Électronique embarquée À bientôt 20 ans, Prestige Équipement poursuit sa croissance. Après avoir créé une ligne de produits liée à sa marque, noué de nombreux partenariats (B & B, Derovis, Mobitec, TM) et travaillé en première monte avec des constructeurs comme VDL, la firme francilienne s’ouvre aux marchés internationaux.
PETIT à petit, l’oiseau fait son nid”, observe le dicton populaire. C’est le cas de Prestige Équipement qui, lentement mais sûrement, travaille son image dans l’univers de l’électronique embarquée pour autobus et autocars. Pascal Ballais, président et fondateur de la société, explique: “Je suis électronicien de formation. J’ai commencé seul et j’ai été voir les clients un par un en Île-de-France. Comme réparateur sur site, j’ai ouvert beaucoup de portes par le service.” Une expérience née il y a presque vingt ans avec un lien direct à l’actualité: “On connaît la demande des clients, alors, pourquoi ne ferait-on pas notre marque?”, s’interroge Pascal Ballais. D’où le partenariat exclusif avec B & B en Italie pour le développement de l’électronique embarquée aux couleurs de Prestige Équipement. Une équipe de 15 personnes garantit aussi une certaine réactivité. “Prestige était déjà passé aux écrans 19 pouces motorisés quand Bosch en était encore aux 15 pouces!”, se souvient Pascal Ballais, qui ne manque pas de rappeler que “dernièrement la société a été référencée en première monte exclusive par VDL pour les écrans 21 pouces motorisés, un matériel à ce jour sans concurrents!” Réactivité toujours avec la présence à Domont (Val-d’Oise) d’un stock permanent de références (audio, vidéo mais aussi information voyageurs) pour l’expédition chez les carrossiers, aménageurs et clients autocaristes. L’expérience en après-vente multimarque (d’Actia à VDO en passant par Blaupunkt/Bosch) est toujours présente, notamment à travers le laboratoire intégré situé à Domont, d’où le souci constant de “préserver l’avenir” pour les clients. Cela passe par le service, avec un mot d’ordre: réparer plutôt que changer. Mais aussi par une recherche de simplicité et de modularité. Pour les aménageurs et carrossiers, Prestige Équipement peut livrer des kits “prêts-à-monter” associant en un seul lot les appareils, le câblage, toutes les fiches, plans de montage et schémas électriques, le tout pré-assemblé dans le laboratoire intégré. Le Multimedia control system, vedette du stand Prestige lors du salon Busworld 2011 à Courtrai (Belgique), en est un autre exemple. “Cette plate-forme multimédia de bord”, comme le définit Philippe Bessy, commercial, est conçue pour être “ouverte” et compatible avec les équipements Prestige présents… et futurs. Elle peut même gérer des outils provenant d’autres équipementiers dès lors que ces derniers opèrent sur des systèmes ouverts. Comme Nikon ou Canon pour les Reflex photographiques, Bosch entend privilégier un modèle fermé. Un mode de fonctionnement difficile à vivre pour les équipes d’après-vente et pour les clients finaux. “Même les autorités organisatrices changent de mentalité et elles constatent qu’elles sont trop souvent bloquées dans l’évolutivité des matériels”, relèvent en cœur Pascal Ballais et Philippe Bessy. C’est certainement ce qui a incité les transporteurs Lacroix et Savac à confier à Prestige l’intégralité de l’équipement de leurs parcs en vidéosurveillance dans le cadre d’un programme demandé et cofinancé par le Stif. Autre illustration de ce souci de la pérennité du matériel: le microphone filaire de marque Prestige est dépourvu de fiche à l’arrière du micro et fait corps avec son cordon. Pourquoi? Parce que l’expérience du service après-vente a prouvé que cette fiche était source de nombreux faux contacts avec le cordon spiralé (appelé “étiro” par les chauffeurs). Après B & B Elettronica, Prestige Équipement développe d’autres partenariats. Le groupe est ainsi devenu importateur exclusif de Mobitec (girouettes et système d’information voyageurs) et de Derovis (caméras et vidéosurveillance). Après avoir maillé le territoire français de ses huit points de service et de ses réparateurs itinérants, l’entreprise entend désormais s’atteler au développement international. La participation à Busworld Courtrai 2011 en est la première manifestation. La création d’une véritable charte graphique et le dépôt de marque en sont d’autres preuves. Il existe donc bien un troisième acteur sur le marché du matériel embarqué pour autobus et autocars. Et Prestige Équipement compte bien pousser ses pions hors de France.
La réflexion de Prestige Équipement en matière de solutions embarquées pour autobus et autocars fait appel au bon sens de Philippe Bessy, commercial:"Qu’est-ce que les gens ont chez eux comme outils de communication ou d’information qu’ils aimeraient retrouver dans le monde de l’autocar ou de l’autobus?" Avec un impératif: "Le rôle d’intégrateur est de mettre en musique tous ces instruments pour répondre aux questions des clients", poursuit Philippe Bessy. Pour le bus urbain, il s’agit d’optimiser les coûts en évitant les redondances de matériels: pourquoi faut-il avoir trois modules différents pour gérer les critères d’information voyageurs de l’annexe XI? Pourquoi retrouver trois voire quatre balises GPS dans les véhicules alors qu’une seule, servant de source aux différents systèmes, suffirait? Pourquoi multiplier les systèmes dans le poste de conduite et les antennes? Car cela devient un casse-tête pour les carrossiers constructeurs et équipementiers de trouver la place nécessaire pour équiper un véhicule urbain ou interurbain."L’ergonomie, dans sa totalité, est un de nos axes de travail. Cela va plus loin que la seule interface utilisateur", résume Philippe Bessy qui partage avec Pascal Ballais une certitude: "Dans le futur, on aura des véhicules communicants, capables d’envoyer des alarmes aux responsables de parc avant même que le bus revienne au dépôt. Cela permettra de faire de la maintenance curative sans immobilisation." Il y a la technologie et le contexte juridique et, là, des freins réels apparaissent, comme pour le Wi-Fi à bord. La loi Hadopi 2 no 2009-669 du 12 juin 2009 pose le principe selon lequel "c’est le titulaire de l’accès à Internet qui est responsable de sa connexion." Le décret d’application 2010-695 en date du 25 juin 2010 institue une contravention sanctionnant la "négligence caractérisée" de l’intermédiaire qui laisserait passer des téléchargements illégaux. L’amende de 1 500 euros peut être portée à 3 000 euros et un mois de suspension d’abonnement. "On comprend dès lors pourquoi Hadopi 2 a tué le Wi-Fi embarqué", tranche Philippe Bessy. En clair, le transporteur qui donne accès à internet devrait lui-même avoir à bord du véhicule un moyen d’archiver l’historique des connexions et des fichiers Log pour s’assurer du filtrage des connexions, ce qui implique un contrôle… incompatible avec les exigences de la loi Informatique et libertés de 1978. Face au risque pénal, les candidats restent bien sûr peu nombreux.
Pour la première fois, nous n’essayerons pas un véhicule complet mais un équipement. Un équipement plutôt stratégique pour la vie à bord puisqu’il s’agit du système chargé de piloter aussi bien les caméras (rétrovision, emmarchements, guide ou paysage) que les installations audios de bord (radio, avec l’affichage en clair des 12 stations mémorisées, lecteur MP3, CD, DVD, disque dur externe). Sans oublier quelques"plus" comme le GPS ou la télévision numérique terrestre. Pour le GPS, il n’y a pas besoin d’une balise "captive". Dans le volume d’un boîtier double Din standard, on bénéficie d’un écran tactile sans aucun bouton en façade.
On fait défiler les icônes en effleurant la surface de l’écran, puis on valide la fonction en cliquant du doigt. Détail génial, une barre d’outil rappelle systématiquement en permanence le menu activé et signale si l’on est côté conducteur ou passagers.
On se prend à rêver que ce même système centralise aussi les fonctions de chauffage et climatisation.
Pour Prestige, cela serait possible: il y a une icône "véhicule" prévue. Reste à trouver l’équipementier qui jouera le jeu pour faire piloter sa clim’ par une interface tierce. La lisibilité de l’écran, sa surface et l’intuitivité des commandes en font un rêve de chauffeur. On le verrait bien à bord d’un VDL Futura 2 ou d’un Irisbus Magelys, deux modèles dont le design futuriste et l’ergonomie soignée feraient (très) bon ménage avec ce MCS. Comme Prestige a prévu un disque dur externe sur son modèle de démonstration, il n’y a plus de DVD à manipuler en route.
Le rêve. Et un vrai plus pour la sécurité de conduite. Le guide n’est pas désarmé: une télécommande est prévue. À quand un référencement première monte en direct chez les constructeurs?
