Infos voyageurs Les centrales de mobilité s’éparpillent en France. En dépit de la prolifération des systèmes d’information et de réservation sur la Toile ou les smartphones, elles conservent néanmoins toute leur place pour servir les transports en commun.
EN THÉORIE, les centrales de mobilité servent à l’information voyageur, au développement de la multimodalité, à l’amélioration des connexions et des liens entre les différents modes de transport.
C’est en somme, un outil devenu essentiel pour les acteurs du secteur qui cherchent à renforcer les parts de marché du transport de voyageurs au détriment des modes de transports individuels. Mais pour Nicolas Tronchon, directeur de la société Transway à Nantes, qui a mis sur pied quelques-unes des premières centrales de mobilité de France en Charente-Maritime puis dans le Nord-Pas-de-Calais, tout cela est déjà “intégré” depuis longtemps. “Le fait de mettre à disposition des voyageurs de l’information théorique, c’est le minimum syndical. Ne pas le faire, ce serait comme s’il n’y avait pas de tableau d’horaires dans une gare!”, explique-t-il.
À l’heure du numérique, les centrales de mobilité ne sont plus suffisantes. À ses yeux, l’avenir appartient davantage aux réseaux sociaux pour la diffusion de l’information en temps réel.
En France, la plupart des collectivités locales et territoriales s’y sont mises depuis le début des années 2000: plus de la moitié des régions, un tiers des départements en lien avec de grosses municipalités. Certaines communiquent entre elles. “C’est le cas, raconte Laurent Briand, responsable de Cityway, l’une des entreprises leader du secteur, de l’Oise qui s’est associée avec le Stif en Île-de-France, ou de l’Alsace avec l’Allemagne.” D’autres mettent en ligne les sites susceptibles d’intéresser les voyageurs pour des trajets dans des régions voisines. “C’est, assure-t-il, ce que l’on observe de plus fréquent. Il y a plein de systèmes qui savent communiquer entre eux, c’est la philosophie même du web”. Les retardataires sont tous en phase de réflexion. Sur le bureau de Laurent Briand, les dossiers d’appels d’offres s’empilent. “Le conseil général de Bourgogne, les régions Aquitaine ou Languedoc-Roussillon sont en cours d’appel d’offres. On en reçoit presque tous les jours!”, expose-t-il. La fourchette des investissements des collectivités pour leurs centrales de mobilité varie entre 50 000 et 300 000 euros, rarement plus. En moyenne, le coût moyen se situe aux alentours de 150 000 euros. Selon Laurent Briand, les plus élaborées intègrent “la vente en ligne et la billettique”.
Si les centrales de mobilité ont fait florès ces dernières années, c’est avant tout le signe que les transports publics ont grignoté des parts de marché au fil des mois. Laurent Briand, qui a développé la centrale de mobilité Le Pilote à Marseille, raconte que “l’initiative venait d’abord de la Direction départementale de l’équipement pour gérer le trafic routier et pour informer des bouchons”. Les transports de voyageurs se sont imposés pour des raisons “plurifactorielles: augmentation du chômage, hausse du prix de l’essence, baisse des tarifs des transports collectifs ou mise en place du tarif unique”, poursuit-il. Un phénomène qui a modifié les attentes des utilisateurs de cette centrale de mobilité, devenue l’une des plus efficaces de France.
Si Nicolas Tronchon semble réservé sur la possibilité de faire évoluer ces centrales, le directeur de Cityway, qui exploite notamment celles de Rhône-Alpes, de la région Paca, d’Alsace ou de l’Oise, place tous ses espoirs dans “le développement du temps réel”, en remplacement des informations théoriques. Tous les grands acteurs travaillent aussi dans le prédictif, très utilisé au cœur du trafic routier. “On suppose que le passé peut se reproduire, explique Laurent Briand, le trafic se ressemble, sauf pendant des événements exceptionnels ou en période de vacances scolaires.” Cityway planche actuellement en partenariat avec une douzaine d’industriels sur le programme d’investissement Optimode Lyon. Ce dernier mêlera temps réel et prédictif tout en apportant un guidage multimodal. Nicolas Tronchon opte, lui, “pour une industrialisation des calculateurs d’itinéraires”.
L’avenir n’appartient pas seulement aux smartphones, les centres d’appel n’ont rien d’obsolètes pour tous ceux qui ne sont pas encore équipés (volontairement ou non) de téléphones portables dernier cri, personnes âgées et chômeurs en tête. À Nice ou dans l’Oise, les appels d’offres ont intégré la mise en place de telles plates-formes téléphoniques. “Malheureusement, tout ceci reste encore assez coûteux, les collectivités ne peuvent pas toutes faire ce choix”, regrette amèrement Laurent Briand.
Certaines centrales de mobilité poussent aussi précisément que possible à l’intégration des données multimodales (train, métro, tramway, bus, transport à la demande, vélo, covoiturage, transport scolaire, marche). Bus & Car a sélectionné la centrale de mobilité Pilote en région Paca, ViaNavigo en Île-de-France ou Rhône Alpes avec son site www.multitud.org, qui informe à la fois sur le réseau lyonnais et régional. Il dresse un bilan carbone "écocitoyen" et fait la promotion de la carte OùRa, billettique des trajets multimodaux.
En alsace, le site www.vialsace.eu propose systématiquement un itinéraire vélo et calcule la distance parcourue à pied.
Sur le site, www.oise-mobilite.fr (considéré comme l’un des plus performants), il cherche la meilleure proposition de parcours suivant des critères précis. Dans ce département, le Pass Mobilité est valable dans tous les transports, ce qui reste hélas encore trop rare dans l’Hexagone. Chez nos voisins, la Suisse reste une référence avec son site: www.unireso.com.
La Hollande, l’Angleterre ou l’Allemagne font aussi figure de bons élèves, tandis que la France se situe à mi-chemin, loin devant les pays du sud de l’Europe.
