Stratégie En dix ans d’existence, la RATP Dev est parvenue à se hisser dans le trio de tête des opérateurs de transport français. Si à l’origine, sa principale mission était de développer les activités d’exploitation et de maintenance de sa maison mère, la filiale a progressivement imposé sa propre identité.
En dix ans, la RATP Dev est parvenue à s’implanter dans douze pays sur quatre continents, assurant l’exploitation de cinq lignes de métro, six lignes de tramway, deux liaisons ferroviaires régionales et 7 000 bus. Si la réputation du groupe RATP, sa maison mère, n’est pas complètement étrangère à cette success story, la RATP Dev impose aujourd’hui sa propre identité. Devenue progressivement une holding structurée, la RATP Dev regroupe aujourd’hui 60 filiales, 11 000 collaborateurs et a intégré 16 entreprises de taille, d’origine et de culture différente à l’occasion de la sortie de Transdev de son capital. Pour l’avenir, sa stratégie est simple: parvenir à réaliser 30 % du chiffre d’affaires du groupe en 2020 contre 12 % en 2011. Pour cela, elle a choisi trois angles d’attaque: consolider sa présence dans les marchés matures (France, États-Unis, Royaume-Uni ou Italie), poursuivre son développement dans les zones à forts potentiels économiques (Maghreb, Afrique du Sud, Moyen-Orient, Brésil, Chine, Inde ou Corée du Sud), et profiter des opportunités qui se présentent, que ce soit au travers des délégations de service public (DSP), de concessions, de partenariat public-privé, etc. « Plus nous grossirons, plus nous courrons le risque de nous éloigner de nos clients locaux. C’est la raison pour laquelle, je veillerai à garder l’esprit de PME qui nous caractérise depuis notre création », promet François-Xavier Perin, président du directoire de la RATP Dev. À cheval entre la poursuite de son développement à l’international et la consolidation de ses marchés historiques, la société entend trouver de nouveaux marchés niches dans lesquels s’engouffrer. Parmi eux, le transport de personne à mobilité réduite ou la gestion de gare routière. Autre nouveau segment sur lequel la RATP Dev souhaite conforter ses positions: le tramway. À l’issue d’une année 2012 riche en inaugurations, l’exercice 2013 promet de surfer sur la même tendance puisque quatre mises en service sont programmées: à Washington et à Tucson aux États-Unis, mais aussi à Oran et à Constantine en Algérie. Au total, la société projette d’exploiter 260 kilomètres de lignes au cours des prochaines années. Bon nombre d’autres projets pourraient s’ajouter à cette liste. L’entreprise concourt actuellement à l’exploitation du métro de Manille aux Philippines, du tramway d’Al Sufouh de Dubaï sur lequel elle avait échoué en 2009, du S-bahn, le RER berlinois, et du Crossrail, le futur RER du Grand Londres.
Actuellement présente dans trente villes au sein de l’Hexagone, la RATP Dev déclare un chiffre d’affaires de 268 millions d’euros en 2012, en hausse de 11 % comparé à l’exercice précédent. Une montée en puissance qui lui inspire bien des ambitions, notamment en matière de transport interurbain qui compte pour moitié de son CA national. Avec actuellement 1 200 véhicules exploités sur des lignes régulières, du transport scolaire ou des liaisons touristiques, c’est par le biais d’acquisitions ciblées ou de réponses à des appels d’offres que la filiale souhaite étoffer son portefeuille d’activités sur ce créneau. Autre opportunité identifiée par l’entreprise: le transport à la demande et le transport de personnes à mobilité réduite. Une spécialité à laquelle la société s’est déjà frottée en lançant, il y a trois ans, une filiale baptisée FlexCité dont les 220 véhicules opèrent 360 000 voyages en Seine et Marne, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne et Val d’Oise. Sur le marché hexagonal, la RATP Dev doit aussi composer avec l’arrivée de nouveaux concurrents comme les sociétés publiques locales (SPL) ou les syndicats mixtes. « Le choix des élus de créer des SPL résulte d’une volonté de rapatrier les risques financiers, sociaux et techniques en interne dans l’espoir de mieux les gérer. Même si elles se privent d’une saine concurrence et d’une plus importante flexibilité, nous restons ouverts à la possibilité de travailler avec des SPL sous forme d’assistance comme nous le faisons déjà sur certains réseaux étrangers », rappelle François-Xavier Perin.
Dernier en date dans la ligne de mire de la RATP Dev: le grand urbain. Si la filiale y voit des potentiels de développement significatifs dans certaines régions, elle avoue qu’elle compte bien jouer les compétiteurs sur les réseaux susceptibles d’afficher un minimum de retour sur investissement. « Le modèle économique urbain a atteint ses limites avec un taux de couverture passé de 37 % en 1999 à 22,8 % en 2011. Nous n’avons pas les moyens de prendre des risques que nous ne pourrons supporter », explique François-Xavier Perin. Une analyse qui reflète la stratégie financière de la filiale. Elle revendique une situation financière rentable depuis cinq ans grâce à un choix très sélectif de ses cibles et un endettement raisonnable. Tant et si bien que la RATP Dev assure aujourd’hui avoir atteint une autonomie financière qui lui permet de ne plus faire appel au capital de sa maison mère.
