Le meneur incontesté du marché européen est Daimler Bus: avec des usines d’assemblage en Allemagne, en France et en Turquie, il est le plus largement représenté, aussi bien sur le plan industriel que commercial. Il subit, fort logiquement, la chute globale du marché européen avec un recul d’environ 13 % de ses volumes cumulés. Toutefois, le géant allemand représente plus du quart du marché européen à lui tout seul! Ainsi, d’après nos confrères de la revue italienne Autobus, la part de marché de Daimler Bus en Europe est de 26,4 % en 2012, soit 0,7 % de moins qu’en 2011.
Au niveau de ses produits, le groupe a anticipé l’arrivée de la norme Euro 6 pour couper l’herbe sous le pied de ses concurrents. Ce choix délibéré du groupe Daimler est une façon de contrer NeoMAN et Iveco Irisbus qui ne révéleront leurs motorisations Euro 6 que ce mois-ci, puis à Busworld Courtrai. C’est aussi une manière de prendre position sur les appels d’offres, voire de rassurer les acquéreurs privés soucieux de la valeur en occasion de leurs véhicules.
Mercedes-Benz et Setra partagent désormais les composants mécaniques en totalité. Seuls le style et les lieux d’assemblage diffèrent d’une marque à l’autre, Setra conservant son fief de Neu-Ulm, ex Kässbohrer. Mercedes-Benz confie désormais tout son dispositif industriel pour les autocars à l’usine turque de Hosdere, spécialisée dans le transport de voyageurs depuis 1967. Y sont fabriqués les Conecto, Intouro, Tourismo et, depuis la fin 2012, les Travego. Mannheim, Ligny-en-Barrois et Hosdere se partagent la production des autobus urbains. Mannheim est le site pilote pour les Citaro Euro 6, Ligny-en-Barrois conserve la production des modèles Euro 5 jusqu’au passage officiel à la nouvelle norme. Ponctuellement, l’usine de Neu-Ulm peut délivrer des véhicules à l’étoile, c’est le cas actuellement pour la fabrication des 159 Citaro Euro 6 commandés par Budapest. L’outil industriel hérité de Kässbohrer est plus que jamais au cœur du dispositif de production de Daimler Bus, même si les équipes Setra doivent se plier aux contraintes du groupe: moins de possibilités de personnalisations, distance vis-à-vis de fournisseurs historiques comme ZF, etc. Setra suit donc la même stratégie technologique pour Euro 6, associant dépollution SCR à AdBlue avec EGR et filtre à particules. Paradoxalement, quand l’offre autobus de Mercedes-Benz se renouvelle (avec le Citaro 2) et s’étoffe (avec les nouvelles déclinaisons de l’Intouro), sa propre gamme d’autocars paraît un peu vieillissante. Exactement le schéma inverse de Setra qui mise sur l’autocar, avec la commercialisation du Série 500 Comfort Class, tout en se contentant de remotoriser en Euro 6 son S415 UL. Est-ce un choix dicté par des priorités d’investissements? Probable, car dans le même temps, Daimler Bus paraît très réticent en ce qui concerne les hybrides.