n’empêche pas Vortex de continuer sereinement sa marche en avant.

PAS CONTENTS mais alors pas contents du tout, les anciens salariés de Mouv’idées (une filiale de Veolia) qui ont été intégrés dans les effectifs de Vortex, le nouveau prestataire désigné l’an dernier par le conseil général des Bouches-du-Rhône pour assurer les transports des enfants à mobilité réduite. Dans le quotidien régional La Marseillaise, Robert Carrey, l’ancien représentant syndical de la société Mouv’idées, dénonçait en janvier “des baisses de rémunération infondées sans aucune explication préalable” pour les 95 salariés (sur un effectif total de 220 personnes) qui ont accepté ce transfert. Selon lui, une coupe moyenne sur les salaires de 66 % aurait affecté la plupart des salariés depuis le 1er septembre. Éric Heudicourt, le pdg de Vortex, ne conteste pas ces chiffres mais assure que cette coupe correspond “à une lecture différente des contrats”. Il a, pour autant, accepté de “rectifier la situation, pour cette année, au plus tard fin février.” Comment expliquer ces écarts? Les salaires versés correspondent, selon lui, “exactement aux heures effectuées sur le terrain”, ce qui n’était pas le cas avec l’ancien prestataire. “Le problème – et c’est sans doute la raison pour laquelle nous avons été choisis –, c’est que les employés de Mouv’idées travaillaient moins que ce qu’ils étaient payés. Or, en bout de chaîne, c’est le client qui doit s’acquitter de la facture.” Éric Heudicourt affirme respecter scrupuleusement “le cadre légal et les grilles de salaires de la profession: 9,63 euros par heure, auxquels s’ajoutent 10 % de congés payés versés en août, le 13e mois fin décembre et une prime d’ancienneté.” L’inspection du travail se serait montrée particulièrement vigilante sur ce dossier et n’aurait “trouvé aucune anomalie”.

Une position ferme, et claire…

En septembre 2012, comme la loi l’y autorise, l’entreprise Vortex reprendra chaque contrat. À partir de la rentrée prochaine, la PME prévient d’emblée: “Nous ne paierons plus que ce qui est dû.” En région Paca, l’affaire a fait grand bruit.

Mais l’entreprise d’Éric Heudicourt assure être soutenue par le conseil général. Contactés, certains élus concernés n’ont pas souhaité commenter cette affaire, qui sera traitée par la justice au printemps.

La perspective d’affronter les prud’hommes ne fait donc pas peur au patron de cette PME installée à Evry (Essonne). Depuis que l’entreprise a réellement pris son envol en 2004, Éric Heudicourt n’a perdu qu’une seule fois face à d’anciens salariés. Dès que le mouvement de grogne s’est mis en marche en novembre, il est lui-même allé à la rencontre des conducteurs en colère pour sceller un accord “provisoire”. Cette charge “imprévue” est une perte sèche pour l’entreprise de plusieurs dizaines de milliers d’euros sur un marché estimé à 4 millions d’euros par an environ. D’où une volonté farouche d’y mettre fin rapidement. À l’avenir, les 220 salariés de l’agence de Marseille, ouverte en juillet dernier, ne pourront pas “s’attendre à avoir un temps plein chez nous.” Vortex cherche avant tout des conducteurs qui “ont besoin d’un complément de revenu, comme les retraités, des personnes en reprise d’activité, des femmes au foyer” pour compléter ses effectifs. Au mieux, un conducteur peut espérer grappiller entre 15 et 20 heures par semaine, “cela ne peut convenir à un père de famille de 25 ans qui n’aurait que ce revenu pour faire vivre les siens.

Vortex, une croissance à deux chiffres en 2012

Cet incident de parcours ne semble pas freiner la marche en avant de Vortex qui a réalisé une croissance exemplaire de 40 % entre 2010 et 2011 pour atteindre 42 millions d’euros de chiffre d’affaires. Fin 2012, la barre des 50 millions d’euros sera probablement dépassée. L’ouverture de l’agence de Clermont-Ferrand, de Lille et de Marseille l’an dernier a donné une autre dimension à cette PME partie de zéro. Éric Heudicourt a étendu son activité au transport scolaire classique et au TAD tout public. Son parc, composé de 2 700 véhicules – de la berline classique au minibus de 9 places en passant par le van aménagé de 6 places répartis dans une soixantaine de départements en France – lui donne aujourd’hui une force de frappe que fait beaucoup d’envieux. Grâce à ces prix défiants toute concurrence (de 20 à 30 % moins cher que la moyenne), Vortex réussit à l’emporter sur une “multitude de prestations” qui équivalent à près de 80 % des marchés proposés. Mais Éric Heudicourt refuse d’attribuer ces succès à ce seul argument: “Nous recrutons et formons des gens qui aiment travailler au contact des personnes handicapées. Notre savoir-faire est reconnu par chaque collectivité qui nous fait confiance, insiste-t-il. Nous ne sommes pas, comme j’ai pu le lire, des esclavagistes du XXIe siècle. C’est totalement faux! Mais nous ne ferons pas n’importe quoi pour acheter la paix sociale!

EXPRESS

ÉTHYLOTEST ANTIDÉMARRAGE

VERS UN COUP D’ACCÉLÉRATEUR?

Inquiète du retard de l’installation des EAD sur les véhicules en parc, La Direction générale des infrastructures, des transports et de la mer pourrait fixer des objectifs intermédiaires d’ici à 2015. Bus & Car s’est procuré le compte rendu du dernier point annuel sur la généralisation de l’équipement des EAD dans les autocars. Cette réunion du 19 janvier 2012 réunissait des membres du ministère, des industriels, des opérateurs et des permanents des instances représentatives (FNTV, OTRE et Unostra). On y apprend que depuis 2010, entre 8 000 et 10 000 autocars sont sortis d’usine équipés d’un EAD. En revanche, seul un cinquième du parc roulant, soit 5 000 autocars sur 65 000, aurait été doté de l’équipement en rétrofit. Un rythme jugé trop lent, qui ne permettrait pas d’atteindre la barre de 50 % d’ici à 2015.

Pas le moment de souffler

La DGITM émet deux hypothèses pour expliquer ce manque d’entrain à l’installation. La date butoir du 1er septembre 2015 serait ainsi jugée trop lointaine, incitant les transporteurs à se dire qu’ils ont encore largement le temps de se pencher sur la question. Mais la DGITM ne se contente pas de reprocher leur manque de bonne volonté aux autocaristes. Il semblerait que les deux tiers des Caisses d’assurance retraite et de la santé au travail traînent des pieds pour mettre en œuvre le financement des EAD comme il avait été convenu dans le cadre de la Convention nationale d’objectifs (CNO) signée en mai 2010 entre la Cnam-TS, la FNTV et l’Unostra.

Vers une course à étape

La DGITM a déjà prévu de prendre contact avec la CNAM-TS afin de comprendre où se situaient les points de blocages des financements et permettre ainsi la mise en œuvre de la CNO. Il a également été rappelé qu’il était totalement inenvisageable de reporter l’échéance du 1er septembre 2015. Or, si la campagne de rétrofit ne connaît pas un coup d’accélérateur, le sprint final promet de tourner à la foire d’empoigne. Aussi, pour éviter les bousculades dans les ateliers d’installation, la DGITM va examiner l’opportunité de compléter le dispositif actuel par la fixation d’objectifs intermédiaires de rétrofit. Les transporteurs qui voulaient souffler un tant soit peu avant de s’attaquer au "col" de l’EAD vont sans doute être contraints à changer de braquet.

David Reibenberg

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Auteur

  • Xavier Renard
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