Volvo Élégance Le Suédois ne fait pas de la fabrication de véhicules complets un leitmotiv immuable. Avec le carrossier espagnol Sunsundegui, il propose l’Élégance. Dans sa version raccourcie de 10,8 m, ce véhicule a tendance à bien porter son nom et offre à Volvo un complément de gamme pour se faire une place sur des marchés de niche.
EN MATIERE d’enrichissement de catalogue, Volvo sait y faire. Il y a encore deux ans, le Suédois n’offrait qu’une double alternative, le 9700 et 9900, tous deux cantonnés dans le créneau du haut de gamme. À l’occasion d’Autocar Expo 2010, le constructeur a étoffé son catalogue non pas avec un, mais deux modèles. Le 9500 d’origine nordique certifiée, testé il y a quelques mois (Bus & Car no 888) doit permettre de réaliser du volume. En revanche, l’Élégance, exécuté en partenariat avec le carrossier espagnol Sunsundegui, s’inscrit comme un complément de gamme destiné à combler les creux dans le catalogue. “Il correspond à notre volonté de multiplier les offres pour satisfaire un maximum de clients. Dans la longueur 10,8 m, il répond à un marché de niche et nous permet de nous différencier de la concurrence. Le modèle existe également en version standard, mais en 12 et 13 m, nous conservons la priorité au 9500”, explique Michele Ferrara, directeur de Volvo Bus France. Le moins que l’on puisse dire est que pour le moment, l’Élégance est resté assez sagement dans sa niche. Et cela n’a sans doute rien à voir avec la qualité et le positionnement du produit. Cependant, les cinq véhicules immatriculés en 2011 constituent pour Volvo, sur le marché français, un presque bon score. Le premier trimestre 2012 n’a pas permis à l’Élégance de charmer d’autres transporteurs. Mais les premiers mois d’activité montrent un marché tendu qui n’invite pas nécessairement à des investissements dans du matériel destiné au réceptif haut de gamme. Heureusement, Volvo ne se contente de pas de vendre en direct des véhicules carrossés par autrui. Il mise également sur la vente de châssis pour améliorer ses résultats hexagonaux. Avec Irizar et Beulas, il a deux industriels espagnols susceptibles d’utiliser ses bases. “En réalité, nous visons une quinzaine de châssis d’ici à la fin de l’année”, ambitionne Michele Ferrara, qui a l’élégance de la modestie.
Avec un peu plus de 11 000 km au compteur, l’Élégance de notre essai ne manquait pas d’expérience. Son moteur Euro 5 Volvo D9B de 380 ch faisait équipe avec une boîte de vitesses automatisée I-Shift qui s’invite de série sur le modèle. Cet Élégance portait bien son nom et par la liste des équipements jouait dans la cour du haut de gamme. La dotation de série est déjà généreuse avec un système audio-vidéo complet et notamment deux écrans de 19’’, un système de navigation, des toilettes, la climatisation ou encore l’ESP. Les options lui permettent de passer à la classe au-dessus: jantes aluminium, feux de croisement bi-xénon, minicuisine, un revêtement imitant le bois sur les accoudoirs, les porte-bagages, la planche de bord et le plancher, des sièges entièrement en cuir et décalables, des prises de courant… Un ensemble de beaux atours qui ne sombre pas dans un bling bling récemment devenu has been.
Avec un tel patronyme, c’est ce qui suit dans ce paragraphe qu’il convient de passer avec brio. L’Élégance reprend la carrosserie du Sideral, le (seul) modèle vendu par Sunsundegui sur le marché espagnol. Son aspect ne passe pas inaperçu, notamment avec des rétroviseurs au style tout particulier. Par soucis d’aérodynamisme, l’avant du véhicule est plus bas que l’arrière, d’où une ligne fluide. La surface vitrée est plutôt généreuse, et l’avant comme l’arrière affichent un design réussi. L’habitacle est très lumineux et ne donne pas le sentiment de confinement malgré les dimensions du modèle. En revanche, le pari esthétique des matériaux est quelque peu gâché par une finition en retrait. Des spots étaient notamment mal encastrés et le domino permettant de brancher le pictogramme “transport d’enfants” est grossièrement apparent.
Dans un espace réduit à 10,80 m, on n’est jamais très loin du moteur. Pour autant, celui-ci sait se faire discret. La configuration en 39 places passagers est une bonne option pour ce type de véhicule. Volvo propose une implantation maximale de 43 sièges, qui risque malheureusement d’être le plus souvent choisie. D’autant plus que le confort de suspension est au rendez-vous. Autant dire qu’avec une motorisation puissante et silencieuse, l’Élégance ne manque pas d’atouts pour voir plus loin que le réceptif haut de gamme.
On pense souvent à tort qu’un petit véhicule aura tendance à se montrer moins gourmand qu’un grand. Ce Volvo à l’élégance de ne pas jouer les trublions. Dans sa version 10,80 m, l’Élégance Volvo Sunsundegui a affiché une moyenne de 27,7 l/100 km sur le parcours. Rien d’alarmant dans cette performance, en léger retrait de celle du 9500 (26,9 l/100 km) qui utilisait pourtant le même moteur, la même boîte de vitesses et avait bénéficié de conditions aussi exceptionnelles. Cela est certainement dû à la répartition de la charge (à son maximum soit 19 tonnes) qui est moins avantageuse dans un gabarit réduit. Au crédit de l’Élégance, on peut néanmoins noter qu’il affiche sa meilleure performance sur la portion urbaine du parcours (26,4 l/100 km). Or, ce petit car ne manque pas de charme pour jouer dans la cour du réceptif. Avec une telle moyenne en ville, les autocaristes devraient même trouver des ressources pour offrir une coupe de champagne aux passagers. Une attention pleine d’élégance.
– Longueur/largeur/hauteur
10,87 / 2,55 / 3,71 m
– Moteur
Euro 5 Volvo D9B développant 380 ch
– Boîte de vitesses
Robotisée Volvo I-Shift avec ralentisseur hydraulique intégré
– Freins AV et AR
À disques intégraux avec ABS, EBS, ASR et ESP
– Suspensions
Pneumatiques intégrales à commande électronique. Essieux rigide à l’avant
– Réservoir
425 litres (AdBlue 40 l)
Le petit Sunsundegui est un cas à part, avec son style très personnel et son implantation originale des rétroviseurs. Une bizarrerie qui se révèle finalement judicieuse. On regrettera juste une fixation trop lâche du rétroviseur gauche qui se dérègle sous la pression du vent. De même, le grand-angle côté droit est vraiment trop petit pour être pleinement exploitable. Quant au grand-angle placé sur le montant de pare-brise, c’est un vrai coup de génie en matière d’ergonomie. L’habitacle est chaleureux, lumineux et fonctionnel. La finition, sans être parfaite (siège conducteur mal fixé), est de bon aloi. L’agrément de conduite est sensationnel, avec une maniabilité et une puissance de premier ordre, idéal en montagne. Dans ce dernier cas, la prudence sera toutefois de mise sur un point: la boîte I-Shift procédant systématiquement à des doubles débrayages pour les rétrogradages. Cela implique la perte du ralentisseur à chaque changement de vitesses et donne une désagréable sensation de partir en roue libre. Du coup, il ne faut pas hésiter à solliciter les freins. Un sujet d’autant plus sensible qu’il est capable de vitesses moyennes incroyablement élevées. Cerise sur le gâteau: l’insonorisation est excellente. Si la direction est bien assistée, avec un volant agréable et bien dimensionné, elle est toutefois sujette à des phénomènes d’engagement dans les ornières. La boîte Volvo I-Shift est une des meilleures du genre et parvient à anticiper les difficultés de la route mais manque parfois de douceur. Polyvalent et dynamique, ce petit car fait indiscutablement partie des grands.
• Agrément de conduite exceptionnel
• Performance et maniabilité
• Ergonomie et visibilité
• Insonorisation
• Détails de finition perfectibles
• Train avant sensible à l’état des chaussées
• Gestion du ralentisseur à revoir
• Rétroviseur grand-angle droit trop petit
