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Redessine-moi Bordeaux

Urbanisme Après six mois de concertation, la synthèse du Grenelle des mobilités a été dévoilée cet été. Parmi les 20 principes d’actions présentés aux élus en octobre: la création d’un réseau à l’échelle métropolitaine, un réseau express vélo, une autorité organisatrice d’exploitation de la voirie…

LES Grenellistes bordelais ont terminé leurs travaux. Après six mois de concertation sur l’avenir de la mobilité à Bordeaux, une synthèse a été rédigée, et présentée le 10 juillet à la presse. Les réflexions des 120 participants ont été résumées en 20 principes d’actions. Et un titre a été trouvé: “Pour une mobilité fluide, raisonnée et régulée.

Nous avons réussi à faire travailler ensemble des personnes de sensibilité très différentes et nous avons constaté la volonté de trouver des accords”, explique Jean-Marc Offner, chef d’orchestre du Grenelle des mobilités et président de l’agence d’urbanisme A’urba. Représentant des collectivités, usagers des transports, salariés, patronat et associations environnementales ont su, parfois, dépasser leurs positionnements institutionnels, pour arriver à une conclusion commune, et constructive. “Le mythe du tapis-volant est terminé. On ne peut plus se déplacer toujours plus vite. En revanche, l’objectif de la fluidité peut être atteint. Le plus important n’est pas d’arriver vite, mais de savoir combien de temps va durer un déplacement. En témoigne le succès du tram, qui permet de savoir à quelle heure on va arriver à destination”, explique Jean-Marc Offner.

Une idée phare a également émergé des débats: l’économie comme priorité. Alain Cougrand, élu à la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Bordeaux, après avoir admis avoir été “très suspicieux sur la démarche du Grenelle”, a avoué son étonnement de voir émerger cette priorité: “Tout le monde s’est rendu compte que sans développement économique, il n’y avait pas d’emplois. L’attractivité de Bordeaux a été prise en compte dans les débats, et c’est une très bonne chose. La rocade bordelaise ne passera pas à 2×3 voies avant 2020, alors qu’il s’agit du poumon économique de l’agglomération. On ne fera pas l’économie d’une réflexion sur les infrastructures, alors que l’on sait que le trafic automobile va exploser dans les vingt prochaines années.” On mesure à la répartie de Jean-Louis Bergey, directeur de l’Ademe Aquitaine, que les débats n’ont pas toujours été faciles: “La rocade est engorgée parce qu’il y a une personne par voiture dans la grande majorité des cas. Un grand ou un petit contournement autoroutier ne réglera pas le problème, au contraire, il constituera un apport de déplacements.” On comprend à travers cet échange pourquoi la synthèse a nécessité pas moins de cinq pages, car ménager les intérêts (et les susceptibilités?) des uns et des autres n’est jamais chose facile. Ainsi, le projet de grand contournement autoroutier défendu depuis des années par le patronat est-il évoqué, mais comme un simple “préalable prospectif”. Comment s’engager, sans vraiment prendre position…

Hiérarchiser l’utilité des flux

Aujourd’hui, tous les flux se valent, déclare Jean-Marc Offner. Le Grenelle dit: on ne peut assurer un traitement équivalent à tous les déplacements, et il faut donc assurer la hiérarchie de l’utilité des flux. La priorité doit être donnée aux transports liés à l’activité économique: domicile/travail, déplacement professionnel ou livraison.” Toujours dans la même optique, des contrats employeurs/salariés/collectivités sont proposés. Les sujets comme les PDE (plan de déplacement d’entreprise) ou le télétravail y auraient leur place.

La synthèse du Grenelle propose également la création de réseaux de transport à l’échelle de l’aire métropolitaine. “L’association Mouvable, qui réunit les trois AOT* locales, joue parfaitement son rôle pour améliorer l’interface entre les réseaux, considère Jean-Marc Offner. Mais le constat, très largement partagé par les Grenellistes, est qu’il manque un réseau de transport collectif reliant les principaux pôles métropolitains: gare, aéroport, zones d’activités, futur grand stade.” Comme dans beaucoup de villes, le réseau est aujourd’hui construit en étoile, et les déplacements de périphérie à périphérie sont particulièrement difficiles. “Nous n’avons pas tranché quant au mode de transport qu’il faudra aménager”, précise Jean-Marc Offner.

Repenser le financement des transports collectifs

Oublié, le dossier du financement des transports collectifs doit être ouvert sans tabou”, relate le point numéro 17 de la synthèse. “La plupart des spécialistes s’accordent pour dire que l’on va dans le mur à ce sujet, prévient le directeur de l’agence d’urbanisme. Le système de financement actuel est insoutenable à plus ou moins court terme. Aux élus de prendre les solutions idoines.

Autre idée du Grenelle des mobilités à la sauce bordelaise: la mise en place d’une autorité organisatrice d’exploitation de la voirie. Celle-ci aurait la responsabilité de l’observation des trafics, de la coordination des systèmes d’information, de la régulation des vitesses… La création d’un réseau express vélo est aussi proposée. Une voie en site propre, dédiée aux vélos à assistance électrique ou aux cyclistes “pressés”, verrait ainsi le jour.

La question des futures contraintes a évidemment été abordée. “Nous voulons passer d’une régulation implicite, les embouteillages par exemple, à une régulation explicite”, avec une diminution du nombre de places de stationnement ou un péage urbain.

Les propositions du Grenelle des mobilités seront officiellement présentées aux élus commanditaires (mairie de Bordeaux, communauté urbaine, département et région), en octobre. Les Grenellistes attendent qu’ils s’en inspirent pour conduire une politique de mobilité volontariste à court, moyen et long terme. Si les participants à la concertation admettent qu’ils n’ont pas toujours réussi à accorder leurs violons, tous reconnaissent l’utilité de leurs rencontres et souhaitent être associés aux futures décisions des élus. À ces derniers de démontrer que leur initiative n’était pas qu’une opération de communication.

Autorité organisatrice de transport

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Auteur

  • Yann Buanec
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