Depuis 2001, Iveco Irisbus subit une intégration progressive à l’empire Iveco, lequel a été séparé de Fiat Auto lors de la création de Fiat Industrial en 2011. Comme souvent avec Iveco, les marques rachetées ou absorbées tendent à disparaître: ce fut le cas pour Unic, Pegaso et Seddon Atkinson. Aujourd’hui, on ne sait s’il faut écrire Iveco ou Irisbus, ou bien les deux. Le groupe dispose bien d’une marque spécialisée dans les autobus urbains, mais elle ne l’exploite pas sur les marchés d’exportation: il s’agit de Heuliez Bus, un constructeur issu du démembrement de la holding Henri Heuliez. Cette dernière est très présente en France et a remporté un très spectaculaire appel d’offres à Dijon dans le cadre d’un partenariat public-privé pour la livraison de 102 autobus hybrides de la gamme Access’Bus. Les livraisons de ces véhicules s’échelonnent entre avril et juillet 2013. Hormis ce joyau basé à Rorthais, Irisbus dispose en France de sièges administratifs, de bureaux de R & D en région lyonnaise et du site d’Annonay qui fabrique châssis (Eurorider), autobus urbains (gammes Citelis et ses dérivés Crealis) et autocars (famille Magelys et le finissant Evadys HD). L’usine d’Annonay a un sursis depuis la fermeture, l’an dernier, de deux sites industriels: Valle Uffita en Italie et Barcelone (usine entrée dans le groupe après le rachat de Pegaso qui fabriquait les châssis EuroRider).
Si Daimler Bus et NeoMAN ont leurs usines turques, Volvo et Scania ont leurs sites Polonais. Iveco Irisbus peut compter sur son implantation en République tchèque, à Vysoké Myto. Depuis 2012, ce site, ex Karosa, assemble des Crossway, Recreo, Arway et autres Evadys H, et aussi des autobus de la gamme Citelis en 12 m. Cependant, tous les centres de décision sont à Turin, chez Fiat Industrial. Iveco Irisbus a souffert commercialement sur le marché des autocars suite au vide laissé par l’arrêt de l’Irisbus Iliade, lequel n’a eu de véritable successeur qu’en 2011, avec la commercialisation du Magelys Pro.
En outre, pour des raisons historiques, le groupe est surtout présent en Europe du Sud, région qui a le plus souffert de la crise financière qui sévit depuis 2008. Résultat, Iveco Irisbus n’a immatriculé que 3 672 véhicules en Europe en 2012. Il faut revenir à 1996 pour trouver un volume aussi faible pour la marque au dauphin. Iveco Irisbus a pourtant tenu ses parts de marché, ce qui en soi est une bonne nouvelle et fait d’Irisbus une pépite du groupe Fiat (Alfa-Romeo, Fiat et Iveco ne peuvent en dire autant). De plus, il faut relativiser les positions pays par pays: la France est un marché stratégique pour Iveco Irisbus vu le poids de ce pays en Europe pour les autocars et autobus de plus de 8 t de PTAC. Dernièrement, le constructeur a remporté quelques marchés spectaculaires en Allemagne et en Belgique, mais est-ce que ce sera suffisant pour équilibrer la répartition de l’activité commerciale en 2013?
En urbain et pour les cars de ligne, Iveco Irisbus a un portefeuille produit bien garni, même s’il est vieillissant. L’UITP 2013 est l’occasion d’y remédier côté autobus urbains. Une annonce tardive, mais spectaculaire: Irisbus passe en Euro 6 sans EGR! Un gain de poids, et d’après FPT Industrial (le motoriste qui appartient au groupe), un meilleur coût d’utilisation sur les postes consommation et entretien.
Autre axe de travail: l’hybridation. Irisbus a délibérément misé sur l’hybridation série avec le partenaire anglais BAE (ex British Aerospace). Un marché de niche, mais voué à se développer comme en témoigne le choix hardi de Volvo Buses de ne présenter que des autobus urbains hybrides. Il est à noter que Iveco Irisbus bénéficie également d’une grande expérience dans le domaine des bus fonctionnant au gaz naturel. Le constructeur fabrique, via FPT Industrial, ses propres moteurs au GNV.