Optimod’Lyon Pionnière en déplacements urbains avec des initiatives comme le Vélo’V (2005) ou Car2Go (2012), Lyon a signé un engagement auprès de divers partenaires pour fédérer les informations de tous les acteurs de la mobilité urbaine.
Problème récurrent des grandes métropoles, la congestion du trafic urbain freine la mobilité et génère des impacts négatifs sur l’environnement, l’économie locale et pour la qualité de vie de ses habitants. “Malgré les initiatives de ces dix dernières années pour faciliter le report modal de la voiture, les impacts sont encore insuffisants”, concède Gérard Collomb, président de la Communauté urbaine du Grand Lyon. Pour accélérer la cadence, plusieurs acteurs publics et privés de l’agglomération viennent donc d’unir leurs expertises au sein du projet Optimod’Lyon. L’ambition est de collecter, centraliser et traiter l’ensemble des données de la mobilité urbaine sur une plate-forme unique, de créer d’autres services pour faciliter les déplacements et la vie des usagers. S’appuyant sur les nouvelles technologies, Optimod’Lyon doit offrir aux particuliers comme aux professionnels des transports des alternatives crédibles au véhicule individuel. Cette initiative trouve son origine dans un appel à projet sur la mobilité urbaine, lancé en janvier 2011 par l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie). La Communauté urbaine de Lyon, le Grand Lyon, a réuni autour d’elle une douzaine de partenaires privés ou publics, tous engagés dans la problématique de la mobilité. Ces derniers vont développer une plate-forme d’information tous modes, intégrant dans un même entrepôt de données, l’ensemble des donnés de la mobilité du territoire (topologie des lieux, temps réel, temps prévu à 1 h 00, qualité de l’air…). À partir d’autres éléments complémentaires fournis dès cette année par des données issues de nouveaux capteurs fixes et mobiles, grâce aux travaux conduits par Géoloc System, Autoroutes- trafic et Grand Lyon, Optimod’Lyon va expérimenter plusieurs innovations dès l’an prochain.
La prévision du trafic à 1 heure sera une première en Europe. Elle permettra notamment d’optimiser la gestion des 1 500 feux de l’agglomération, assurant la priorité aux transports en commun en ménageant la fluidité du trafic routier. Pour y parvenir, il s’agira dans un premier temps de collecter des informations de façon performante. En France, une seule technologie de capteurs est utilisée, les “boucles inductives”. Parallèlement à d’autres technologies en complément, comme la vidéo, les capteurs infrarouges… Optimod’Lyon vise à expérimenter de nouveaux capteurs déployés hors d’Europe sur des voies rapides urbaines permettant par exemple d’identifier de façon unique les véhicules du trafic, grâce à leur signature magnétique. Il s’agit notamment d’expériences américaines menées sur des 2 × 2 voies ou plus. Optimod’Lyon vise aussi à utiliser des systèmes de modélisation poussée dans le cadre de la prédiction de trafic à 1 heure. Des technologies qui n’ont pas encore été testées en milieu urbain. Optimod’Lyon doit donc s’assurer de leur fiabilité au préalable.
Afin d’accompagner et d’aider les usagers dans leurs déplacements quotidiens, il faut disposer d’une information précise, personnalisée, actualisé en temps réel, et disponible au cours du déplacement. Elle doit être complète et intégrer tous les modes de déplacements: voitures particulières, vélos, transport en commun, covoiturage… de façon à permettre une comparaison avec l’usage exclusif de la voiture particulière et choisir le mode de transport le plus efficace. Il s’agit donc de développer un navigateur qui apporte ces réponses aux usagers. Le projet SmartMove ira dans ce sens, en prévoyant la combinaison de quatre fonctionnalités: un calcul d’itinéraire multimodal combinant tous les modes (marche à pied, vélo, voiture particulière, transports urbains, TER…) avec différentes options proposées et critères de choix (le plus rapide, le moins cher…); une information en temps réel sur les itinéraires sélectionnés avec des propositions de changement et un re-routing en cas de perturbation remettant en cause les réponses; un guidage on trip grâce au GPS avec fonction de re-routing en fonction des perturbations des réseaux; enfin, un service de reconnaissance et de restitution vocale d’un calculateur d’itinéraire. Ce type de prestation n’existe ni en Europe ni dans le reste du monde. La plupart des services permettent seulement de fournir des solutions sur des modes uniques, en combinant les horaires théoriques de plusieurs réseaux de transport. D’autres, comme à Stockholm ou à Vienne, prennent en compte différentes alternatives, mais jamais avec la fonction de re-routing, qui permet de modifier son choix en fonction de l’état du trafic. De même, il existe pour les transports longue distance par rail, une prise en compte des perturbations ou des retards, mais jamais intégrées à l’information urbaine aux deux bouts de l’itinéraire. SmartMove est donc un projet très ambitieux, qui bénéficiera cependant des données historiées depuis six ans en matière d’usage de parkings, de transport en commun, de vélo sur l’agglomération lyonnaise. Il représente un véritable challenge qui peut permettre à la plus grosse PME du secteur (en France, Cityway) de rivaliser avec ses homologues allemands (Hacon ou MDV, qui déploient aujourd’hui leur savoir-faire dans de nombreux pays). Un groupe test d’une cinquantaine d’usagers a été formé. “Il permettra de tester l’interface ergonomique et de mesurer l’impact sur les habitudes de déplacements”, selon Alain Pittavino, président de Cityway et directeur industriel et services de Veolia Transdev.
Sur le plan environnemental et énergétique, Optimod’Lyon vise des objectifs ambitieux, avec un report de 8 % de la part modale de la voiture, correspondant à un gain de 200 000 tonnes de CO2 économisé par an, à l’horizon 2020, sur l’agglomération lyonnaise.
Mais ce dispositif qui, outre le volet transports de personnes, comprend un important chapitre transport de fret pour les livraisons urbaines, ne se limite pas à de seules données écologiques. Il s’appuie aussi sur une pertinence économique pour les acteurs privés de cette aventure: à travers les synergies développées au sein du projet, les entreprises partenaires pourront concrétiser des offres commerciales de haut niveau à l’échelle internationale, transférables à d’autres métropoles européennes. Optimod’Lyon s’appuie sur un budget global de 6,93 millions d’euros sur trois ans. D’après ses promoteurs, il doit générer un chiffre d’affaires de 83 millions d’euros d’ici à 2020. Restent cependant des points à éclaircir sur lesquels nul ne souhaite s’avancer aujourd’hui: il s’agit de savoir comment les données seront diffusées, par quels canaux, et si l’accès est payant, ou gratuit. À suivre.
Cityway est une PME fondée en 2001 par Laurent Briant, avant d’être ensuite rachetée par Veolia Transport, qui détient aujourd’hui 100 % de son capital. La société conçoit et commercialise des solutions informatiques qui permettent aux réseaux de transport et à leurs utilisateurs de bénéficier de services innovants en matière de mobilité. Dans le cadre d’Optimod’Lyon, Cityway développe des outils autour de l’information voyageurs, que ce soit des applications de gestion de référentiel de données, de moteurs de recherche d’itinéraires, d’applications sur téléphone portable et de solutions web.
Ces outils, ainsi que l’expertise de l’entreprise, seront apportés au projet SmartMove, en même temps que l’expérience dans la gestion de projets complexes et multipartenaires.
Les outils existants seront adaptés pour répondre aux besoins précis du projet, avec des avancées techniques majeures dans la prise en compte de la multimodalité et du temps réel. Et certaines applications seront entièrement développées.
Renault Trucks, IBM, Orange, Business Services, Cityway, Phoenix, Parkeon, Autoroutes-trafic, Geoloc Systems, Grand Lyon, Laboratoire d’économie des transports, Centre d’études techniques de l’équipement (Cete), Laboratoire Liris (Insa).
