VDL Avec le Citea LLE, le constructeur néerlandais invente un nouveau type d’hybride, mêlant moteur diesel et intelligence de conception. Le véhicule présenté par le tenant du titre a été la royale surprise Bus Euro Test.
SUR le papier, le Citea LLE apparaissait sans aucun doute comme le prétendant le moins bien doté. Ce bon vieil Euro 5, tout de même EEV, faisait face à trois hybrides et un autobus équipé d’un moteur Euro 6. Mais pour le plaisir de VDL, un Bus Euro Test ne se joue pas sur la qualité des présentations ou les arguments des dossiers de presse. Sur le terrain, le modèle présenté par le tenant du titre montrait qu’il pouvait sans difficulté se ranger dans la catégorie des éventuels héritiers de la couronne. En 2010, le Citea SLF avait séduit le jury par sa conception, son style et son agrément de conduite. Le Citea LLE ne perd rien des qualités de son illustre frère d’arme. Il se montre par ailleurs plus efficace sur le terrain de l’allure avec une face avant modernisée qui donne au Citea un style réellement à part dans le petit monde des autobus. Mais ce modèle, anciennement baptisé Ambassador, fait surtout parler de lui pour sa légèreté. Le Citea LLE joue dans la catégorie poids plume. À vide, il affiche moins de neuf tonnes sur la balance, soit en moyenne plus de deux tonnes de moins que les autobus de la concurrence.
Cette cure d’amaigrissement n’est pas sans conséquences sur la consommation. Avec le Citea LLE, VDL promet une réduction de carburant pouvant atteindre les 20 %, cela se traduit également par une baisse des émissions de CO2. De tels résultats ne sont pas si éloignés des performances d’un hybride. Et, à la différence de ces autobus à la pointe de la technologie, le Citea LLE allège également les factures. Le constructeur propose le modèle en compétition à moins de 200 000 euros. Certes, il ne s’agit que d’un véhicule low entry plutôt typé low cost. Mais, dans le contexte économique actuel, les collectivités en mesure de mener un train de vie de monarque sont et seront de plus en plus rares. La mise en lumière d’un souverain des bus capable de performances extraordinaires avec des atouts ordinaires aurait certainement du sens. Il faut encore que le jury ait lui aussi envie d’élire un candidat normal.
– Longueur/largeur/hauteur
11,98/2,5/3,073 m
– Moteur
EEV Cummins ISB6 développant 225 ch
– Boîte de vitesses
Automatique Voith D 854.5E avec ralentisseur hydraulique intégré
– Freins
À disques avec ABS, EBS & ASR
– Suspensions et essieux
Suspensions à air
Essieu arrière: Dana 09-24
Essieu avant: rigide Dana
NDS 56 LF
– Capacité et aménagement
80 passagers
40 places assises et 1 UFR
2 portes
– Réservoir
250 l (AdBlue 26 l)
• Coût d’acquisition réduit
• Poids plume
• Polyvalence
• Sa simple porte peu commune
• Suspension un peu raide
Le VDL Citea LLE diffère techniquement en de nombreux points du Citea SLF120 primé en 2010. Plus rustique, moins urbain, il n’en demeure pas moins un (très) bon outil de travail. Première surprise à bord, le prétendant ne partage pas la même planche de bord que le VDL Citea SFL120, champion en titre. Plus basique dans sa présentation, elle reste néanmoins bien finie et exempte de tout grincement parasite. La disposition des commandes est tout aussi soignée que sur les autres modèles de la gamme Citea, toutefois la position de conduite est un peu pénalisée par le manque d’amplitude de réglage du volant. Le pédalier ne permet pas non plus de conduire talon au sol, ce qui peut fatiguer à la longue. La visibilité directe est bonne et on appréciera beaucoup les nombreuses sources d’éclairage pour le conducteur. En revanche, ils devront être méthodiques: aucun espace de rangement n’est prévu. Agaçant! Le véhicule ne paraît pas ses 11,98 m de long tant il est maniable. Le rayon de braquage est bon, l’assistance de direction bien tarée, mais on peut déplorer un réel manque de filtrage sur les cahots et trous dont le parcours d’essai était truffé. Le véhicule, malgré son petit moteur de 6,7 litres, s’est révélé vif et nerveux en ville. Le ralentisseur Voith est très efficace. On peut regretter les reflets de la vitre conducteur qui gênent la vision dans le rétroviseur gauche. En revanche, le rétroviseur droit est très bien conçu. Sur les parcours périurbains, il est aussi très à l’aise malgré ses quatre rapports de boîte automatique. Attention, lors des rétrogradages avec le ralentisseur enclenché: les sauts de vitesses entraînent alors un brutal ralentissement qui peut surprendre les passagers. Seul souci au quotidien: il faut penser à s’arrêter roues droites aux arrêts, sans quoi il est impossible d’ouvrir la porte avant.
• Polyvalence d’utilisation
• Maniabilité, nervosité et ergonomie d’ensemble
• Ralentisseur très vigoureux
• Éclairage du poste de conduite soigné
• Manque d’espaces de rangements
• Pédalier perfectible
• Amplitude de réglage du volant limitée
• Ralentisseur parfois brutal
• Direction sensible aux cahots
• Cinématique de porte avant pénalisante
Chez VDL, on cherche à simplifier la fabrication mais aussi l’entretien des véhicules. Un exemple de cet état d’esprit: la trappe carburant inclut aussi l’accès au réservoir d’AdBlue. Banal, direz-vous… oui, mais dans ce compartiment, le conducteur peut savoir, en un coup d’œil via des diodes lumineuses, l’état correct ou non du niveau d’huile moteur, du niveau de circuit de refroidissement, de lave-glace, d’AdBlue. Les filtres à gazole, les fluides pour la direction assistée, l’huile moteur et le filtre à air sont regroupés dans la même zone. Pour toute intervention exigeant une plus grande proximité, la traverse arrière se démonte très simplement (on l’a vérifié: moins de 1 minute chrono). C’est un modèle d’accessibilité mécanique. Le chauffage Sphéros additionnel est regroupé avec le dessicateur d’air sur le flanc, derrière le passage de roue arrière gauche. Les batteries et le coupe-circuit sont sur un support rotatif permettant de les sortir facilement sans se casser le dos. Les circuits pneumatiques sont accessibles derrière la calandre avec le lave-glace. Le VDL Citea LLE s’annonce comme un régal pour les interventions de routine et il promet de conserver ses qualités avec Euro VI. Contrairement à ses rivaux, il y a encore beaucoup de place libre dans la salle des machines! Seule vraie critique: des intervalles de maintenance limités à 37 500 km! Vraiment trop court! Ultime astuce de VDL: les panneaux de carrosserie sont teintés dans la masse, ce qui les protège en cas de rayures et les rend faciles à déposer. Travaux de peinture et de réparation sont ainsi simplifiés.
J.-Ph. P.
• Accessibilité mécanique exemplaire
• Contrôles usuels simplifiés
• Panneaux latéraux teintés dans la masse faciles à démonter
• Intervalles de maintenance trop fréquents
• Peu de pièces communes avec le Citea SLF-120
