Chic (Clean Hydrogen in European Cities), le nom du programme européen, est plutôt vendeur. Et pour être démocratisée, cette technologie en a bien besoin, car si d’un point de vue environnemental, les véhicules sont irréprochables puisqu’ils n’émettent que de l’eau, le coût et le poids restent encore prohibitifs et problématiques. Rappelons que les bus à pile à combustible (PAC) utilisent un moteur électrique dont l’électricité est produite à partir d’un mélange d’hydrogène (produit par catalyse dans un réservoir) et d’oxygène (obtenu par l’air extérieur). L’hydrogène et la pile à combustible conservent toutefois des atouts majeurs.
Il a en tout cas séduit Car Postal qui teste, jusqu’en 2016, cinq Mercedes-Benz Citaro à pile à combustible hydrogène sur son réseau suisse. Daimler Bus est l’un des constructeurs retenus, avec Van Hool et Wright engagés dans le programme Chic. Programme qui prévoit le test de 24 bus à pile à combustible hydrogène dans cinq villes européennes jusqu’en 2016 (Aargau en Suisse, Bolzano et Milan en Italie, Londres en Grande-Bretagne, et Oslo en Norvège). Dans chaque pays, deux stations de ravitaillement et des infrastructures de production d’hydrogène ont été installées. Une deuxième phase de ce projet est attendue. Elle doit permettre d’élargir le champ d’application des bus à hydrogène en touchant 14 pays au total.
La dynamique pour faire baisser le coût des bus à pile à combustible hydrogène est donc lancée avec Chic qui est en réalité le deuxième programme européen. Il a en effet succédé à HyFLETT: CUTE qui a fait fonctionner 47 bus à hydrogène entre 2006 et 2009. Son bilan est plutôt convaincant en termes de données environnementales: 2,6 millions de kilomètres ont été parcourus et plus d’un million de litres de diesel ont été remplacés.
Céline Wolter, consultante du cabinet SCI Verkehr, auteure de l’étude Buses – Global Market Trends publiée en mars 2013, revient pour Bus & Car sur les facteurs clés en mesure d’impacter le marché européen en 2013.
Dans son ensemble, quelle a été l’évolution du marché européen en 2012?
Alors que le marché européen avait atteint des sommets en 2008 avec des ventes atteignant plus de 37 000 unités, il a depuis subi une évolution négative pour enregistrer un de ses plus bas résultats en 2012 où moins de 30 000 nouveaux bus ont été immatriculés en Europe. Le marché a subi le contre coup des politiques de relance de 2010 et 2011 et a souffert de la mauvaise santé des finances publiques. Les pays du nord de l’Europe ont plutôt bien résisté, tandis que les immatriculations ont fortement décliné dans le sud de l’Europe.
Quelle est la tendance dans les principaux pays?
En Grande-Bretagne, les immatriculations étaient sur une pente descendante depuis 2008, mais ils ont pu nettement progresser en 2012 grâce aux commandes liées aux jeux Olympiques de Londres et aux mesures prises par le gouvernement pour inciter au déploiement de nouveaux bus (en particulier écologiques). En France, le gouvernement a stimulé l’achat des bus pendant la crise dans le cadre de politiques de relance. Les immatriculations ont ainsi progressé en 2009, puis en 2011. En 2012, elles ont baissé de plus de 10 % par rapport à l’année précédente. En Allemagne, les immatriculations sont stables depuis 2010. Elles ont toutefois reculé par rapport à 2008. En Italie, le recul des immatriculations a été impressionnant en 2012 avec − 30 %. Les secteurs urbain et suburbain ont été particulièrement touchés avec des baisses respectives de près de 50 % et 42 %.
Comment les enjeux technologiques (Euro 6, motorisation hybride, accessibilité) peuvent-ils influer sur les ventes?
L’introduction de bus écologiques est l’un des principaux moteurs du marché européen. L’entrée en vigueur d’Euro 6 en 2013-2014 n’aura que peu d’impact sur le marché européen. Peu importent les normes d’émission, de nombreux opérateurs doivent renouveler leur flotte ou acheter des bus supplémentaires. Néanmoins, il est possible que certains opérateurs procèdent à des achats anticipés en avançant leurs commandes. Aussi bien au niveau européen que national, des programmes ont été mis en place pour contribuer au développement de bus écologiques. Dans la plupart des pays européens, des démonstrations de bus hybrides sont en cours et les gouvernements participent bien souvent au financement de ces bus écologiques. Il existe également des programmes pour le développement de bus à hydrogène et de bus électriques. Toutefois, l’introduction de ces nouvelles technologies a un coût. La mobilisation de moyens financiers nécessaires pour l’acquisition de nouveaux bus peut constituer un frein au déploiement de ces bus écologiques. Ainsi, les grands constructeurs estiment les investissements pour le développement de moteurs de dernière génération à environ 1 milliard d’euros. Ces coûts supplémentaires vont avoir un impact évident sur l’évolution du prix des véhicules.
Et quelles sont les perspectives de croissance à court et moyen terme?
Sur le moyen terme, une croissance est attendue, même si elle n’est que minime, en 2013. Les marchés d’Europe du nord profitent d’une conjoncture positive. D’une part, les opérateurs disposent des moyens financiers nécessaires pour procéder à des acquisitions de nouveaux bus. D’autre part, la pression est forte, aussi bien sur le plan politique que social, pour renouveler les bus en fin de vie par des véhicules moins polluants. En 2015 et 2016, de nombreux achats sont attendus en France dans le cadre de la préparation à l’Euro 2016 [championnat d’Europe de football, ndlr]. L’ouverture du marché des bus longue distance en France et en Allemagne va également générer une demande d’autocars supplémentaires. En Europe du sud par contre, les immatriculations ont fortement décliné en 2011 et 2012 et il est peu probable que ces marchés se redressent dans un avenir proche.