Le temps suspend son vol. À l’heure où vous lisez ces lignes, les urnes ne sont pas encore pleines et personne n’a officiellement le nom des deux candidats qui s’entretueront au prochain tour, même si tout le monde a tout de même une petite idée derrière la tête. En attendant, progressivement, la France se fige, les langues se lient, tous les regards se portent désormais vers l’éphéméride à la date du 6 mai. Le pire, voyez-vous, c’est que nous savons que tout cela va perdurer au mois de juin, législatives obligent, et au mois de juillet, dans l’attente de la composition du nouveau gouvernement. Avec un mois d’août traditionnellement consacré au bain de soleil et au passage en force d’impopulaires augmentations tarifaires, le pays se réveillera donc début septembre, avec ou sans gueule de bois. Comme vous l’avez découvert dans notre précédent numéro, si le transport public est loin d’être au cœur des préoccupations de toutes les équipes de campagne, certaines évolutions politiques envisagées par les deux challengers pressentis pour la finale auront des incidences fortes sur le devenir de ce secteur. Côté François Hollande, par exemple, si le pacte passé avec les Verts est respecté, il va sans dire que la présence à l’Assemblée nationale d’une vingtaine de députés écologistes pourrait influer sur quelques grandes orientations en matière d’infrastructure et de transport. De même, la vision du candidat socialiste sur la gouvernance des collectivités territoriales – qui, rappelons-le, lui sont majoritairement acquises – permettra peut-être de débloquer certaines situations peu propices au développement de l’intermodalité, cheval de bataille d’un bon nombre d’autorités organisatrices. Enfin, parmi les mesures “en marge” du transport, la séparation promise des établissements bancaires en deux univers bien distincts (dépôts et financiers) pourrait peut-être donner un peu d’air aux entreprises en mal de crédit. Face à lui, le candidat président envisage surtout de poursuivre sur sa lancée. Une bonne nouvelle pour le projet de loi sur les lignes d’intérêt national en autocar et les tenants de la libéralisation du rail. Un peu moins pour les collectivités, à qui l’on demandera quelques efforts financiers supplémentaires pour participer au redressement du pays. Si cette élection se fait sans promesses de lendemains qui chantent, elle aura tout de même une influence certaine.
