EBSF Lancée en 2008 par la Commission européenne, le projet European Bus System of the Future (EBSF) est terminé. L’occasion de célébrer en grande pompe cet événement. C’était le 15 octobre à Bruxelles.
L’aboutissement de quatre ans de recherche vers une révolution des systèmes de bus européens. Le projet d’envergure European Bus System of the Future (EBSF) a tiré sa révérence le 15 octobre dernier. Pour l’occasion, une cérémonie de clôture était organisée le même jour au Square Meeting Centre à Bruxelles. Le bâtiment de verre futuriste, situé au cœur de la capitale européenne, abritait pour cet événement très spécial une exposition détaillant les principales innovations élaborées tout au long de l’aventure. Plusieurs prototypes de bus innovants, ainsi qu’une cabine de simulation de conduite en trois dimensions, étaient également présentés aux participants.
Le projet, lancé à l’initiative de la Commission européenne en 2008, s’inscrivait dans le septième programme-cadre de recherche et de développement technologique de l’Union européenne. Financé à hauteur de 26 millions d’euros (dont 16 millions par l’Union européenne), son objectif était notamment d’améliorer l’attractivité du bus et de développer un nouveau système bus européen standardisé, adapté aux spécificités des villes européennes. Ainsi, les recherches ont porté à la fois sur une nouvelle conception des véhicules et l’infrastructure, ainsi que sur les solutions visant à accroître la compétitivité des constructeurs européens en prenant en compte la concurrence toujours plus rude à l’international. En outre, le projet se donnait pour ambition d’insuffler un nouvel élan à la recherche et au développement de bus urbains en Europe.
Pour mener à bien cette entreprise colossale, la coordination du projet a été confiée à l’Union internationale des transports publics (UITP), organisation de dimension mondiale, dont le domaine d’activités se concentre sur l’organisation et la réglementation des transports publics. Etaient réunis autour de la table cinq constructeurs (Evobus/Mercedes, Irisbus, Iveco, Man, Scania et Volvo) et 42 autres partenaires parmi des exploitants, autorités, associations, tous venus de différents pays de l’Union européenne. Egalement, plusieurs experts du secteur étaient rassemblés au sein d’un User Group qui avait pour mission d’évaluer les résultats obtenus et de suivre l’avancement du projet. Une première.
Attention, “EBSF n’est pas seulement un projet sur papier, nous avons aussi obtenu du concret, du réel. Et ça fonctionne!”, s’est félicité Alain Flausch, secrétaire général de l’UITP. En effet, les acteurs du projet ne se sont pas contentés de beaux discours et d’analyses théoriques. Des tests en situation réelle ont été réalisés dans huit villes européennes: à Bremerhaven (Allemagne), Brunoy (France), Budapest (Hongrie), Göteborg (Suède), Madrid (Espagne), Paris (France), Rome (Italie) et Rouen (France).
Ainsi, pour ne citer que quelques-unes des réalisations concrètes qui ont vu le jour, un nouveau système de télédiagnostic et de maintenance à distance a été expérimenté sur les bus Irisbus Citelis à Brunoy. À Rouen, c’était l’accessibilité qui était mise à l’honneur, avec deux bus articulés Irisbus Iveco équipés d’un système de suspension électronique permettant de contrôler l’alignement du véhicule à la hauteur du trottoir. Egalement, un poste de simulation de conduite en trois dimensions a été testé en Allemagne par des conducteurs suédois, allemands et italiens. Le but? Améliorer le confort, la sécurité et la performance. Tout un programme, donc.
Résultat, les recherches ont abouti aux considérations suivantes: l’EBSF est avant tout intelligent, c’est-à-dire qu’il met en place des solutions spécifiques en fonction des acteurs concernés (usager, constructeur, organisation…). En outre, celui-ci fonctionne avec des véhicules combinant confort, accessibilité et considérations environnementales. Le tout adapté et adaptable aux différentes villes européennes, avec une prise en compte de leurs spécificités socioculturelles et un regard anticipé sur les évolutions de la mobilité.
“Avec cette première étape, nous avons ouvert la porte [à d’autres projets, ndlr] et établi une feuille de route”, s’est félicité Umberto Guida, directeur du projet EBSF à l’UITP. Pourtant, si EBSF a d’ores et déjà tracé la voie vers le bus européen du futur, un long chemin reste à parcourir pour permettre aux solutions obtenues d’être exploitées pleinement dans les conditions réelles. Un approfondissement pour lequel les acteurs du projet ont déjà défini les principes directeurs. “Les actions post-EBSF s’articulent autour de deux axes, indique Umberto Guida. Le premier est […] l’application directe des résultats du projet. Le second est l’identification des recherches susceptibles d’être lancées après EBSF.”
Pour ce faire, une plate-forme d’exploitation regroupant certains acteurs et intervenants du projet sera mise en place. Elle aura pour mission d’analyser les résultats de l’EBSF, de définir des priorités stratégiques, et de trouver de quelle façon les recherches effectuées pourront s’appliquer à l’échelle européenne.
En outre, “le projet EBSF était une première étape, mais ce n’est pas la fin”, tient à préciser Alain Flausch. En effet, un nouveau projet baptisé 3iBS (Intelligent, Innovative Bus Systems) a été lancé à l’occasion de la cérémonie de clôture par Roberto Guida. Cofondé par l’Union européenne et la direction générale pour la recherche et l’innovation, cette initiative s’accompagne d’un budget de 3,36 millions d’euros, financés en grande partie par la Commission européenne. S’inscrivant elle aussi dans le septième programme-cadre de recherche et développement technologique de l’Union européenne, elle est composée d’un consortium de 10 membres et de 50 partenaires associés répartis en 6 groupes, le tout coordonné par l’UITP.
3iBS aura entre autres pour objectif de capitaliser différents projets de systèmes de bus réalisés jusque-là (dont EBSF), ainsi que de “stimuler la recherche coordonnée au niveau des systèmes de bus, de répandre les résultats des recherches européennes sur la question et de promouvoir les échanges de connaissances autour des systèmes de bus à un niveau international”, a indiqué Roberto Guida. Ce nouveau projet d’envergure devrait aboutir en 2015. Il se positionne déjà en digne descendant de l’EBSF. L’histoire ne s’arrête donc pas là.
