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Loire-Atlantique: les handicapés mettent la pression

Bérézina Jour de manifestation des “fauteuils” autour de Nantes, le 13 février. L’Association des paralysés de France dénonce le retard à rendre accessible le réseau des cars départementaux, situation qui va, du coup, être corrigée.

« Vous transmettrez, s’il vous plaît, cette lettre au président du conseil général! » Une centaine de handicapés en fauteuil se sont présentés, le 13 février, aux arrêts des cars du réseau départemental dans une demi-douzaine de villes autour de Nantes. Les conducteurs (et les passagers) n’ont pu que constater qu’ils ne pouvaient pas embarquer. Les manifestants ont alors déployé leurs pancartes. Ils ont répondu aux questions des journalistes et des télévisions alertés la veille – tout sauf un hasard! – par la publication du baromètre national de l’Association des paralysés de France (APF) sur l’accessibilité des villes préfectures de France. Jean-Pierre Blain, le responsable départemental de l’APF en a profité pour choisir ses formules: « Bérézina complète partout! Manque de réelle volonté politique! Autant nous laisser vivre comme en prison. » Pour brutales qu’elles ont été, ces expressions ont eu le mérite de faire surgir dans la conscience collective une dure réalité dont la Loire-Atlantique n’a malheureusement pas le monopole.

En ce début 2013, sur 127 bus, le département n’en fait rouler que huit équipés pour recevoir des fauteuils. Normal, deux lignes seulement sur une quarantaine sont intégralement accessibles: l’une au sud-ouest de Nantes, l’autre au sud de Saint-Nazaire qui traverse le pont sur l’embouchure de la Loire pour rejoindre Saint-Brévin-les-Pins. Même à propos de ces deux lignes, l’APF rectifie: « Intégralement accessibles? Sur la première, un bus sur cinq est accessible. Sur la deuxième, les premiers arrêts accessibles se trouvent dans la zone industrielle. Le centre-ville de Saint-Brévin en est dépourvu. »

Le conseil général de Loire-Atlantique ne conteste pas vraiment la situation. Dans un communiqué publié le jour même, il souligne simplement que sur cette seconde ligne, 23 arrêts ont été aménagés. Cela a coûté 570 000 €, et pour le moment, ce sont les seuls arrêts aménagés du réseau départemental qui en compte 750. Le département signale tout de même que partout ailleurs, hormis dans les agglomérations, le service de transport à la demande prend en charge les personnes handicapées. « En 2012, 1 648 voyages ont été effectués. Six demi-journées par semaine, au prix d’un simple titre de transport du réseau à 2,30 €, ces services permettent aux personnes d’être déposées sur des lignes accessibles ou d’accéder aux réseaux urbains sans surcoût. Ce dispositif de transport occasionnel en milieu extra-urbain est sans nul doute le plus abouti au niveau national. Et il coûte 880 000 € par an. »

Rattrapage promis

L’APF n’est guère convaincue: « Six demi-journées par semaine, dont les heures varient selon les jours et les cantons, on est loin du service de qualité que peut espérer Monsieur Tout le Monde! Je vous assure que pour un déplacement un peu long, on ne peut pas rentrer chez soi le soir. On est vite contraint à deux nuits d’hôtels », explique Jean-Pierre Blain, rappelant que le schéma départemental de 2009 prévoyait une montée en puissance générale de l’accessibilité, et en particulier des plages horaires des services à la demande. C’est de la non-application de ce schéma départemental que vient l’essentiel du mécontentement des adhérents de l’APF. « La Loire-Atlantique a complètement raté la montée en puissance prévue en 2011 et 2012. Des expériences devaient être menées, corrigées au besoin, puis se généraliser. Il ne s’est rien produit! », peste Jean-Pierre Blain. La Loire-Atlantique avait choisi de rendre accessibles des pôles de correspondance avec les bus. « Nous n’avons rien vu ou presque. Nous devrions en être à cent bus équipés pas à huit! » L’APF signale même « des transporteurs qui ont démonté les aménagements pour fauteuils dans leurs cars, masquant d’un coup de peinture les symboles handicapés. » Les services du département enquêtent. Jean-Yves Ploteau, élu en charge des mobilités et des infrastructures au conseil général, annonce des comptes à rendre de la part des transporteurs « si la situation est avérée ». Il veut aussi rassurer, les lignes expérimentales vont bien être lancées. L’une, en septembre, sera une ligne de car à haut niveau de service au nord de Nantes « totalement accessible ». Il ajoute: « Nous avions promis 50 points d’arrêts accessibles en 2015, nous en aurons 75. Aux 23 actuels, s’ajouteront ceux des gares du nouveau tram train entre Nantes et Châteaubriant, plus ceux des cars à haut niveau de service. Pour l’ensemble du département, il faudra plutôt attendre vers 2020. » Il l’assure, le contexte financier ne devrait rien y changer: « Accès, stations, véhicules: c’est une nouvelle norme. Ce sera fait. » Engagement réitéré et nouvelles perspectives, après des mois d’attente, le 18 mars prochain, Jean-Yves Ploteau recevra Jean-Pierre Blain autour d’un nouveau schéma départemental des mobilités à voter l’année prochaine. En d’autres termes, le retard doit être rattrapé.

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Auteur

  • Hubert Heulot
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