Tarif La question épineuse de la gratuité a été largement abordée lors d’un débat intitulé "quel financement pour la mobilité durable". Les élus et exploitants qui participaient à la discussion sont tous tombés d’accord sur ce point: la gratuité n’est pas la solution.
Doit-on faire payer les usagers pour qu’ils empruntent l’autobus, le métro ou le TER? Lors d’un débat intitulé “quel financement pour la mobilité durable”, qui s’est déroulé le 6 juin, élus et exploitants sont tombés d’accord pour affirmer que “la gratuité est une fausse bonne idée”, selon les mots de Charles-Éric Lemaignen, président de la communauté d’agglomération Orléans-Val de Loire, lors de son intervention. Pourtant, en France, la question est loin de faire l’unanimité. Car, dans une volonté de favoriser le report modal et de permettre à tous de pouvoir se déplacer sans pénaliser les personnes aux ressources limitées, la gratuité dans les transports publics est remise sur la table par certains élus et collectivités. Ainsi l’agglomération d’Angoulême a choisi cette option. Pourquoi donc la gratuité serait-elle à exclure?
Plusieurs raisons sont invoquées par les intervenants. Selon Charles-Éric Lemaignen, “il faut plus une augmentation de l’offre de service qu’une baisse des coûts”.
En clair: il faut tabler sur la nécessité d’investissement pour favoriser le report modal. Cette position était aussi partagée par le président de l’UTP, Michel Bleitrach: “La gratuité peut entraîner une qualité de service inférieure à ce qu’attendent les usagers”. En revanche, Jean-Claude Gayssot, président du conseil régional Languedoc-Roussillon, a mis en avant la nécessité de “responsabiliser l’usager pour qu’il puisse également être exigeant sur le service”, en rejetant cependant l’idée qu’une gratuité entraînerait forcément une baisse de la qualité de l’offre de transport.
Par contre, les usagers ayant des revenus limités n’ont pas été oublié. Selon Yves Krattinger, président du Conseil général de la Haute-Saône, “les différences sociales doivent être prises en compte: tout le monde n’a pas le choix de la voiture ou des transports”, avec une nuance, selon Charles-Éric Lemaignen: “Il faut faire des tarifs en fonction des revenus et non du statut”. Exit donc les réductions en fonction de l’âge (moins de 26 ans ou plus de 60 ans).
C’est un fait. Les usagers payent en moyenne 20 % du coût total de leur transport lorsqu’ils empruntent le bus…, et le pourcentage des recettes couvrant les frais de fonctionnement ont baissé de 9 % au cours des 10 dernières années, malgré le fait que l’offre n’a cessé d’augmenter. La solution? “Il faut faire en sorte que les tarifs suivent l’évolution des transports”, préconise Michel Bleitrach. Dans le Grand Lyon, Bernard Rivalta, le président du Sytral, le syndicat mixte de l’agglomération, a choisi “d’augmenter le coût des transports en fonction de l’inflation. Pour maintenir le niveau d’investissement”.
Un choix qu’a également fait la municipalité de Turin, qui a ainsi fait passer le prix du ticket de 1 euro à 1,5 euro. Selon Claudio Lubatti, adjoint aux transports de la ville de Turin, “les tarifs n’étaient pas suffisants pour couvrir le coût des transports et la part de financement de l’État avait baissé”. Pour tant, ajoute-t-il, “le message est bien passé auprès des usagers”.Le secret du succès? L’augmentation doit être liée à une volonté d’innovation dans les transports ainsi qu’à une bonne communication. De plus, selon Bernard Rivalta, “il faut résister aux idées reçues que la hausse du coût de l’abonnement provoquera une réaction de la population”.
