Strasbourg Vélostras est un réseau structurant de 130 km de piste à travers l’agglomération strasbourgeoise qui doit faciliter et stimuler l’usage du vélo au détriment de la voiture.
Premier? Deuxième? Avec déjà plus de 500 km de pistes cyclables, Strasbourg figure dans le peloton de tête des agglomérations françaises pour les aménagements cyclables et la pratique du vélo. Voilà un fait acquis. Alain Jund, élu écologiste et vice-président de la CUS (communauté urbaine de Strasbourg) chargé de la politique cyclable, rejette l’idée d’une vaine compétition entre les villes et ne veut pas se reposer sur de quelconques lauriers. Strasbourg a développé une politique procycliste reconnue. Sa pertinence et sa réussite ne se limitent pas à la seule longueur d’un réseau de pistes dédié.
Dans la capitale alsacienne, la pratique du vélo est ancienne et intense (parfois chaotique). À l’aune de la France, la municipalité a pris quelques longueurs d’avance. Elle a ainsi expérimenté des pratiques comme les tournes à droite aux feux (reprises ailleurs et appelées à être généralisées à Strasbourg), les pistes à contresens, ou les amendes minorées qui, depuis, ont fait école. Pourtant, l’ensemble de l’ouvrage demande à être remis constamment sur le métier. Il suffit de jeter un coup d’œil à la carte pour se rendre compte du chemin qu’il reste à parcourir pour achever le maillage du territoire. Un chantier peut-être plus “facile” à réaliser que l’éducation du cycliste dont se plaignent régulièrement les autres usagers.
Les déplacements de moins de trois kilomètres représentent aujourd’hui 70 % de la totalité des déplacements dans la CUS, le vélo et la marche sont donc, a priori, des modes compétitifs face à la voiture. Or, le vélo ne représente pas plus de 10 % du total des déplacements, sauf en centre-ville (14 %) où le réseau est dense (mais aussi source de tensions entre les différents modes). D’où l’ambition d’atteindre 20 % des déplacements mécanisés en 2020, tout en ramenant la part de la voiture de 46 à 38 %. Mais comment?
Levier pour atteindre les objectifs définis par le schéma directeur vélo de 2011, Vélostras est un réseau structurant qui s’appuie sur trois rocades, neuf radiales et 130 km de pistes à travers les 28 communes de la CUS. Ce réseau doit offrir aux 482 000 habitants de l’agglomération des parcours susceptibles d’accroître l’usage du vélo au détriment de la voiture, particulièrement parmi les pendulaires lassés des bouchons mais encore peu motivés pour enfourcher un deux-roues, voire insécurisés par la cohabitation avec les voitures, les autres cyclistes et les piétons.
Pour atteindre ces objectifs, Vélostras devra répondre à plusieurs conditions: il devra être lisible, efficace, convivial, sûr et fiable. Pour être facilement repérable et mémorisable, il sera signalé par des marquages spécifiques et des aménagements homogènes. Son efficacité se traduira par la possibilité de dépasser sans gêne et par des temps d’attente réduits aux intersections, mettant tout point du territoire à moins de 30 minutes du centre historique. Deux vélos pourront se croiser de front: voilà pour la convivialité. Question sécurité, les espaces dévolus aux cyclistes et aux piétons seront clairement séparés. Enfin, les aménagements seront praticables 24 heures sur 24 et 365 jours par an, grâce à la mise en place d’éclairages nocturnes avec système de détection, une viabilisation hivernale prioritaire ainsi que le balayage des feuilles mortes.
Pour 2013, deux tronçons prioritaires seront réalisés: un maillon manquant de la petite ceinture des quais (depuis le pont Pasteur) et l’organisation du rabattement vers la piste du canal de la Marne au Rhin depuis les communes du Nord de la CUS. Une ambition qui nécessite la coordination des élus locaux et du conseil général du Bas-Rhin, responsable de la piste existante qui emprunte l’ancien chemin de halage.
Au fil des années, d’autres travaux seront programmés pour réaliser les chaînons manquants en tenant compte des nouveaux projets urbains: fini les extensions du tram, les nouveaux quartiers ou les grands équipements publics sans tenir compte des accès cyclables. Cette année, la ceinture des quais – la rocade intérieure, longue de 12 km – bénéficiera d’une signalétique propre qui doit faciliter la connexion avec les radiales en provenance des quatre coins de la CUS. Un maillon manquant (pont Pasteur, rues de Saâles et de Fouday) de la ceinture sera réalisé, en attendant celui du fossé des remparts, prévu pour 2014. Parmi les autres priorités: la construction d’une passerelle par-dessus l’autoroute A4 et les voies de chemin de fer pour relier Schiltigheim et l’Espace Européen de l’Entreprise; la réalisation d’un cheminement cyclable parallèlement à l’extension du tram, au-delà du Rhin vers la ville allemande de Kehl.
