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Le chemin de l’emploi un brin plus accessible

Ressources humaines Plus l’échéance de 2015 se rapproche, plus l’accessibilité fait parler d’elle. Si la mobilité des personnes en situation de handicap concentre toutes les craintes, la question de l’emploi, dont certaines modalités sont précisées dans la loi handicap de 2005, relève elle aussi du parcours du combattant.

Les délais de mise en application de la loi handicap de 2005 peuvent paraître un peu justes aux yeux de certains observateurs du monde du transport. Que dire alors de la question de l’emploi, dont les premiers pas législatifs le 26 avril 1924, instaurent l’obligation pour les entreprises de dix salariés d’employer des mutilés de guerre à hauteur de 10 % de leur effectif? Si, bien sûr, le dispositif s’est progressivement étoffé, les personnes à mobilité réduite ne sont toujours pas légion dans les sociétés, particulièrement dans le transport qui, selon l’un des derniers tableaux de bord de l’Agefiph*, fait pourtant partie des secteurs les plus courtisés par les demandeurs d’emploi handicapés.

Une laborieuse prise de conscience

Sur le front de l’emploi, force est de constater que l’intégration des personnes en situation de handicap bénéficie d’une certaine ancienneté. En effet, après la loi de 1924, c’est au tour de celle du 10 juillet 1987 de forcer la porte des entreprises en rendant obligatoire pour celles d’au moins vingt salariés d’employer 6 % de salariés en situation de handicap. De son côté, la loi handicap du 11 février 2005 étend le champ du dispositif de l’emploi à de nouvelles catégories de personnes handicapées et triple la sanction pour les sociétés récalcitrantes. « Il y a huit ans, nous partions de tellement loin qu’il fallait taper du poing sur la table avec une loi forte. Ce sont les sanctions qui ont fait bouger les choses », reconnaissait Paul Joly, président de l’association Conseil national handicap, lors d’une conférence, le 28 février à Paris, sur l’accessibilité et l’emploi organisée par la SNCF. Ajustant le tir au fur et à mesure, les politiques relatives au handicap tendent ainsi à se décliner de manière transversale autour d’un principe d’égalité. Entrée en vigueur le 1er mars, la loi européenne sur les droits des passagers dans le transport par autocar et autobus prévoit par exemple le traitement non discriminatoire de cette catégorie d’usagers. S’alignant sur la même logique, d’autres textes européens sont actuellement en préparation. « Le projet de directive européenne anti-discrimination proposé il y a quatre ans doit être débattu cette année et celui d’acte européen sur l’accessibilité, annoncé il y 2 ans et concernant le bâtiment, les nouvelles technologies et le transport, devrait théoriquement voir le jour prochainement », rappelle Éric Heyrman, chargé de mission à la délégation à l’accessibilité du ministère du Développement durable.

Une source d’inspiration

Si les choses semblent avoir évolué d’un point de vue réglementaire, les préjugés semblent tenaces. « Dans l’inconscient collectif, le choix de recruter un salarié handicapé ne va pas instinctivement dans le sens de productivité. C’est pourtant tout le contraire », estime Jean-Marc Maillet-Controz, directeur de la revue Handirect et coprésident du salon Urbaccess. C’est aussi le constat de la SNCF qui s’est penchée sur cette problématique dès 1991. À l’époque, elle comptait 706 travailleurs handicapés contre 7 500 l’an dernier. « Il existe une synergie naturelle entre nos clients à mobilité réduite et nos salariés handicapés. Plus nous aurons de collègues différents, plus nous comprendrons cette catégorie de voyageurs et générerons ainsi de l’activité économique », plaide Loïc Hislaire, directeur des ressources humaines de l’Épic SNCF. En interne, l’arrivée de ces salariés conduirait les entreprises sur les chemins de la conception universelle, c’est-à-dire un environnement accessible aussi bien par les salariés “traditionnels” que par leurs confrères handicapés. À titre d’exemple, la SNCF s’est lancée il y a quelques mois dans la refonte de son site intranet. Objectif: le rendre accessible aux salariés souffrant de déficiences sonores ou visuelles. « Il s’agissait de réunir 500 sites existants, de répondre aux besoins de 240 000 utilisateurs et 500 contributeurs et de mettre à jour plusieurs centaines de milliers de documents », se souvient Louis Blériot, directeur du projet intranet SNCF à la direction de la communication SNCF. Faisant intervenir des prestataires extérieurs, du moins sur la partie gestion du contenu, il semblerait là aussi que l’ensemble de la chaîne ne soit pas tout à fait au diapason sur ce type de projet. « Dans l’esprit de la loi de 2005, les back-offices et les outils de gestion du contenu sont inclus dans l’obligation d’accessibilité. Or, nous constatons qu’à ce jour, les agences graphiques ne semblent pas encore assez investies », dénonce Lhorens Marie, responsable solution chez Solucom. Effectivement, la loi handicap de 2005 impose également une obligation d’accessibilité du Web au sein des services de l’État, des collectivités territoriales et des établissements publics. Outre l’avancée technique sous-tendue par ce type de démarche, un effet boule de neige paraît inéluctable. « La mise en place d’application de retranscription en braille sur certains logiciels commerciaux nous a permis d’ouvrir de nouveaux postes », indique Dominique Touitou, correspondante Travailleurs handicapés de SNCF Proximités. Curieuse coïncidence, la SNCF prévoit justement de recruter 500 personnes handicapées cette année.

Agefiph, Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées, tableau de bord national, no 39 juin 2012.

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Auteur

  • Diane-Isabelle Lautrédou
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